En voici une étude qui risque de faire réagir les mouvement féministes au Sénégal. En effet, selon une nouvelle enquête Afrobaromètre qui va sortir prochainement, 37% de nos compatriotes considèrent que battre sa femme est justifiable. Au niveau continental, plus d'un Africain sur quatre croit que le fait de battre sa femme est parfois ou toujours justifié.
Afrobaromètre est un projet d’enquête et de recherche orienté vers l’Afrique, qui mesure les attitudes des citoyens sur la démocratie et la gouvernance, l'économie, la société civile et d'autres sujets. Leader mondial dans les projets de recherche sur les questions qui affectent les hommes et les femmes ordinaires d’Afrique, Afrobaromètre recueille et publie des données statistiques fiables et de haute qualité sur l'Afrique, qui sont gratuitement accessibles au public. C’est dans le cadre de sa mission que le projet d’enquête et de recherche basé à Accra au Ghana va publier très prochainement une nouvelle enquête sur les violences conjugales dans plus de 30 pays africains. Et selon les résultats de l’enquête, environ une femme africaine sur quatre - et même davantage d'hommes africains - affirme que battre son épouse est au moins parfois justifiée. Dans certains pays, jusqu'à sept citoyens sur dix souscrivent à la violence domestique.
Les résultats des enquêtes nationales menées dans 34 pays font partie d'une analyse du profil panafricain qui sera publiée prochainement et reposant sur un module spécial d'enquête sur l'égalité des sexes.
Le nouveau rapport examinera également le soutien populaire en faveur de l’égalité des sexes, la performance des gouvernements en matière de droits des femmes et les écarts persistants entre les sexes en matière d’éducation, d’emploi, de contrôle des principaux actifs et d’accès à la technologie.
Mais déjà, les principales conclusions du rapport dont une copie est parvenue à «Les Échos» risquent de faire couler beaucoup d’encre et de salive. Au Sénégal, par exemple, le document rapporte que 37% de nos compatriotes pensent que le fait de battre sa femme est parfois ou toujours justifié. Un pourcentage qui, même s’il n’est pas des plus forts, reste trop élevé pour un pays démocratique du niveau du Sénégal. D’ailleurs, dans des pays comme le Cap-Vert, Madagascar, le Swatini ou encore le Malawi, pas plus d'un répondant sur 20 est disposé à faire face à la violence domestique.
Au niveau continental, plus d’un Africain sur quatre (28%) - dont 24% de femmes et 31% d'hommes - déclare que battre sa femme est «parfois» ou «toujours» justifié. Aussi, le rapport montre que la tolérance à l'égard de la violence à l'égard des femmes est beaucoup plus élevée dans certains pays, atteignant sept citoyens sur dix au Gabon (70%) et au Libéria (69%). Les majorités des personnes sondées considèrent également la violence domestique comme une pratique acceptable au Niger (60%), au Mali (58%), en Guinée (58%), au Cameroun (53%) et au Burkina Faso (53%).
Dans la plupart des pays, les femmes sont moins susceptibles que les hommes de considérer que battre la femme est justifiée, avec des écarts à deux chiffres dans 11 pays. Le Sénégal et le Kenya arrivent en tête (16 points de pourcentage) et la Côte d'Ivoire et le Togo (14 points chacun). Mais, au Libéria et au Niger, les niveaux d'acceptation de la violence à l'égard des femmes par les hommes et les femmes diffèrent peu.
En Afrique centrale (46%) et en Afrique de l'Ouest (40%), l'acceptation de la violence domestique est plus de deux fois plus répandue que dans les régions du Nord (17%), de l'Est (16%) et du Sud (14%).
Toujours selon le rapport, les citoyens sans éducation formelle (41%) sont nettement plus susceptibles de soutenir la violence conjugale que ceux ayant une éducation primaire, secondaire ou postsecondaire (23% à 25%). Les jeunes adultes (29% des 18 à 35 ans) sont légèrement plus disposés que les aînés à accepter la violence domestique (25 à 27%).
Sidy Djimby NDAO