Pour des faits de menaces de mort, Mame Mody Madjiguène Gadiaga, électricien, a atterri hier devant le juge des flagrants délits de Dakar. Sous l'emprise de l'alcool, cet ivrogne avait nuitamment menacé de mort son épouse Ndiack Diaw avec un tesson. Cette dernière, ayant peur pour sa vie, l’a traduit en justice.
Disciple de Bacchus, Mame Mody Madjiguène Gadiaga, à chaque fois qu'il finit de picoler, mène la vie dure à son épouse Ndiack Diaw. Ainsi, le quotidien de cette pauvre dame est émaillé de disputes, de bastonnades, de menaces de mort, entre autres sévices. Lors de leur énième dispute, il a menacé de la tuer nuitamment alors qu'ils s'apprêtaient à rejoindre la chambre conjugale. L'épouse a réussi à le désarmer, mais Mame Mody Madjiguène Gadiaga a brandi un gourdin pour le lui asséner. Heureusement, il a été maîtrisé par ses frères. Fatiguée de cet enfer, elle a eu à recourir à la justice pour freiner l'élan «criminel» de son époux.
Devant la barre des flagrants délits de Dakar, à voix basse, tête baissée, ce prévenu a assuré au juge qu'il avait arrêté de prendre de la boisson alcoolisée. «Il y a de cela 2 mois, j'avais arrêté de boire de l'alcool. Mais, un jour, alors que je détenais par-devers moi une bouteille qui contenait de l'eau, il y a des personnes qui ont échangé le liquide avec de l'alcool au moment où je dormais. Et je m'en suis rendu compte à mon réveil lorsque le liquide était en contact avec ma langue», a expliqué le mis en cause qui se trouve dans les liens de la détention depuis le 4 juin dernier.
C'est une femme fatiguée, désemparée et troublée qu'on a entendue raconter à l'audience les misères que lui faisait vivre son conjoint. «Je n'ai pas de répit. Je fais tout pour lui, je ne lui refuse rien. Mais, il persiste à me rendre la vie impossible chaque jour. Même si je pars au boulot, il me persécute. Je suis mariée à lui depuis 15 ans. Notre fille de 15 ans prépare son Bfem, mais elle est troublée par les agissements de son père. Je veux qu'il arrête sa violence parce que samedi dernier, il m'a battue. Je ne lui réclame rien. J'ai juste besoin de paix. Rien qu'en le voyant, je suis terrorisée en plus d'avoir la diarrhée. Même si je lui demande la permission d'aller chez mes parents, il me suit pour me surveiller. Je suis sa femme et il n'a même pas confiance en moi».
Curieusement, devant la barre, son mari ne s'est pas empêché de toucher ses reins. Ce qui a fait rire les juges et l'assistance. Et lorsque le substitut du procureur a requis l'application de la loi contre lui, Mame Mody Madjiguène Gadiaga, qui retournait dans le box des prévenus tout larmoyant a dit à sa femme : «yaamay def lii (c'est toi qui me fais ça)». Avant que le juge ne fixe son délibéré pour le 15 juin prochain.
Fatou D. DIONE