C’est avec un pincement au cœur qu’on évoque la belle Dame justice, transformée en courtisane qu’on ballade, au gré des humeurs, dans les flonflons des salons huppés ou la gadoue les bas-fonds. A force d’être coltinée, elle en est devenue déséquilibrée, son plus grand malheur. Dans le train-train quotidien de ses prétoires, Goorgoorlu subit le tranchant de son glaive sans broncher, pour avoir chipé un poulet ou fourgué un cornet de chanvre. Mais, quand il s’agit de coincer des prédateurs à col blanc ou, pire, à écharpe tricolore, le glaive perd son tranchant et la procédure s’enlise dans les méandres du temps. Si ce n’est un coude qui la bloque. Voilà qui donne de notre justice cette image de péripatéticienne flapie, dont aucun homme ne veut des charmes. Pourtant, celui qui joue le rôle de proxénète s’empresse d’obliger la belle dame à se coucher quand le client et du cercle de ses amis. Mais, si le quidam qui se présente est de l’autre position, on le balance à la brigade des mœurs et il est fissa envoyé au gnouf. Et dans tout ça, c’est la réputation de Dame Thémis qui en prend un coup, par ce déséquilibre définitivement acté. C’est donc un bon «ndëp» qu’il lui faudra pour sortir de cette sacrée mouise.
Waa Ji
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