Inculpé depuis 2020 pour association de malfaiteurs et vol en réunion avec usage d’armes, Ousmane Doucouré est de nouveau devant la justice. Cette fois, non pas pour son dossier initial, mais pour injures publiques et menaces de mort contre le policier qui l’avait arrêté, l’agent Mamadou Lamine Khouma. L'affaire a été évoquée hier, lundi, 10 novembre 2025 devant le tribunal des flagrants délits de Dakar puis renvoyée pour le 17 novembre prochain pour la comparution du policier.
5 ans après son arrestation, Ousmane Doucouré, toujours détenu à la Maison d’arrêt de Rebeuss, a comparu devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Selon le procès-verbal, le prévenu a, depuis sa cellule, contacté à plusieurs reprises l’agent Khouma pour l’injurier et le menacer de mort. Le policier, choqué, a immédiatement saisi le procureur de la République. Une enquête a été confiée au commissariat de Rebeuss. Lors de son audition devant les enquêteurs, le policier Mamadou Lamine Khouma a expliqué que Doucouré n’était pas un simple suspect, mais un ancien informateur avec lequel il collaborait lorsqu’il travaillait aux Parcelles Assainies. "Nous avons travaillé ensemble durant des années. Il m’a aidé à infiltrer des milieux criminels, et nos résultats étaient bons", a-t-il confié.
Mais tout a basculé en février 2020. À la suite d’un vol avec violences, le numéro de téléphone du principal suspect s’est révélé être celui de Doucouré. Khouma dit avoir alors conduit l’opération qui a mené à son arrestation et à son inculpation.
Affecté ensuite à Kolda, puis revenu à Dakar, le policier pensait cette page tournée… jusqu’à un appel reçu le 22 février 2025 à 9 h - 27mn. "Il m’a insulté copieusement. J’ai d’abord ignoré, mais les appels se sont multipliés. Le 30 octobre, il a même menacé ma famille, jurant de s’en prendre à ma femme et à mes enfants", a déclaré le policier.
«Complot sentimental»
Une version toute différente du côté du détenu. Face à ces accusations, Ousmane Doucouré nie tout lien professionnel avec le policier. "Je ne suis pas son informateur. Je suis commerçant à Colobane", a-t-il répliqué. Selon lui, l’affaire est avant tout une histoire de cœur. Il accuse l’agent Khouma de lui avoir “volé sa copine”, une certaine G. S. Kane, avec qui il entretenait une relation avant son arrestation. "Elle est allée déposer une plainte au commissariat des Parcelles Assainies, et c’est là qu’il l’a rencontrée. Depuis, il a tout fait pour me détruire", soutient le détenu.
Doucouré raconte qu’un soir, lors d’un contrôle de police, l’agent Khouma l’aurait humilié devant sa compagne avant de provoquer son arrestation. Il affirme aujourd’hui être victime d’un complot sentimental.
Le prévenu reconnaît avoir insulté le policier depuis Rebeuss, à l’aide d’un téléphone disponible pour les détenus. Mais il nie formellement toute menace de mort. "J’ai seulement répondu à ses provocations. Un détenu m’a dit qu’il voulait m’accuser de viol pour que je prenne perpétuité. Je l’ai appelé pour lui demander pourquoi, et c’est lui qui m’a insulté", a-t-il déclaré.
Il estime que la véritable raison de l’acharnement du policier est liée à leur ancienne rivalité amoureuse, G. S. Kane étant aujourd’hui mariée à l’agent Khouma.
L’audience, brève mais tendue, a révélé deux versions irréconciliables. Face aux contradictions, le tribunal a décidé de renvoyer l’affaire au 17 novembre prochain pour permettre la comparution de la partie civile.
En attendant, Ousmane Doucouré reste détenu à Rebeuss, où il entame sa cinquième année de détention préventive, toujours en attente de jugement dans son premier dossier.
Fatou D. DIONE













