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DEMOLITION DE SA VILLA DE SALY ET CAMPAGNE DE DIABOLISATION CONTRE SA PERSONNE : Abdoulaye Sylla dit «basta», prépare la riposte, ses avocats engagent le combat et saisissent la justice



C’est rare. Du jamais vu. Pour la première fois, Abdoulaye Sylla monte au front. Excédé par les attaques de toutes sortes, très souvent en dessous de la ceinture, l’homme d’affaires prospère qui a toujours fait le dos rond et laissé les gens médire sur son compte, a décidé de faire face. La goutte d’eau de trop ? : sa villa démolie par la Dscos la semaine dernière. A travers ses avocats, il compte mettre fin à la «campagne de diabolisation» dont il fait l’objet. Mes Demba Ciré Bathily, El Hadji Diouf, Assane Dioma Ndiaye, Baboucar Cissé, Alé Fall et Seny Ndione entendent non seulement se mettre en travers de la route de ses détracteurs, mais aussi mener la bataille judiciaire, pour faire respecter ses droits.

La Direction de la surveillance des constructions et de l’occupation des Sols (Dscos) a procédé les 12 et 13 mai 2020 à la démolition de la villa de Abdoulaye Sylla sise à la Résidence Mangrove à Saly. Une action qui a fait bondir de leurs cabinets les avocats de l’homme d’affaires qui soulignent d’emblée que «fort curieusement», ces faits ont été coordonnés avec une campagne de presse visant à dépeindre M. Abdoulaye Sylla comme quelqu’un qui se serait mis au-dessus des lois. Ce qui a amené le ministre de l’Urbanisme à intervenir auprès de son collègue des Forces armées, pour qu’il instruise la Dscos de procéder à la destruction. Et les avocats de déplorer que les faits aient été relatés à l’opinion comme «une humiliation» de sa personne par la destruction de sa résidence. Mes Demba Ciré Bathily (coordonnateur du pool d’avocats) et Cie sont d’autant plus remontés que «les faits de défiance envers l’autorité rapportés sont inexacts». Et surtout que, insistent-ils, la Dscos a agi alors que le contentieux qui oppose leur mandant au syndic de la copropriété, est en instance d’être jugé contradictoirement et dans la plus grande sérénité par le Tribunal de grande instance de Mbour. «De tels faits sont d’une gravité extrême et ont lourdement préjudicié aux droits fondamentaux d’un citoyen qui a toujours accepté de se soumettre aux institutions et aux lois et règlements de son pays», soutient le pool d’avocats, qui entend «user de toutes les voies de droit appropriées afin que justice soit rétablie et que de tels actes ne se reproduisent plus au détriment des citoyens».

Me El Hadji Diouf : «Abdoulaye Sylla est un patriote qui se bat pour le développement de son pays. On ne lui a jamais offert un seul mètre carré…»

Déjà Me El Hadji Diouf a donné le ton. «Comment on peut dire à quelqu’un qui a sa maison, en titre foncier, qu’il n’a pas le droit de la refaire de manière à ce qu’elle soit plus belle ? Le syndic qui est à la Mangrove à Saly lui a dit qu’il n’a pas le droit de refaire ce qu’il a acheté, l’attrayant au tribunal», fustige-t-il. Non sans déplorer qu’après cela, ses détracteurs ont poussé le bouchon jusqu’à vouloir «le mettre en mal avec l’opinion, en soutenant qu’il fait du forcing, parce qu’il est proche du Président Macky Sall et de sa femme». Une présentation des faits qui, insiste Me Elhadj Diouf, est inexacte. «Ce n’est pas vrai ! Abdoulaye Sylla est un honnête citoyen, un patriote qui se bat chaque jour pour le développement de son pays. On ne lui a jamais offert un seul mètre carré dans le pays. Tout ce qu’il a, il l’a payé de sa propre poche. Tous les marchés qu’il a gagnés, il n’y a aucun gré à gré. C’est après appel d’offres qu’il soumissionne et gagne haut la main les marchés devant la concurrence. C’est pour ça qu’on le combat», explique Me Diouf. Qui avertit : «ces détracteurs nous trouveront sur leur chemin».

Me Demba Ciré Bathily : «La destruction s’est faite en violation de la loi»

Me Demba Ciré Bathily abonde dans le même sens. «Notre mandant est un opérateur économique. On ne lui a rien offert. Ces marchés, ils les gagne en toute transparence, après des appels d’offres concurrentiels», soutient-il. Tout en trouvant «curieux que la démolition soit entamée le 12 mai, alors que la sommation a été faite à leur client seulement la veille, 11 mai». Et de regretter qu’on ait «voulu en faire une affaire d’Etat». Soulignant que «la destruction s’est faite en violation de la loi», Me Bathily trouve que si on reproche à leur client une «construction sans autorisation», il ne peut s’agir normalement que de «contravention» et que le dossier doit aller au tribunal, mais en aucune manière la Dscos n’a le droit de démolir la maison dans ces conditions. Brandissant la loi, il indique que «la combinaison» des articles 85 alinéa 4 du Code de l’urbanisme et R378 permet de cerner les situations dans lesquelles la Dscos peut procéder à des destructions en dehors d’une décision du Tribunal. Il s’agit, note-il : d’abord de «constructions édifiées sur un terrain occupé sans droit ni titre quelle que soit son importance». Dans le cas d’Abdoulaye Sylla, «il s’agit d’un titre foncier». La Dscos peut démolir aussi les «constructions entreprises sans autorisation si les travaux ne dépassent pas le niveau de mur de clôture ou si le bâtiment ne dépasse pas une hauteur de 2 mètres». Et Me Bathily de souligner que «ce n’est également pas le cas (de son client) puisque les constructions dépassent le mur de clôture et dépassent également la hauteur de deux mètres». Mais il trouve qu’il y a «plus grave», car dans le cas, «il ne s’agit même pas d’une construction à proprement parler mais d’une modification sur des constructions existantes».

«La Dscos s’est rendue coupable de voies de fait, de violation de domicile, de destruction de biens appartenant à autrui et d’abus d’autorité…»

Fort de tout cela, Me Bathily affirme qu’en dehors de ces cas, qui ne concernent pas son client, «une destruction ne peut être effectuée que dans le cadre prévue à l’article 85 alinéa 3 c’est-à-dire sur une décision rendue par le Tribunal». Dès lors, il soutient que la Dscos a procédé à la destruction des constructions édifiées sur la villa de Abdoulaye Sylla «en violation de la loi et «s’est donc rendue coupable de voies de fait, de violation de domicile, de destruction de biens appartenant à autrui et d’abus d’autorité sous réserve des autres infractions qui pourront être articulés…» Pour lui, la Dscos pouvait tout au plus, en conformité avec l’article R376, ordonner l’arrêt des travaux à charge de saisir le Tribunal. Décidés à faire respecter les droits de leur mandant, Me Bathily et ses confrères, après avoir établi «le caractère illégal des opérations effectuées par la gendarmerie», entend déposer une plainte visant les infractions commises et dirigées contre toutes les personnes de près ou de loin mêlées à cette démolition.
En dehors de la Dscos, les avocats d’Abdoulaye Sylla dénoncent «le caractère erroné des prétentions du syndic». En effet, pour eux, «les propriétaires ont la libre disposition des parties privatives (internes) de leur propriété.

Me Seyni Ndione : «Il est reproché à Monsieur Sylla d’avoir construit un mur de clôture et réalisé des baies vitrées sur la terrasse, d’avoir construit un abri pour voiture et des toilettes extérieures…»

Faisant la genèse de l’affaire, Me Seyni Ndione rappelle que c’est par acte notarié des 25 janvier et 7 février 2019, que la Sci Yallis Immo représentée par M. Sylla a acheté à Mohamed Moctar Chleuh le lot n°01 au prix de 300 millions F Cfa. Le 19 décembre 2018, note-t-il, le syndic signifie à la Sci Yallis Immo un acte de dénonciation-sommation d’avoir à cesser les travaux de réaménagement. Il est reproché à Monsieur Sylla d’avoir construit un mur de clôture et réalisé des baies vitrées sur la terrasse, d’avoir construit un abri pour voiture et des toilettes extérieures. Aussi, par l’acte de dénonciation-sommation, il est demandé à Abdoulaye Sylla de se conformer à l’architecture initiale de la villa, en démolissant les adjonctions réalisées notamment, citées plus haut.

Abdoulaye Sylla a porté plainte depuis le 19 mars 2019 contre le chef de la Dscos

Le 14 mars 2019, la Dscos remet à Baba Mbow, garde du corps de M. Sylla, une sommation d’arrêt des travaux motivée par le défaut de présentation de documents administratifs. Le lendemain 15 mars 2019 vers 12 heures, les agents de la Dscos ont interrompu les travaux, enlevé la grande partie des matériaux et arrêté des ouvriers trouvés dans la villa. Le 19 mars 2019, Abdoulaye Sylla dépose auprès du Procureur près le Tribunal de grande instance de Mbour une plainte contre le lieutenant-colonel Saboury Ndiaye, chef de la Dscos de la Brigade de Mbour, l’adjudant Abibou Ndiaye du même service et contre toute autre personne indiquée par l’enquête, pour violation de domicile, voies de fait, abus d’autorité et saisie et enlèvement illégal de matériaux de construction. Depuis lors, note Me Seyni Ndione, la procédure pénale est encore en cours. D’ailleurs, révèle-t-il, M Sylla a déjà été entendu par le commandant de la Brigade territoriale de Saly Portudal à qui l’enquête a été confiée.

Mbaye THIANDOUM




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