
Le braquage d’une quincaillerie par un commando de huit gangsters lourdement armés et encagoulés, au quartier Grand Médine de Keur Massar, a tourné au meurtre par balle du vigile du coin nommé Mbar Faye, alias Mbeur (un véritable colosse). Les assaillants ont aussi ouvert le feu sur des gendarmes, qui ont répliqué par des tirs nourris.
Encore des échanges de mortels coups de feu entre des gendarmes en patrouille d’intervention et de redoutables braqueurs. Qui ont nuitamment fait irruption dans le quartier, à bord d’un véhicule 4x4 de type pick-up double cabine.
Ils ligotent le vigile d’une boutique, le bâillonnent et tentent de défoncer le portail
C’est dans la nuit du lundi 16 au mardi 17 janvier dernier, vers les coups de 4h du matin. Les malfaiteurs se sont auparavant attaqués à une boutique dans le secteur. Mais, n’ayant pas pu défoncer le portail, ils renoncent à leur coup et se retournent contre le gardien de la boutique. Ils le brutalisent, le ligotent, le bâillonnent et l’abandonnent sur les lieux. Ils sautent ensuite en catastrophe dans leur véhicule et se fondent dans la nature ceci, de peur d’être surpris sur les lieux.
Des gendarmes débarquent, constatent la fuite du gang et fouillent le secteur
Les voisins accourent sur les lieux et volent au secours du vigile. Ils câblent aussi les gendarmes et les alertent de la présence des braqueurs dans la localité. Les pandores se rendent en toute urgence sur les lieux et trouvent que les malfaiteurs ont déjà débarrassé le plancher. Ils soupçonnent cependant que les brigands sont toujours dans les parages et se lancent aussitôt à leurs trousses en fouillant les coins et recoins de la localité.
Le commando fait irruption dans un autre quartier et braque une quincaillerie
Pendant ce temps, les huit malfaiteurs encagoulés arrivent en douce au quartier Grand Médine, repèrent une quincaillerie et tentent de la braquer aussi; une quincaillerie qui se trouve juste à l’angle d’une rue et fait face à la boulangerie dénommée Mouna. Mais, par mesure de prudence, ils quadrillent d’abord leur périmètre d’opération, installent leur dispositif et immobilisent leur véhicule pick-up dans un endroit sombre. Ils se dispersent ensuite et se positionnent par deux aux quatre coins de la zone. Histoire de surveiller les moindres mouvements des voisins et traquer les éventuelles interventions. Tandis que d’autres éléments du commando s’affairent en toute discrétion autour du portail de la quincaillerie et tentent de faire sauter les verrous de sûreté.
Le vigile du coin intervient, et somme les brigands de dégager
Alerté de la présence des malfrats, Mbar, le vigile du coin, débarque et les interpelle. «Hé, qu’est-ce que vous faites ici ? Dégagez !», lance-t-il à l’endroit des malfaiteurs. Ces derniers restent cependant inflexibles et rétorquent en ces termes : «nous ne sommes pas venus pour repartir ou rentrer bredouilles. On est là pour travailler. Et puis c’est plutôt à toi de dégager». Des échanges de propos qu’un des témoins oculaires nous a rapportés au cours de notre passage sur la scène de braquage. Ainsi, face au refus catégorique des bandits, le vigile s’emporte et lâche tout de go : «xaaral ma gnëw (attendez moi ici, je reviens tout de suite)».
Il recherche sa machette, le voisinage suit la scène à distance
Fou furieux, il retourne en vitesse à son poste de garde (un charriot à café situé à l’angle de la boulangerie) et cherche sa machette qu’il a l’habitude de dissimuler sous le charriot en question. Un des braqueurs devine les intentions bellicistes du vigile et le suit à pas pressés. Il tombe sur des employés de la boulangerie et menace de sévir s’ils ne retournent pas dans leur lieu de travail. Ces derniers prennent peur et courent à toutes jambes se barricader dans la boulangerie. Ils suivent cependant toute la scène qui se joue dehors entre le vigile et les bandits.
Un assaillant menace Mbeur en wolof et peulh, tire sur lui et l’atteint au bas-ventre
Quand Mbeur a pris son coupe-coupe, le malfaiteur est vite intervenu et lui a intimé l’ordre de poser l’arme blanche. Il le somme à deux reprises en wolof: «teegal ! Teegal laa wax ! (Pose ça)». Et face à l’entêtement du gardien, le cambrioleur braque son arme à feu contre lui et revient à la charge sur un ton ferme, mais il le dit cette fois-ci en peulh. En vain. Il arme alors son fusil et lui tire dessus à bout portant. L’atteignant ainsi au niveau du bas-ventre.
Mbeur accuse le coup, titube et tente de résister. Dans un effort presque surhumain, il se relève, puise dans ses dernières forces et tente de se venger avec son coupe-coupe contre son assaillant. Sans succès. Il s’affaiblit davantage, s’écroule brusquement au sol et se vide de son sang. Sans assistance de la part des voisins, qui sont contraints de se terrer chez eux et de suivre à distance le film d’horreur et la mise à mort cruelle du gardien, ceci sous peine de subir les foudres des sanguinaires gangsters.
Les gendarmes entendent la dénotation et arrivent, les gangsters tirent sur eux
Alertés par la détonation, les gendarmes au nombre de quatre, qui traquaient les huit braqueurs, localisent enfin ceux-ci, à travers le coup de feu, et se rendent illico-presto sur les lieux. Mais, à leur arrivée, ils se heurtent au gang, qui se regroupe dare-dare au milieu de la route, identifie le véhicule des hommes en bleu et ouvre le feu sur eux.
Plusieurs coups de feu tirés, le gang craint des renforts et disparait à bord du pick-up
Pris de court, les gendarmes, du fait de la supériorité numérique se cachent derrière les véhicules en stationnement et autres moyens de planque, et répliquent aux tirs. Ils échangent longuement des coups de feu. «J’ai entendu neuf (9) coups de feu. Tout le quartier s’était terré», indique notre interlocuteur. «Craignant des renforts, les malfaiteurs se sont vite repliés à bord de leur pick-up double cabine, qui démarre en trombe ; une musique se jouait à fond dans le véhicule», témoigne-t-il.
Mbar, alias Mbeur, décède au cours de son évacuation
Assisté plus tard puis embarqué à bord d’un véhicule, Mbar, alias Mbeur, succombe à ses blessures au cours de son évacuation à l’hôpital, suite à une forte hémorragie interne et externe ; un décès qui plonge le quartier dans l’émoi et la consternation.
Vieux Père NDIAYE
La brigade de recherches activée, des moyens sophistiqués déployés, les braqueurs traqués
C’est la chasse à l’homme contre les auteurs du braquage manqué de la quincaillerie, suivi du meurtre du vigile. Après la tragédie, le Major Abdoul Aziz Kandji et ses hommes de la brigade de recherches sont montés au front dans le but de réunir toutes les pièces du puzzle. Et surtout mettre la main sur la bande des huit braqueurs. Dotés de puissants moyens technologiques et appuyés par une équipe technique, ils fouillent de fond en comble le quartier et ses environs. Ils ont sacrifié auparavant au rituel de constatations des faits et autres prélèvements d’indices sur la scène de braquage et de fusillade. Des douilles des balles ont été aussi mises sous scellés. Autant de facteurs qui risquent de militer en la défaveur des bandits. Qui ont dû pécher dans la précipitation au cours de leur double raid. Même s’ils ont démontré à suffisance qu’ils sont loin d’être des enfants de chœur. Les gendarmes sont sur une piste sérieuse. Et pourraient démanteler sous peu le gang et saisir tout son arsenal de cambriolage.
V. P. NDIAYE
Mbar, alias Mbeur, un colosse au service exclusif de la sécurité du quartier
La localité de Grand Médine à Keur Massar pleure toujours le vigile Mbar Faye, alias Mbeur. Tel un coup de tonnerre dans un ciel serein, le tragique meurtre du jeune homme a meurtri et indigné plus d’un dans le secteur. Dépeint comme un bon Samaritain, Mbeur était aussi un homme très serviable. «Il était là depuis plusieurs années. Et assurait la sécurité des personnes et de leurs biens dans le quartier. Il servait également de bouclier aux habitants qui se levaient très tôt pour aller vaquer à leurs occupations. On venait à son poste de garde pour attendre les véhicules», disent-ils en chœur, entre deux sanglots. «C’était un véritable colosse. Il marchait comme un lutteur. Il s’habillait aussi à l’américaine et portait toujours une casquette à la visière renversée».
Les braqueurs, le L200 volé, et le 4x4 d’une entreprise abandonné puis retrouvé
Après le vol d’un véhicule 4x4 L200 d’un tiers dans le but de commettre leurs coups, les malfaiteurs peinent à l’utiliser et décident ensuite de l’abandonner à hauteur d’une maison. Ils se rabattent sur un autre véhicule mieux approprié avec lequel ils ont tenté de braquer et la boutique et la quincaillerie à KeurMassar. Aux dernières nouvelles, le véhicule en question aurait été retrouvé au quartier Darou Thioub où les gangsters l’ont abandonné, comme d’habitude, avant de retourner dans leur terrier, en attendant que l’orage du mortel braquage manqué passe, avant de repérer d’autres cibles.