Les limiers de Yeumbeul n’ont pas chômé durant ce week-end dans l’affaire de la femme «séropositive» au compte Facebook fictif. L’administratrice du groupe «ladies club», Codou Badiane, Mme Cissé, et quatre des nombreuses victimes de l’auteure du scandale du siècle via Internet, ont été auditionnées, samedi dernier, sur procès-verbal (Pv). La fausse sidéenne a reconnu les griefs et balancé un certain Modou Diop, qui serait son principal complice et dont elle dit ignorer l’adresse et les contacts.
L’enquête préliminaire de police de Yeumbeul sur le scandale sur les réseaux sociaux a été bouclée durant ce week-end, avec les auditions sur Pv de la fausse sidéenne au compte Facebook fictif, Fatou Kiné Dieng, l’administratrice du groupe «ladies club», Codou Badiane et quatre des nombreuses victimes qui, après leur face-à-face avec les enquêteurs, ont pu voir la présumée escroc, en chair et en os, dans la chambre de sûreté du commissariat de police de l’arrondissement.
Codou Badiane dégage toute implication dans l’élan global de solidarité à Fatou Kiné Dieng et dit l’avoir interpellée sur ses nombreux posts
L’administratrice de «ladies club» a dégagé en touche toute implication de leur groupe dans un quelconque élan global de solidarité avec les agissements délictuels de Fatou Kiné Dieng sur les réseaux sociaux. Mieux, Codou Badiane affirme avoir même eu à interpeller la mise en cause sur ses nombreux posts émouvants dans les différents groupes, avant de la mettre en garde contre de telles pratiques. «Il n’a jamais été question de nous impliquer dans un élan de solidarité global avec Fatou Kiné Dieng. D’ailleurs, nous avons même eu à l’interpeller et lui demander de se faire discrète sur son statut de femme sidéenne, mais aussi éviter d’étaler sa vie privée sur les réseaux sociaux», a soutenu Codou devant nos informateurs.
Des victimes, autorisées à voir leur «bourreau» au violon, disent lui avoir versé beaucoup de dons en nature et en espèces
Il y a eu également quatre des nombreuses victimes de Fatou Kiné Dieng, qui ont fait leurs dépositions respectives au cours desquelles elles ont dit être ébahies et atteintes dans leur chair et âme. Elles soutiennent n’avoir vu que du feu dans les agissements de l’infirmière de clinique à qui elles déclarent avoir remis beaucoup de dons en nature et en espèces (sommes variant en 30.000, 60.000 et 80.000) durant tout le temps de ses manœuvres frauduleuses. Comme dans un conte de fée, les victimes peinaient à se remettre de leur état de choc et avaient du mal à croire à l’arrestation de la destinataire de leurs dons. Et pour en avoir le cœur net, elles ont été autorisées à aller voir leur «bourreau» dans le violon.
Fatou Kiné Dieng était devenue la «star» du commissariat
La fausse sidéenne était en fait devenue l’attraction des gens qui se rendaient au commissariat de police pour des affaires les concernant. Après la mise aux frais de l’infirmière de clinique, tout le monde voulait en effet poser le regard sur elle, ne serait-ce que pour y croire et voir à quoi ressemble la jeune femme qui a su enflammer en un temps record la toile avec son histoire de fille sénégalaise sidéenne, orpheline de père et de mère et vivant sans ressources en France, au scénario hollywoodien.
Elle a démarré ses agissements dans «Sama Dieukeur sama Kharit» ; elle a fait plus de victimes dans les groupes aux sensibilités mourides
Remontant le fil du temps, les hommes du commissaire Ibrahima Diouf ont découvert que la fausse sidéenne a commencé à faire ses posts d’histoire poignante, montée de toutes pièces, dans le groupe «Sama Dieukeur sama Kharit». De fil en aiguille, elle a réussi à intégrer d’autres groupes pour soi-disant partager ses instants de vie et de peines avec le monde entier par la magie de l’Internet. Mais, d’après toujours nos informations, Fatou Kiné Dieng a fait plus de victimes dans les groupes aux sensibilités de la confrérie mouride. Futée comme pas un, elle savait bien choisir sa cible pour se remplir les poches de liasses de billets de banque et obtenir des présents de valeur. Ainsi, elle présentait une fille sous le nom de Sokhna Mame Diarra (comme homonyme de la regrettée vénérée mère du défunt fondateur du mouridisme), orpheline de ses deux parents et malade du sida, vivant sans moyens en France, histoire de s’attirer la compassion et la générosité des talibés mourides du monde entier. Ces derniers se sont saignés pour combler de toutes sortes de cadeaux la fausse sidéenne.
Le retour de la «sidéenne» Sokhna Mame Diarra au Sénégal et l’argent du billet d’avion. Fatou Kiné avoue et balance un certain Modou Diop, dont elle dit tout ignorer
Outre les 400.000 reçus la veille de la Tabaski d’une dame domiciliée à Liberté, Fatou Kiné Dieng a planifié un autre coup, consistant à organiser le retour au Sénégal de la fille Sokhna Mame Diarra en provenance de France. Ainsi, elle a sollicité la générosité des gens et une dame s’était manifestée et engagée à prendre en charge le billet d’avion pour le retour, mais à la condition qu’elle soit informée de la date de la venue (c’était pour le dimanche 28 août dernier) aux fins qu’elle puisse venir à l’aéroport et voir la malade. La fausse sidéenne avoue sur toute la ligne et balance un certain Modou Diop, dont elle dit tout ignorer. Elle accuse ce dernier de l’avoir initiée aux pratiques d’escroquerie via le net, avant qu’elle-même ne prenne goût à la chose et continue à arnaquer.
Vers la mise en instruction du dossier par le parquet, d’autres administratrices n’ont pas déféré à la convocation, notamment celle de «Sama Dieukeur sama Kharit»
L’on informe que le dossier du scandale risque d’être mis en instruction par le parquet, ceci dans le but de poursuivre l’enquête et surtout de contraindre les administrateurs de groupe concernés à sacrifier à leurs dépositions, histoire de cerner tous les éléments du puzzle. Fatou Kiné Dieng devrait être déférée aujourd’hui pour escroquerie via les réseaux sociaux.
Vieux Père NDIAYE