
À la suite de l’adoption en Conseil des ministres hier de la Loi de finances rectificative (Lfr) 2025 et le Document de programmation budgétaire et économique pluriannuelle (Dpbep) 2026–2028, le président du mouvement Agir Thierno Bocoum a salué deux décisions importantes dans leur principe. Cependant, il fait remarquer que la Lfr est attendue depuis des mois et devait intervenir aussitôt la vérité des comptes rétablie par la Cour des comptes. Quant au Dpbep, il constitue, dit-il, une exigence légale dans le cadre du Débat d’orientation budgétaire (Dob), lui-même encadré par une échéance ferme : le 30 juin 2025. Ce qui lui fait dire qu’il était nécessaire de le déposer à temps. Poursuivant, Thierno Bocoum ne manque pas de s’interroger sur la démarche du gouvernement qui adopte la Lfr avant la publication des rapports trimestriels d’exécution budgétaire, notamment du 4e trimestre 2024 et du 1er trimestre 2025. «Ces rapports sont pourtant le seul fondement factuel qui permet de corriger une loi de finances et de planifier l’avenir. Le gouvernement a annoncé qu’ils seraient publiés le 23 juin prochain, soit après l’adoption de la Lfr et du Dpbep. Cette séquence interroge. Comment peut-on rectifier un budget (Lfr) sans exposer les données qui justifient cette rectification ? Comment peut-on construire une trajectoire à moyen terme (Dpbep) sans mettre sur la table les derniers résultats budgétaires disponibles ? Comment expliquer que le travail du Rapport trimestriel d’exécution budgétaire n’est pas prêt, tout en affirmant que ceux du Dpbep et de la Lfr, qui en dépendent directement, sont finalisés ? », s’interroge le patron de Agir qui rappelle, dans la foulée, que ce n’est pas la première fois que cette anomalie est relevée.
A l’en croire, les rapports trimestriels d’exécution budgétaire ne sont pas des formalités techniques, ils sont la boussole démocratique de la gestion publique. «En vertu des principes de sincérité et de transparence budgétaire consacrés par la Loi organique de la loi de finances : ils exposent l’exécution réelle des dépenses, trimestre par trimestre ; vérifient si les recettes suivent les prévisions ; détectent les dépassements, les dérapages ou les dépenses extrabudgétaires ; constituent la base des décisions de réajustement, comme celles contenues dans une Lfr. Ce sont ces documents qui justifient, valident ou invalident les arbitrages opérés par l’Exécutif. Sans eux, toute Lfr devient une opération comptable abstraite, sans boussole. Et tout Dpbep se transforme en pari sans ancrage», explique Thierno Bocoum.
M. CISS