Hier, tous ceux qui ont assisté au procès ont vécu un retournement de situation des plus inattendues au palais de justice. Le Procureur général, dont tout le monde attendait le réquisitoire, a pris le contrepied aussi bien de l’Agent judiciaire de l’Etat que des avocats de l’Etat. Ce, à la surprise générale. La question est : qu’est-ce qui s’est passé dans la tête de Lassana Diaby ?
En prenant le contrepied de l’Agent judiciaire et des avocats de l’Etat, il prend de facto le contrepied de l’Etat.
Pour un Procureur général, donc «bras» de l’exécutif dans le système judiciaire, cela est à la fois étonnant et troublant.
En effet, le Procureur général est le premier relais entre la chancellerie et les autres magistrats du Parquet. Il reçoit donc des instructions du ministre de la Justice. Et le 29 juin dernier, après que l’arrêt a été rendu, Ismaël Madior Fall est intervenu sur les antennes de la Rts pour dire clairement que cette décision ne peut pas s’imposer à nos Tribunaux nationaux. C’est vrai que la parole est libre et la plume est serve, mais dans ce cas précis, la position de l’Etat est sans équivoque.
Pourquoi n’a-t-il pas purement et simplement demandé la libération de Khalifa Sall ?
Les réquisitions de Lassana Diaby ont par conséquent tout l’air d’une rébellion qui ne dit pas son nom. Cherche-t-il à prouver son courage et son indépendance ? Si c’est le cas, il devait aller jusqu’au bout de sa pensée et demander purement et simplement la libération de Khalifa Sall et des autres prévenus. A la place, il a préféré diviser la poire en deux. Avec cette position, l’Etat va être mal à l’aise avec la Cedao, mais aussi avec le peule et le juge va être confronté à une situation pénible. Du jamais vu dans l’histoire judiciaire du pays.