L’opposition peut toujours espérer disposer du fichier électoral, comme elle l’a fait savoir dans ses nombreuses sorties, mais c’est peine perdue. Et c’est Seydou Guèye, hier devant la presse, qui l’a martelé. Pour le porte-parole du gouvernement, il n’est pas question de faire des faveurs à qui que ce soit sur la question, puisque la loi est claire là-dessus. Le porte-parole du gouvernement est revenu sur les sujets qui défraient la chronique, notamment celui de l’eau pour le moment attibuée à la compagnie de Suez, mais aussi l’attribution probable à l’entreprise turque Tosyali du contrat pour l’exploitation du fer de la Falémé.
Seydou Guèye, très remonté, a tenu à se faire entendre sur les différents contrats signés par le Sénégal. Pour lui, aucun contrat n’est signé, s’il n’est avéré que le projet crée des emplois, ensuite qu’il va faciliter la compétence et la sous-traitance et, en dernier lieu, qu’il y aura un transfert de technologie.
Et pour lui, le Président a raison de demander à ceux qui ne savent pas d’avoir l’humilité de s’informer pour ne pas se perdre dans les jugements hasardeux de pseudo-experts politico-pétroliers, qui ne peuvent même pas faire la différence entre un champ gazier et un puits pétrolier, car, soutient-il, «le gouvernement a publié ce qu’il a négocié et les dividendes seront partagées avec le peuple, tout en gardant une part prépondérante pour les générations futures».
Thierno Sall, qui réclamait l’arrêt de toute négociation, jusqu’au soir du 24 février, a vu sa requête tomber à l’eau. Pour le porte-parole du gouvernement, tout le bruit autour de cette question ne fera pas reculer le chef de l’Etat. «Ce n’est pas du sérieux», peste-t-il. Avant d’ajouter : «c’est comme qui dirait qu’à partir d’un certain délai, le président de la République ne peut pas engager le Sénégal. Il est dans le cadre légal de son mandat. Et s’il devait engager le Sénégal, il le ferait sans trembler», avance-t-il.
«La fraude électorale est une maladie du siècle passé au Sénégal»
Avant la date prévue par la loi, aucun fichier électoral ne sera remis. C’est la réponse de Seydou Guèye servie à l’opposition. Et le porte-parole de l’Alliance pour la République est très clair là-dessus. «Restons sérieux. On ne peut pas parler de faveurs, quand il y a la loi. Nous ne sommes pas dans un régime où on donne des faveurs. C’est ce que dit la loi», laisse-t-il entendre.
Pour Seydou Guèye, il est impensable que le fichier électoral «se balade dans le pays avec des candidats à la candidature. Notre position est de le donner aux organisations politiques et aux candidats puisqu’ils ont un enjeu. Donc il n’y a aucune difficulté», soutient-t-il.
Par rapport aux éventuels cas de fraude, le porte-parole de rassurer. «Nous avons passé l’âge. La fraude électorale est une maladie du siècle passé au Sénégal. Les partis politiques, à toutes les étapes des procédures, sont présents». Cependant, pour Seydou Guèye, il peut y avoir des failles dans les inscriptions et des révisions sur les listes électorales. «Il n’est pas facile d’avoir des représentants partout au Sénégal», lâche-t-il.
Interrogé sur la préoccupation majeure de l’opposition quant à l’organisation des élections par une institution neutre, Seydou Guèye d’apporter des éclaircissements. «Notre système donne des responsabilités à l’ensemble des acteurs, aux observateurs, aux journalistes, aux organes de régulation, aux partis politiques, à la Cena». Et par conséquent, «ce n’est pas le ministre de l’Intérieur qui organise les élections».
«L’opposition est adepte de la suspicion spéculative et du raisonnement aléatoire»
La stratégie de l’opposition, pour Seydou Guèye, est rythmée par une campagne systématique d’intoxication et de désinformation. Et pour lui, ceci n’est qu’une façon «d’expier d’avance leur défaite au soir du 24 février».
Pour Seydou Guèye, les différentes sorties sur la question de l’eau, avec l’attribution provisoire du nouveau contrat d’affermage ou encore de l’audit du fichier électoral, s’expliquent par son attitude vindicative. «L’opposition se perd dans des appréciations hâtives qui ne reposent sur aucune validité argumentaire. Tout simplement parce qu’elle est adepte de la suspicion spéculative et du raisonnement aléatoire, lorsqu’il s’agit d’évoquer des questions d’intérêt général».
Et par rapport à la tentative destinée à «saborder le processus électoral», le gouvernement ne restera pas les bras croisés. «L’Apr est déterminé à y faire face, au regard de la forte adhésion à la fois citoyenne et militante à la campagne de collecte des signatures pour le parrainage du Président», laisse-t-il entendre
Avant d’ajouter : «notre candidat sera officiellement investi par la grande coalition victorieuse Benno Bokk Yakaar et sa nouvelle majorité politique, le 1er décembre 2018, au lendemain du congrès de l’Internationale libérale».
Khadidjatou DIAKHATE