Les deux militaires Abdoulaye Dia et Lamine Sagna risquent 15 ans de réclusion criminelle devant la chambre criminelle de Dakar où ils comparaissaient hier. Ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs et vol en réunion avec violences et usage d'arme. Ils seront fixés sur leur sort le 20 avril prochain.
Si le commando Abdoulaye Dia, membre des forces spéciales, a voulu régler des problèmes financiers, il s'y est mal pris. Car, lui et son acolyte militaire, Lamine Sagna, ont braqué un point de Wafa Cash à Nord-Foire courant 2019. De ce fait, ils risquent 15 ans de réclusion criminelle pour association de malfaiteurs et vol en réunion avec violences et usage d'arme, devant la chambre criminelle de Dakar où ils ont été jugés hier, mercredi. En effet, dans la matinée du 27 mars 2019, Abdoulaye Dia s'était rendu dans ce point de transfert et de retrait d'argent pour demander à la dame qui y servait si elle faisait du change. Mais, au moment où elle lui répondait par la négative, il en avait profité pour inspecter les lieux. Le soir, il est revenu à charge et cette fois-ci, il était en compagnie de Lamine Sagna.
Premier à entrer dans la boutique, Sagna a demandé des services de transfert par Orange Money. Et en attendant que le local se vide des autres clients, Abdoulaye Dia qui était en tenue militaire et qui faisait semblant de téléphoner dehors l'a subitement rejoint. Ainsi, comme la gérante était sceptique par rapport à leur présence dans le local, elle s'est levée pour fermer à clé la porte du box. Malheureusement, Abdoulaye Dia a braqué son arme sur elle. Paniquée, la victime s'est mise à hurler, mais Lamine Sagna est intervenu et a pris un ruban rouge pour essayer de la bâillonner. N'y arrivant pas, il a utilisé le foulard de la dame pour la museler et éviter que les passants entendent ses cris. Cette occasion a été saisie par Abdoulaye Dia pour viderla caisse. Quand il a tenté de fuir, le vigile d'à côté a fait irruption et a tenté de les maîtriser, en vain. Mais ils ont été rattrapés suite à une course-poursuite.
Entendue, la victime a révélé que les accusés ont tenté de la bâillonner. Et à l'en croire, ils ont emporté la somme de 966.0000 F Cfa. Abdoulaye Dia a reconnu les faits depuis l'enquête préliminaire jusqu'à la barre de la chambre criminelle de Dakar où il a été jugé hier, après plus de 2 ans en détention préventive. D’après lui, il a cambriolé la dame parce qu'il traversait des moments de déche. Outre le fait que son épouse venait fraîchement d'accoucher et qu'il n'avait pas de quoi assurer le baptême, le pire c'était que sa mère était sous le coup d'une plainte et qu'elle risquait la prison à cause d'une dette. Pour ce qui est du pistolet avec lequel il avait tenu en respect la dame, cet accusé a indiqué qu’il était factice. C'est suite à cela qu'il a été condamné à 2 ans de prison ferme devant le tribunal des militaires pour cette arme qu'il avait volé dans son cantonnement. En sus, il a été radié de ses fonctions après 12 ans de loyaux services au sein de la gendarmerie. Toutefois, à la barre, il a tenu à disculper son frère d'arme, Lamine Sagna.
Le sieur Dia a ainsi révélé qu'il n'était pas au courant de son plan délictuel. D’après lui, c’est parce qu'il est son supérieur qu’il lui a demandé de l'accompagner chez sa tante Awa Sow. Ces déclarations ont été confortées par Lamine Sagna. Selon ses explications, il a juste accompagné son ami et qu'au moment des faits, il avait les yeux rivés sur son téléphone. Ce qui a fait dire à son avocat qui a demandé son acquittement qu'il n'était qu’un simple spectateur au moment des faits. Les allégations des accusés n’ont pas convaincu le procureur qui a requis contre eux la peine de 15 ans de réclusion criminelle. Aussi, le parquetier a sollicité la disqualification de l'usage d'arme en port d'arme. Les conseils d'Abdoulaye Dia ont demandé une application bienveillante de la loi pénale contre lui tout en arguant que sa radiation suffit largement comme une lourde sanction. Délibéré au 20 avril prochain.
Fatou D. DIONE