L'ancien ministre de l'Énergie Thierno Alassane Sall a lancé ce samedi au Cices, dans une ambiance riche en sons et couleurs, son mouvement politique dénommé "République des valeur" (RV). Né, selon le fondateur, d'une réflexion d'hommes et de femmes, celui-ci se fixe comme objectif de "tracer une nouvelle voix politique pour le Sénégal".
"Chaque peuple glorifie un ensemble de valeurs qui constituent la quintessence de l'Idée qu'il se fait de lui-même et de la place qu'il cherche à occuper dans le monde, théorise Thierno Alasssane Sall. Nous sommes ici aujourd'hui au nom de l'idée que nous nous faisons de notre pays, le Sénégal, et de l'irrépressible désir de progrès, de justice et de développement qui nous étreint. Ces valeurs, des générations de Sénégalais ont consacré leur vie à leur triomphe. Leurs luttes ont eu des répercussions au-delà de nos frontières et inspiré des peuples en Afrique et ailleurs."
Évoquant l'"indéfectible attachement (des Sénégalais) aux valeurs les plus élevées", le président de RV rappelle les alternances pacifiques, les assises nationales, "qui ont réuni, dans un puissant mouvement créateur, l'essentiel des forces vives de notre pays" et le 23-Juin, "qui a abouti à la deuxième alternance démocratique, porteuse d'espoir de renouveau et d'encrage définitif des valeurs portées par des assises".
À écouter Thierno Alassane Sall, cet espoir est déçu. "La défaite morale de la coalition au pouvoir est massive et totale, affirme l'ancien ministre de l'Énergie. Son échec au plan économique est tout aussi flagrant. Notre économie manifeste tous les symptômes d'une société malade. Les entreprises formelles font faillite en cascade, jetant dans la rue ou dans la précarité de l'informel, des milliers de pères et mères de familles désespérés. Or être dans l'informel, être ouvrier, menuisier, mécaniser, maçon, coiffeuse, vendeuse au Sénégal, c'est vivre dans la hantise permanente d'une vie dure et difficile."
Poursuivant son diagnostic de la situation du pays, l'ancien responsable de l'Apr d'ajouter : "Le chômage des jeunes atteint des proportions telles qu'il menace la cohésion sociale. Il est symptomatique que le chômage des jeunes diplômés soit, au moins, trois fois supérieur à la moyenne nationale. Le déclin de l'économie nationale et le délitement des mœurs de l'élite politique sont plus liés qu'il n'y parait à première vue. Des leviers économiques indispensables à la bonne marche de la société sont confiés à des mains inexpertes pour servir une clientèle politique insatiable, mais aussi se donner les moyens de s'enrichir sans cause."
Seuls les secteurs de rente sortent la tête de l'eau, selon Thierno Alassane Sall. Qui confie que "plus de 30% de notre richesse nationale est capturée par des oligarques de tous acabits, avec à leur tête l'élite politique qui leur sert de locomotive".
L'ancien ministre d'enfoncer le clou : "Cette culture de prédation se manifeste sans fard, à travers la privatisation de la Corniche de Dakar, le saccage de la bande des filaos, de Guédiawaye à Kaya, le partage entre copains des terres de nos communes et dans quelques mois, la razzia annoncée des terres de l'aéroport de Dakar."
Auteur: Mamadou Salif Dieng