Réponse du berger à la bergère ! Sitôt le communiqué des avocats de Karim Wade tombé, ceux de l’Etat ont pondu le leur. Et c’est pour prendre le contre-pied de leurs collègues de la défense, qu’ils accusent de pédaler dans le néant et en faisant dire à l’Etat ce qu’il n’a jamais dit. «Les avocats soussignés rappellent que l’Etat du Sénégal n’a fait aucune des déclarations qui lui sont ainsi attribuées», assènent d’entrée Les bâtonniers Me Yérim Thiam, Me Felix Sow et leur collègue Samba Bitèye. Qui ont rappelé d’abord que dans leur communiqué, leurs pairs de la défense ont noté que l’Etat du Sénégal aurait fait croire que «Karim Wade et Cie perdent à Monaco» et que cela constituerait un «mensonge d’Etat». Niant ses déclarations prêtées à leur client, Me Thiam et Cie n’en sont pas restés là.
Le jugement «dit que la saisie-arrêt de l’Etat est régulière…»
«En réalité, le jugement du Tribunal de Monaco du 25 janvier 2018 a statué notamment sur les multiples conclusions de Karim Wade et Cie demandant «que soit prononcée la nullité de l’exploit de saisie-arrêt délivré par l’Etat du Sénégal sur certains comptes à Monaco», expliquent-ils. Avant de marteler : «de cette demande, Karim Wade et Cie ont été entièrement déboutés». Ils se fondent sur un extrait du dispositif du jugement, lequel dit que «l’acte de saisie-arrêt et assignation en date du 22 mars 2016 signifié par l’Etat du Sénégal est régulière et qu’il doit produire ses entiers effets.(…). Déboute en conséquence les défendeurs (Karim Wade et Cie) de leur demandes tendant à en voir prononcer la nullité».
«Le collectif des avocats de Karim Wade et Cie se contredit gravement»
Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, les avocats de l’Etat notent que le collectif des avocats de la défense «se contredit gravement» en relevant que l’Etat aurait subi «un revers judiciaire incontestable» alors qu’il reconnaît dans le même temps que la procédure est en cours. Pour Me Thiam et Cie, au-delà de tout ce tintamarre, il y a trois choses à retenir dans cette affaire : la saisie-arrêt pratiquée par l’Etat est régulière, les demandes (d’annulation) de Karim Wade et Cie ont été rejetées et les comptes saisis sont toujours indisponibles (Ils sont bloqués aussi bien par la saisie-arrêt que, sur le plan pénal, par une demande d’entraide judiciaire internationale).
Pour finir, les défenseurs de l’Etat ne veulent piper un mot sur «les affirmations mensongères relatives à une prétendue intrusion d’un magistrat étranger dans la procédure». Pour eux, ce sont des affabulations et ils ne comptent «pas se laisser divertir». Ils restent concentrés sur leur boulot qui est «l’exécution de l’arrêt de la Crei».
Mbaye THIANDOUM