Le procureur de la République a dû faire le dos rond, hier, pour subir les coups portés contre lui par l’avocat de la ville de Dakar. Car, faisant ses répliques, Me Ousseynou Gaye n’y est pas allé par quatre chemins. Tous ceux qu’il considère comme opposés à ses intérêts ont été attaqués. A commencer par le procureur de la République. «Je suis partie civile, mais je n’ai pas déclenché de poursuites, c’est le Parquet qui a déclenché les poursuites. Le Conseil municipal dit que les comptes ont été vérifiés par tous, les factures transmises à la Cour des comptes qui n’a trouvé rien à dire», commence-t-il par railler l’agent judiciaire. S’adressant cette fois à Serigne Bassirou Guèye, il lâche: «si le Procureur me donne des gages d’impartialité, dans ce dossier et dans les autres dossiers, je m’aligne à ses côtés. Parce que le Parquet est le bras armé de l’Etat», plaide la robe noire. L’avocat de la mairie de Dakar, qui dit cette fois parler pour le «Sénégalais lambda», en reprenant les termes du Procureur, lui a rappelé qu’il y a beaucoup de dossiers qui dorment dans son tiroir. «On ne voit pas venir», dit-il au Procureur avant d’ajouter : «il n’y a que le dossier de Karim Wade et de Khalifa Sall, et les deux ont semble-t-il une vision pour le fauteuil présidentiel. Il ne faut pas avoir de rêve, je pense, dans ce pays».
Loin d’en finir avec Serigne Bassirou Guèye, il revient à la charge, regardant droit dans les yeux ce dernier : «vous êtes assis sur beaucoup de dossiers, levez-vous et poursuivez les procédures». Immédiatement, comme pour ironiser, Serigne Bassirou Guèye s’est levé, histoire de lui prouver qu’il n’est assis sur rien du tout. Me Gaye, qui en avait vraiment contre le chef du Parquet, de renchérir : «il reste le bras armé de l’Etat et non pas du maire, sinon je me serai associé à tout ce qu’il fait».
Après le procureur de la République, il s’est retourné vers l’agent judiciaire de l’Etat. «Vous êtes mon adversaire et je ne vous ferai pas de cadeau», avertit-il Antoine Diome, qui lui répond par un petit sourire. Parlant des factures d’électricité évoquées dans le procès par l’Aje, le conseil de la ville de Dakar soutient que la mairie a payé toutes ces factures et, selon lui, ce qui reste, ce sont les factures que doit payer l’Etat du Sénégal et qui concerne l’éclairage public ; car depuis l’ancien Président Abdoulaye Wade, c’est l’Etat qui prend en charge ce volet. S’agissant de l’avance de trésorerie, cela constitue un prêt, selon la robe noire et ce prêt a été payé. «Il y a une vraie différence entre l’Etat et la mairie», fait-il encore la remarque à Antoine Diome. Pour l’avocat, en fait, la caisse d’avance est financée par les recettes de la mairie. Ainsi, pour lui, si l’Etat s’immisce dans le procès c’est pour faire du «tourisme judiciaire».
Alassane DRAME