Le 16 février prochain, c'est la date à laquelle Ousmane Sonko et Mame Mbaye Niang se présenteront à nouveau devant le juge correctionnel de Dakar dans cette affaire de diffamation, faux et d'usage de faux et injure publique qui les oppose. Le dossier n'a pas été plaidé hier jeudi parce que les avocats de la défense ont demandé ce renvoi en soulignant que leur client n'a pas reçu une citation à comparaître. «Faux», selon le parquet ainsi que les avocats de la partie civile. Me Baboucar Cissé a déclaré que les conseils de Ousmane Sonko sont dans la manipulation puisqu'ils ont anticipé ce renvoi sur les réseaux sociaux en annonçant la date du 2 mars prochain.
Le ministre du Tourisme et des Loisirs, Mame Mbaye Niang et le maire de Ziguinchor Ousmane Sonko devaient se faire face hier, devant le juge correctionnel de Dakar dans ce dossier de diffamation, d’injure publique, faux et d'usage de faux dans un document administratif qui les oppose. Mais, l'affaire n'a malheureusement pas été plaidée car, les avocats du leader du Pastef/Les Patriotes,en l'absence de leur client,ont demandé le renvoi du dossier. Cependant, pour que ce renvoi soit acté par le tribunal, les conseils de Sonko ont mené une rude bataille devant la barre et face à la réticence des avocats de Mame Mbaye Niang.
Échanges houleux entre Me Ousseynou Ngom et Me Adama Fall
Lorsqu'il s'est agi de voir si l'affaire était en état d’être jugée, l'un des avocats de Ousmane Sonko, Me Ousseynou Ngom,a surgi en rétorquant au juge : «notre client n'a pas été cité. Il n'est pas au courant de cette procédure". Cette réponse servie par Me Ngom a provoqué la colère de Me Adama Fall, l'un des avocats de Mame Mbaye Niang. Ce derniera eu quelques échanges de propos aigres-doux avec son interlocuteur.Il a fallu l'intervention du président de l'audience afin de calmer leurs ardeurs. «Je n'ai pas besoin de rappeler aux conseils que ce procès doit se tenir dans la sérénité. Au cas contraire, je suspends jusqu'au retour de la sérénité», a-t-il martelé.
Me Bamba Cissé charge le parquet
Après cette remarque, le tribunal a observé une suspension de deux heures afin de ramener les esprits à la raison. Malheureusement, cette pause n'a pas servi à grand-chose parce que les piques et les répliques des uns et des autres fusaient de partout. Me Bamba Cissé de renchérir sur le motif du report demandé par la défense. «Dans le dossier, vous ne verrez ni convocation, ni citation de Ousmane Sonko. Le parquet n'a rien à faire dans un dossier de diffamation. C’est le procureur qui a ajouté les délits d’injures publiques et de faux et usage de faux sur des documents publics». Le confortant dans sa thèse, Me Youssoufa Camara d'ajouter : «c'est une affaire nouvelle. Les droits de la défense étant absolus durant toute la procédure, nous sollicitons le renvoi».
Le procureur : «Cette demande de renvoi est une démarche dilatoire»
En réplique, le procureur de la République n'a pas du tout été tendre envers les avocats de la défense parce qu'il a ouvertement contredit Me Bamba Cissé. «Contrairement à ce que dit l'avocat, le prévenu a eu la connaissance du dossier. Il a été contacté au téléphone. Il avait dit qu'il était à Ziguinchor. À son retour, l’huissier avait voulu lui remettre la citation au siège de son parti,mais il n’avait pu le retrouver», a déclaré le ministère public. Qui explique les difficultés qu'il a rencontrées pour remettre la citation à la personne concernée. «Le parquet a été saisi le 16 janvier 2023 sur les difficultés rencontrées pour remettre à Ousmane Sonko la citation. C’est ainsi que les éléments de la Dic se sont rendus à son domicile. C'est celui qui a demandé de remettre la citation à son vigile. Cette demande de renvoi est une démarche dilatoire", a-t-il pesté.
Revenant à la charge contre le parquet, Me Babacar Ndiaye de la défense assène : «nous n’avons pas connaissance du fond du dossier. Combien de dossiers en état sont renvoyés par une demande formulée par une partie ? Que joue le parquet en s’immisçant dans une affaire privée ?».Le procureur, droit dans ses bottes, lui a porté la réplique sur un ton ferme.
Bataille verbale entre Me Baboucar Cissé et les avocats de Sonko
Me Baboucar Cissé, l'un des avocats de Mame Mbaye Niang, s'y est mis lui aussi tout en s'opposant à la demande de renvoi. «En matière pénale, il y a des exceptions. La présence du prévenu est obligatoire. Le prévenu qui a mandaté son vigile n'a pas voulu recevoir la citation en personne. Ses avocats ont anticipé le renvoi sur les réseaux sociaux en annonçant la date du 2 mars prochain. Ils sont dans la manipulation», a crié Me Cissé. Ces déclarations ont suscité l'ire des avocats de Sonko qui estiment qu'elles sont «choquantes». Demandant ainsi qu'elles soient retirées, Me Cissé l'a fait et s'est excusé après l'intervention de Me Ibrahima Ndièguène de l’Ordre de avocats. C'est après ces multiples échanges que le juge a renvoyé le dossier pour le 16 février prochain.
Fatou D. DIONE