Suite à la cascade de rejets des listes de la coalition «Defar sa Gokh» dans plusieurs circonscriptions électorales, sur la fallacieuse base de ressemblance de couleurs avec la coalition Benno Bokk Yakaar, la Commission électorale nationale autonome (Cena) est sortie de sa réserve pour rappeler les textes. Ainsi, faisant la leçon aux autorités administratives concernées, qui ont abusivement contourné la loi, l’organe administratif chargé d'organiser et de superviser les élections au Sénégal rappelle que la ressemblance de couleurs n’est pas un motif de rejet de dossier de candidature.
C’est un désaveu cinglant que vient de faire la Commission électorale nationale autonome (Cena) aux préfets de Kolda, Kédougou, Matam, Mbirkilane, entre autres. Ces autorités déconcentrées, en effet, comme s’ils s’étaient passé le mot,avaient rejeté la liste de la coalition «Defar Sa Gokh» dirigée par le beau-frère du président de la République, Adama Faye. Les autorités administratives ont pris la décision à la suite de recours introduits par la coalition au pouvoir pour, dit-on, «ressemblance des couleurs». Un très grave précédent pour la démocratie sénégalaise d’autant que les couleurs en question n’ont rien à voir.
Heureusement que la Cena a décidé de sévir. À travers un communiqué publié hier, l’organe administratif chargé d'organiser et de superviser les élections au Sénégal rappelle que la ressemblance de couleurs n’est pas un motif de rejet de dossier de candidature.«La Commission électorale nationale autonome (Cena) a été informée par ses démembrements de décisions prises par des autorités administratives de notifier à la coalition Defar Sa Gokh le rejet de sa liste dans certaines circonscriptions électorales sur la base de couleurs et de symboles qui seraient comparables à ceux d’une autre coalition», a d’abord constaté l’organe dans un communiqué rendu public samedi 6 novembre 2021.
Poursuivant, «la Cena précise à l’endroit des autorités administratives que les motifs de rejet sont bien spécifiés dans le Code électoral (articles L.250 et L.285)». Et de dire à qui veut l’entendre que «cette énumération ne comporte aucun point relatif aux couleurs et symboles d’un parti, d’une coalition ou d’une entité indépendante».
A ce propos, note la Cena, le Code électoral indique en son article L.287 : «en cas de contestation, le préfet ou le sous-préfet saisit le ministre chargé des élections qui attribue, par priorité à chaque parti politique, sa couleur statutaire, son sigle et son symbole traditionnels par ordre d’ancienneté. Pour les coalitions de partis politiques et pour les entités indépendantes, l’attribution se fait selon la date de notification du nom choisi… Le ministre chargé des élections en informe aussitôt le préfet ou le sous-préfet qui, à son tour, en informe les parties intéressées… Est interdit le choix d’emblème comportant une combinaison des trois couleurs du drapeau de la République : vert, or et rouge», a rappelé la Commission électorale nationale autonome dans son communiqué.
Avant de terminer en indiquant : «vu sous cet angle et conformément au Code électoral, aucun préfet ou sous-préfet, sans au préalable avoir satisfait aux prescriptions contenues dans l’article du Code électoral susvisé, ne peut prendre la décision de notifier à un parti, une coalition ou entité indépendante le rejet d’une liste sur la base des couleurs, sigles ou symboles».
Sidy Djimby NDAO