La lettre publiée lundi soir aux noms des deux anciens présidents a suscité beaucoup de polémiques. Certains ont même douté de son authenticité. Abdou Diouf, qui n’a fait aucun commentaire sur la vie politique du Sénégal depuis qu’il a quitté le pouvoir, a tenu à travers une déclaration à confirmer son implication. Mais, cette fois-ci, l’ancien président (1981-2000) demande aux Sénégalais et aux acteurs politiques de s’en tenir à la décision du Conseil constitutionnel.
Le Sénégal traverse des moments de crise inédite avec le report de l’élection présidentielle, une première au Sénégal. Et donc des voix s’élèvent depuis lors, soit pour dénoncer, soit pour appuyer le Président Macky Sall et appeler au calme. La lettre conjointe de Abdou Diouf et Abdoulaye Wade entre dans ce cadre. En plus d’adouber le Président Macky Sall, les deux anciens chefs d’Etat ont invité les acteurs politiques à se joindre au dialogue convoqué par le Président Macky Sall. Ladite lettre a suscité beaucoup de débats. C’est d’ailleurs ce qui a poussé Abdou Diouf à prendre sa plume pour apporter des précisions. L’ancien chef de l’Etat sénégalais (1981-2000), qui avait décidé de s’abstenir de commenter la politique depuis son départ de la tête de l’Etat, confirme en effet être co-auteur de la lettre. «Mes chers compatriotes, Comme vous le savez, depuis que j'ai quitté le pouvoir le 1er avril 2000, je me suis toujours abstenu de tout commentaire sur la vie politique sénégalaise, fidèle en cela à la ligne républicaine tracée par le Président Léopold Sédar Senghor. J'ai décidé de rompre le serment que je m'étais fait car notre pays vit une crise institutionnelle sans précédent», révèle-t-il d’emblée. C’est pourquoi, il dit constater, avec regret et tristesse, que la lettre publiée avec sa signature et celle du Président Abdoulaye Wade suscite beaucoup d'incompréhension.
«C’est au conseil constitutionnel de dire le droit et de prendre les décisions»
Néanmoins, Abdou Diouf change de discours et place la décision du Conseil constitutionnel comme la seule qui est importante dans cette situation. «Je tiens à préciser, afin qu'il n'y ait aucune équivoque, que le Conseil constitutionnel que j'ai créé en 1992 reste le garant ultime de nos institutions et de notre démocratie», déclare-t-il, avant d’ajouter : «c'est à lui et à lui seul de dire le droit et de prendre les décisions qui s'imposent à tous concernant le calendrier électoral et le respect de la durée du mandat présidentiel».
Il demande ainsi «au peuple sénégalais, à sa classe politique et à ses dirigeants de faire preuve de retenue et d'intégrité en appliquant à la lettre les dispositions de notre Constitution tout en préservant les libertés publiques acquises de haute lutte dans la construction de notre démocratie», dit-il tout en renouvelant sa «sincère et indéfectible affection» ainsi que «sa reconnaissance pour les longues années de confiance à son service».
Ndèye Khady D. FALL











