Contrairement à leurs autres confrères et au bâtonnier Mbaye Guèye, qui se sont solidarisés avec le bâtonnier du Cameroun et qui estiment que le juge n’avait pas à juger les avocats, les conseils de l’Etat du Sénégal s’en sont vertement pris à leur confrère du pays de Paul Biya. A tour de rôle, ils ont déversé leur bile sur Jackson Kamga qui a déjà rejoint son pays. Ils ont tous trouvé irrespectueux les propos de Me Kamga, avant de faire la comparaison entre le Cameroun et le Sénégal. Selon Me Samba Bitèye, le bâtonnier du Cameroun n’a rien à dire, car dans son pays, on emprisonne même les avocats. Me Moussa Félix Sow a, pour sa part, rappelé «un Etat où la gouvernance porte sur 36 ans de règne». Me Yérim Thiam, pour sa part, a invité le bâtonnier Kamga à faire appel à eux, s’il a besoin d’avocats pour assister ses confrères en prison.
Mais, cela n’a pas laissé indifférent Me Ousseynou Gaye, avocat de la mairie de Dakar, qui a estimé que ce n’est pas correct et que c’est même «lâche» de parler d’une personne qui est absente. Selon Me Gaye, les deux bâtonniers, notamment Mes Yérim Thiam et Moussa Félix Sow, devraient soutenir leur confrère et se solidariser avec la corporation.
Me Baboucar Cissé : «Vous n’êtes pas le Tribunal des lamentations»
Par ailleurs, les conseils de l’Etat ont tenté de répondre aux avocats de la défense. Me Baboucar Cissé s’en est pris aux avocats de la défense qui ont convoqué des versets du Coran, la Bible et à qui il ne restait, selon lui, que d’amener une croix à l’audience. «On estime qu’on doit jouer sur la conscience des juges, mais vous n’êtes pas le Tribunal des lamentations», a pesté Me Cissé. Pour l’avocat, contrairement à ce que dit la défense, il s’agit d’un procès simple et non d’un procès politique. «Quand on commet des erreurs, on doit les assumer, on ne doit pas fuir», a-t-il conclu à l’attention du maire de Dakar.
De son côté, Me Moussa Félix a démenti la défense qui a argué que c’est la Cour des comptes qui était seule compétente. En effet, à en croire l’avocat, «l’article 79 de la Cour des comptes prévoit des poursuites pénales si d’autres faits révèlent des infractions». L’ancien bâtonnier de l’Ordre des avocats a donné des motifs expliquant leur demande en réparation. Selon lui, Khalifa Sall, par le biais de ses avocats, les a traduits devant la Cour de justice de la Cedeao pour leur réclamer 50 milliards de nos francs.
Cet argument a été appuyé par Me Yérim Thiam, qui précise que l’Etat du Sénégal n’a pas porté plainte contre Khalifa Sall et ses co-prévenus, ni ne les a cités, mais c’est le Procureur qui est à la base des poursuites.
Alassane DRAME