La ville de Thiès est rongée par l’inexorable avancée de la décrépitude. C’est le sévère réquisitoire de Thierno Alassane Sall contre sa ville natale. Le patron de la «République des Valeurs» fonde sa conviction sur le fait que le train ne siffle plus à Thiès et la gare centrale est devenue une galerie marchande où déborde le trop-plein du marché central. Pire, diagnostique-t-il, «le parking est une véritable cour des miracles où les vendeurs de téléphones neufs ou de seconde main cohabitent et collaborent avec ceux qui donnent une troisième vie à leurs marchandises».
Pour Thierno Sall, la répulsion a atteint son paroxysme, avec les voitures clandos dont l’âge moyen rivalise avec celui des conducteurs, lesquels ont leur aire de repos dans ce qui tenait de hall d’entrée de la gare. «Un bijou d’architecture que cette gare, abandonnée aux intempéries et au poids de son âge vénérable», se lamente-t-il.
Délabrement avancé et abandon
Pour donner un avis sur l'état de délabrement avancé et d'abandon dont est victime la ville de Thiès, Thierno Alassane Sall invite les gens à revoir le décor qu'offre la gare ferroviaire, située à l'intérieur du marché central. «Le long des quais et des emprises jonchés d’ordures, le marché central se répand partout, dans les rues principales occupées à moitié par des étals, dans les moindres ruelles jusqu’à gangréner les quartiers environnants. Ce n’est plus le commerce de détail, c’est le micro commerce, le commerce du minuscule, où les intermédiaires se multiplient à un point où la marge est dérisoire. S’y ajoute (ou plutôt se retranche) que le marchandage est si féroce qu’à la fin le bénéfice est famélique», fait-il remarquer.
Aucune industrie, indigence totale, quand l’informel tient le haut du pavé
Sur le plan économique, le constat est d'autant plus amer pour l'ex-ministre, qui rappelle que Thiès ne compte plus d’industries et l’informel tient le haut du pavé. Non sans déplorer l'occupation anarchique de l'esplanade de l’Hôtel de ville et ses allées qui jadis, «étaient propres et ombragées». Thierno Alassane Sall de fustiger : «les pavés de la Promenade des Thiessois, lieu mythique où vibrent encore les colères populaires abritent désormais des foires à longueur d’année, au grand dam des commerçants des marchés permanents. D’où des jacqueries incessantes entre maires et commerçants», souligne-t-il.
S'indignant de la pauvreté grandissante, Thierno Sall soutient que «l’indigence crève l’œil où que celui-ci se porte». Avec les motos Jakarta et les calèches toujours plus grouillantes, les étals partout et les marchands ambulants croulant sous le poids de leurs boutiques portatives….
De rares agences de banques faiblement fréquentées, des édifices publics en déliquescence
Allant plus loin, Thierno Sall soutient que «le décor de Thiès est constitué de quelques rares agences de banques, au demeurant, faiblement fréquentées, mais surtout des édifices publics en déliquescence. Toute la Cité Ibrahima Sarr (Ex Ballabey), les ateliers des chemins de fer en agonie, le lycée Malick Sy, la gare routière» sont tous dans un état de délabrement très avancé. Avant de se demander : «est-ce encore une gare routière cet immense garage où se faufilent véhicules d’un autre âge (la Peugeot 505 est le nec plus ultra du parc) ? Partout, cette odeur pestilentielle d’urine, ces ordures. Les projecteurs sont pour la plupart hors d’usage», signale-t-il Du côté des mécaniciens, qui se chargent de maintenir en circulation des véhicules «d’un âge pré diluvien», un véhicule fait ‘’vivre’’ outre son chauffeur une foultitude. Certains des vendeurs de fortune ont leurs diplômes universitaires remisés à la maison. C’est que le TER de l’émergence n’est pas encore arrivé à Thiès» confie-t-il.
Sokhna Khady SENE