A quatre mois des élections présidentielles, les coalitions continuent de se former. Et entre Ousmane Sonko et Abdoulaye Wade, l’éventualité est agitée. En effet, face à la presse, hier, l’ancien inspecteur des impôts a révélé s’être entretenu avec l’ancien président de la République (2000-2012) pendant près d’une heure et dans les jours qui suivent, il se rendra au Qatar pour le rencontrer et échanger avec lui. Le candidat déclaré de Pastef/Les patriotes aux élections à venir a profité de l’occasion pour revenir sur l’enquête sur la mort de Mariama Sagna, militante au parti Pastef, mais aussi sur la vidéo qui a défrayé la chronique ces derniers jours.
Qu’et-ce qui se trame entre Ousmane Sonko et Me Abdoulaye Wade ? En effet, parlant de sa vidéo où il déclarait que les chefs d’Etat sénégalais sont des criminels qui méritent d’être fusillés, Ousmane Sonko dit que, contrairement à l’image qu’on veut lui prêter, avoir discuté longuement avec Me Abdoulaye Wade. De leurs discussions, il est même prévu qu’ils se revoient. «Dans les prochains jours, je me rendrai au Qatar pour des discussions approfondies avec Wade», a révélé Ousmane Sonko, qui dit avoir «discuté pendant une heure avec Abdoulaye Wade».
Au sujet de leur discussion, Sonko révèle juste que le Président Wade lui a témoigné son affection, l’a réconforté et lui a donné des conseils avisés. «Il m’a demandé de dire publiquement : ‘’tu mènes un combat propre et tu as mon soutien’’», rapporte Sonko.
«Il n’y a aucune excuse à faire»
Au sujet de la vidéo qui fait débat, Ousmane Sonko dit qu’il ne présentera pas d’excuses, parce que pour lui, il n’y en a pas. «Il n’y a aucune excuse à faire. Il n’y a absolument rien de grave dans cette vidéo à retirer ou à regretter», a laissé entendre Sonko, qui explique que si cette vidéo a été sortie, c’est parce que le gouvernement est informé des démarches de sa prochaine rencontre avec Wade. «C’est ce qu’ils ont voulu piétiner en s’empressant de sortir cette vidéo, mais c’est raté», lâche Sonko.
Et pour ce dernier, cette vidéo qui date de très longtemps a été sortie de son contexte et pervertie. «Je n’ai cité aucun nom. Les gens se sont permis de citer des noms. Ensuite, dans la vidéo, j’ai parlé de ceux qui ont gouverné le Sénégal. Une personne ne gouverne pas un pays. Il y a un Président, il y a des ministres, des directeurs généraux…»
Revenant sur le contexte dans lequel il l’a prononcé, Ousmane Sonko de faire des révélations fracassantes sur le directeur des Domaines, Mamour Diallo, par ailleurs membre de l’Apr. «J’ai personnellement saisi le procureur de la République et l’Ige qui n’ont pas réagi. Seul l’Ofnac a réagi sur cette affaire. Il n’est pas à son coup d’essai», laisse-t-il entendre. Avant de poursuivre dans ses révélations : «il a été épinglé par d’autres rapports, notamment l’Ige et la Cour des comptes, une affaire de 94 milliards. C’est à propos du foncier, il s’est assis sur du faux pour enrichir quelques hommes d’affaires. Ce sont des crimes graves qui sont commis contre le peuple sénégalais. C’est dans ce contexte que je me suis prononcé», précise-t-il.
«Mon seul interlocuteur, c’est Macky Sall. Tous les petits gigolos qui s’agitent ne m’intéressent pas»
Pour le leader de Pastef, c’est après la sortie de son livre que le bruit autour de son parti a commencé, que la panique a atteint un certain niveau. Et pour lui, le silence est la meilleure posture pour se défendre. «Je ne suis pas si peu intelligent pour répondre à chaque accusation. Je n’ai pas à répondre à des accusations farfelues. Mon seul interlocuteur, c’est Macky Sall. Tous les petits gigolos qui s’agitent ne m’intéressent pas».
Revenant sur la mort de sa militante Mariama Sagna, Ousmane Sonko de dénoncer la précipitation avec laquelle il y a eu communication du parquet. «Sur le principe de la communication du parquet, nous n’avons pas de problème. Ça doit être de règle désormais. Mais, il y a énormément de crimes en cours d’instruction, de traitement, sur lesquels il n’y a pas eu de conférence de presse. Dans la même semaine, dans la même localité, un douanier a été retrouvé mort dans son véhicule, apparemment assassiné et le procureur ne s’est pas prononcé», explique-t-il.
Pour Sonko, le parquet s’est empressé de qualifier le mobile alors que l’assassin présumé n’était pas mis aux arrêts.
«Ni le procureur ni personne d’autre n’en connaissent grand-chose»
«Le procureur s’est précipité de déclarer sur un ton péremptoire qu’il n’y a aucun mobile politique à ce crime. 48h après, alors que le principal suspect n’était pas appréhendé, il s’est permis cette déclaration d’avoir à écarter un mobile, alors que lui-même situait le meurtrier aux environs de Kaolack. Ce qui veut dire qu’il n’a été ni appréhendé, encore moins entendu. Ensuite, il demande l’ouverture d’une information judiciaire non pas pour meurtre, mais pour assassinat». Et pour le leader du Pastef, c’est contradictoire.
Pour Sonko, ces conclusions ne pouvaient être élucidées à ce stade de la procédure. «Il écarte le mobile politique et de l’assassinat. Ni lui, ni personne d’autre n’en connaissent grand-chose pour l’instant, en attendant la saisine du juge chargé d’apporter plus de précisions et une fois que les mis en cause sont mis aux arrêts et leurs éventuels commanditaires connus».
Pour l’ancien inspecteur des impôts, Moustapha Cissé Lô, qui déclarait que la victime avait été retrouvée avec de fortes sommes d’argent, devrait être convoqué. «Comment a-t-il pu accéder à de telles informations, alors que les enquêteurs eux-mêmes n’ont pas vu cela ? Était-il de connivence avec le meurtrier ? Le strict minimum serait dans un Etat de droit que cette personne soit invitée à s’expliquer».
Khadidjatou DIAKHATE (Stagiaire)