Après les mines et l’électricité, Madiambal Diagne s’est attaqué au pétrole et au gaz, pour sa troisième conférence publique. Il a convié le Premier ministre et quelques experts, hier, pour parler de la valorisation du contenu local dans le secteur des hydrocarbures au Sénégal. Pour le Premier ministre Mahammad Boun Abdallah Dionne, ce forum revêt un caractère stratégique dans la phase actuelle de développement des découvertes de pétrole et de gaz au Sénégal. Le Premier ministre a révélé que les titulaires de contrats pétroliers auront l’obligation de choisir leur sous-traitants parmi les entreprises constituées d’au moins 60% de Sénégalais.
Venu présider la rencontre des grandes conférences du Quotidien, le Premier ministre s’est appesanti sur les retombées économiques des projets d’hydrocarbure sur l’économie sénégalaise. A l’en croire, le Forum sur la valorisation du contenu local dans le secteur des hydrocarbures au Sénégal revêt un caractère stratégique dans la phase actuelle de développement des découvertes de pétrole et de gaz de classe mondiale, réalisées dans notre pays et aussi dans notre zone frontalière avec la Mauritanie. «En vous focalisant sur le contenu local, vous mettez le doigt sur l’un des principaux enjeux d’une industrie pétrolière naissante dans notre pays. L’énergie occupe une place importante au sein du Plan Sénégal émergent (Pse), matérialisant l’ambition forte d’atteindre l’indépendance énergétique du Sénégal, à travers une politique de renforcement et de modernisation de nos capacités productives grâce à un mix énergétique appuyé par les énergies renouvelables», a déclaré Mahammed Boun Abdallah Dionne.
«Les titulaires de contrats pétroliers auront l’obligation de choisir leur sous-traitants parmi les entreprises constituées d’au moins 60% de Sénégalais»
D’après le chef du gouvernement, la plupart des pays subsahariens non-producteurs de pétrole supportent une très lourde facture pétrolière qui a toujours constitué une équation pour les finances publiques. «Il y a toujours eu un gap entre les produits finis issus du raffinage et les besoins du marché local en produits pétroliers. Le gaz continue d’être importé et 80% de notre production électrique repose sur le fossile que nous importons, avec des centaines de milliards de francs Cfa qui sont injectés à la Senelec chaque année pour maintenir les coûts abordables. L’exploitation des futures ressources pétrolières et gazières devrait contribuer, à travers une politique volontariste et inclusive du contenu local, à la création d’emplois directs et indirects, tout en favorisant le développement des entreprises sénégalaises, en particulier les Pme et les Pmi, sur toute la chaine de valeurs pétrolière et parapétrolière», affirme Boun Abdallah Dionne, qui annonce des mesures telles que l’obligation pour les titulaires de contrats pétroliers de choisir leurs sous-traitants parmi les entreprises constituées d’au moins 60% de Sénégalais, ainsi que le versement d’une contribution à la formation professionnelle.
Selon le Premier ministre, des études de benchmarketing doivent être menées pour définir des facteurs clés de succès et s’inspirer des meilleures pratiques pour préparer nos Pme et Pmi aux attentes de l’industrie pétrolière et gazière, avec des stratégies efficaces à mettre en œuvre. «Pour capter les importantes ressources dépensées dans l’industrie pétrolière et gazière, il faudra attaquer la question de la formation et des compétences nationales et leur employabilité, aux différents niveaux de la chaine, à travers des programmes de renforcement de capacités et de transfert de technologie et de savoir-faire et de formation permanente aux métiers du pétrole et du gaz», assure-t-il.
«Nous comptons arrêter d’exporter le coton produit par la Sodefitex pour faire une industrie textile dans le pays»
Cette problématique, indique le Premier ministre, sera résolue avec la mise en place de l’Institut national du pétrole et du gaz (Inpg). «Nous comptons arrêter d’exporter le coton produit par la Sodefitex pour faire une industrie textile dans le pays. Il sera de même pour l’acide phosphorique des Ics que l’on exportait vers l’Inde, pour que nous produisions sur place les engrais dont l’Afrique a besoin. Ainsi l’industrialisation de notre secteur économique placera le Sénégal dans les 7 premières économies africaines», révèle le Premier ministre.
Madiambal Diagne : «la découverte des hydrocarbures peut changer non seulement le visage de ce pays, mais également son devenir»
Pour Madiambal Diagne, le commun des Sénégalais n’a pas encore une perception claire de cette opportunité. Mais la découverte des hydrocarbures en quantité importante peut changer non seulement le visage de ce pays, mais également son devenir. «Il est important aujourd’hui de s’inspirer des expériences à succès. Le Sénégal a des compétences, des ressources humaines nécessaires pour pouvoir percer dans le secteur de l’hydrocarbure», a-t-il dit.
Ndèye Khady D. FALL