L’opposition est très déçue par le comportement du Conseil constitutionnel, qui ne cesse de faire prévaloir son incompétence chaque fois qu’il est interpellé. Hier, l’ancien ministre de la Justice et actuel président du groupe de l’opposition à l’Assemblée nationale, avocat de formation Madické Niang, s’est vertement attaqué à la juridiction.
C’est lors de la conférence de presse des avocats de Karim Wade que l’ancien ministre des Affaires étrangères a déversé sa colère sur la juridiction des sept sages. «C’est la démocratie qui est en danger. Parce que tous les principes qui la fondent sont tous les jours violés, piétinés, massacrés par ce régime», a d’emblée déclaré l’avocat qui note qu’aucune forme d’exigence par rapport à la règle de droit n’est prise en compte. «Ce qui est grave, c’est qu’on prend des lois pour une catégorie de personnes. Alors que la loi, elle est impersonnelle et générale», ajoute-t-il.
Pour lui, le régime, dans un souci de stratégie politique, manipule les institutions pour écarter certains du jeu démocratique. «Tout le cheminement de l’affaire Karim Wade montre à suffisance qu’on crée, qu’on ressuscite des juridictions, qu’on fait prendre des lois à l’Assemblée nationale tout simplement pour pouvoir empêcher à une catégorie de personnes de pouvoir jouir de leurs droits reconnus par la constitution et les traités internationaux», déplore le député.
«Le Conseil constitutionnel a baissé la tête et a préféré fermer les yeux»
Mais, selon lui, le plus grave, c’est que nous n’avons pas d’organe ou d’institution capable de garantir le respect de la règle de droit. «Le Conseil constitutionnel, à chaque fois, nous sert l’incompétence. Et à chaque fois que l’incompétence est servie, j’ai encore envie de rendre, de brûler, de déchirer, de piétiner ma robe d’avocat, parce que je me demande à quoi elle sert», s’indigne l’ancien ministre. Et d’ajouter : «Pour notre dernier recours, des arguments sérieux ont été invoqués. Mais on n’a pas été suivi», s’offusque-t-il.
A en croire l’avocat, ce n’est pas à une loi de corriger la constitution. «La constitution, quand elle doit prendre en compte cette intelligence, une modification constitutionnelle doit nécessairement intervenir. Mais, ils ont fait prendre par la loi modifiant le code électoral une modification importante disant ‘’tout Sénégalais électeur’’. Alors ce qu’il y a dans la constitution c’est : ‘’tout Sénégalais jouissant de ses droits civils et politiques’’. C’est très grave. Le Conseil constitutionnel a baissé la tête et a préféré fermer les yeux», déplore-t-il. Avant de marteler : «quand le Conseil constitutionnel ne prend pas notre place pour légiférer, il ferme les yeux sur des violations aussi graves».
Sidy Djimby NDAO