Avec Idrissa Seck, Mamadou Diop est de ceux dont le témoignage était très attendu pour le procès de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. L’ancien maire de Dakar a été entendu, hier, par le juge Lamotte concernant la nature de cette caisse. A cause de ses rapports avec Khalifa Sall, Mamadou Diop n’a pas été entendu en qualité de témoin, mais à simple titre de renseignement. Le témoin ne devant avoir aucun lien de parenté avec le prévenu, il avait déclaré d’emblée à la barre que Khalifa Sall, c’est son fils qu’il suit et connait depuis que ce dernier a 17 ans. Mais, avant répondre à la question de Me Khassimou Touré sur l’existence de fonds politiques, il a commencé par dire : «j’ai prêté serment pour dire la vérité et pour préserver mes délibérations. Aujourd’hui, on me dit de témoigner, je dirais la vérité».
Ayant visiblement des problèmes d’audition, la question et presque toutes les autres questions quasiment lui ont été rapportées par Me Abdou Dialy Kane qui se tenait près de lui, pour l’occasion. Mamadou Diop a alors commencé par faire l’historique des fonds politiques, pour dire que leur existence remonte à 1964. En 1972, Senghor avait accepté d’inscrire dans le cabinet des crédits. «J’ai pris la mairie en 1983. Abdou Diouf avait demandé à Jean Collin, à Moussa Ndoye et à moi-même de reloger ces fonds au niveau de la Communauté urbaine et a demandé au ministre chargé des Collectivités locales de superviser», explique encore l’ancien maire. «J’ai géré les fonds politiques de Senghor», a-t-il ajouté. L’ancien maire de la capitale a précisé que c’est lui qui a recruté Mbaye Touré et lui a permis d’aller étudier à Bruxelles. «J’ai 82 ans, j’ai passé 60 ans au service de l’Etat ; aujourd’hui, je suis en train d’écrire un livre sur la bonne gouvernance», poursuit l’ancien homme fort de Dakar.
Calme depuis le début de sa déposition, Mamadou Diop s’est, cependant, énervé et a haussé le ton, lorsque le procureur de la République, l’interrogeant sur les fonds politiques, lui a demandé s’il y avait de fausses factures ou s’il y a eu des factures pour des opérations réelles effectuées. «Je ne vous réponds pas si vous me posez la question de cette façon-là», peste-t-il avant de poursuivre : «les fonds politiques, on ne laisse pas de trace, on oublie. Vous n’avez pas le droit de me parler comme ça. On se justifie devant le ministre. J’ai 82 ans… Il n’y a pas un leader qui peut vous dire qu’il n’a pas pris de l’argent d’un fonds politique. Vous parlez de fausses factures, ce n’est pas ma conception».
Serigne Bassirou Guèye a gardé son calme durant tout ce temps et après que le témoin a terminé, il a fait remarquer qu’à entendre simplement les termes de fausses factures, ce dernier s’est énervé.
Alassane DRAME