
L’épouse de Abdoulaye Baldé a traduit en justice le chargé de propagande de l’Union centriste du Sénégal, Mame Bouh Camara. Ce dernier l'avait traitée de mœurs légères dans des publications sur WhatsApp et Facebook. Hier, le sieur Camara a été condamné par le juge des flagrants délits de Dakar à 2 ans de prison assortis du sursis et à payer à Madame Baldé 2 millions F Cfa à titre de réparation.
Mame Bouh Camara est d’une indiscipline caractérisée. Chargé de la propagande du parti Ucs, il s’est permis de traiter l’épouse de son leader, Ndèye Fatou Diop Faye, de femme aux mœurs légères. Mame Bouh Camara a eu l'audace de prendre sur Facebook une photo de la femme de Baldé qu'il a publiée sur son statut WhatsApp avec des écrits jugés diffamatoires, selon la plaignante. C'est pour cela qu'elle l'a traîné hier devant le juge des flagrants délits de Dakar où il répondait des faits de collecte et diffusion de données à caractère personnel. En bas du cliché de la dame avant publication sur WhatsApp, il avait écrit ceci : «ki rek mo beug tasse souniou parti comme une agence immobilière ou negou louyass».
Sommé de s'expliquer sur ça, il a rétorqué au juge : «c'est une métaphore que j'ai utilisée. Je ne peux pas traiter la femme de mon leader de mœurs légères. J'ai pris une photo d'elle sur sa page Facebook que j'ai publiée sur mon statut WhatsApp, mais je n'ai pas fait de montage. Je précise que j'avais mis en silence toutes les personnes qui n'étaient pas dans le parti». Cependant, le procureur lui a fait savoir qu'elle l'a traitée de chambre de passe. «Elle entend ça comme étant une chambre de passe. Il faut faire de la politique autrement», lui a-t-il conseillé. Mais, il s'est avéré qu'après cette publication, Mame Bouh Camara est revenu à la charge pour parler de la plaignante sur Facebook. Mais cette fois-ci en ces termes : «c'est la 3ème femme d'Abdoulaye Baldé, une danseuse de djembé qui a porté plainte contre moi». Interpellé à ce sujet, le prévenu a déclaré : «j'ai dit ça à des gens en privé, mais je ne l'ai pas écrit sur Facebook. C'est moi-même qui gère ma page». Et pourtant, les enquêteurs ont dit que ladite publication se trouve bel et bien sur sa page. Il enchaîne encore : «kou dem France am fa dieukeurou toubab gnibissi Sénégal amat dieukeur, loussi droit wax ?» Ayant reconnu avoir dit ça, Mame Bouh Camara soutient que c'était juste une interrogation. D’ailleurs, dit-il, il ignorait totalement que Ndèye Fatou Diop Faye était mariée à un blanc avant Abdoulaye Baldé. «J'ai voulu lui présenter mes excuses sur demande du président du parti, mais elle est restée injoignable. Il m'avait aussi ordonné de supprimer le statut. Je regrette cet acte puisqu'il m'a conduit ici», a-t-il lancé.
Absente à l'audience, la femme de Abdoulaye Baldé a commis deux avocats pour défendre ses intérêts. Me Mamadou Seck a demandé au tribunal de requalifier les faits en injures ou diffamation. De l'avis de la robe noire, c'est une imputation qui porte atteinte à son honneur, à celle de ses enfants etc. «Il a transféré la publication à un certain Lamine, un membre du parti, et celui-ci l'a envoyée à un autre. Il parle de son mari qu'elle avait en France et au Sénégal. Ça dépasse la politique. Il est animé d'une autre intention», a soutenu Me Seck qui a réclamé la somme de 30 millions F Cfa de dommages et intérêts pour sa cliente. Ce montant, selon lui, va empêcher la réitération de ces faits. Le procureur a requis 2 ans de prison dont 1 mois ferme contre lui.
Pour la défense, Me Abdou Aziz Diop a indiqué que son client faisait allusion à la morphologie de la plaignante, quand il parlait de "negou louyass". L'avocat a plaidé une application bienveillante de la loi pénale pour son client qui a présenté ses excuses à son mentor Abdoulaye Baldé. Au final Mame Bouh Camara a été reconnu coupable et condamné à 2 ans de prison assortis du sursis et à payer à la plaignante la somme de 2 millions F Cfa à titre de réparation.
Fatou D. DIONE