C’est à se demander s’il va rester des candidats pour faire face à Macky Sall lors de la prochaine présidentielle. Les transhumances vers les prairies plus vertes ne cessent plus, en effet. Dernière en date, celle de l’Union centriste du Sénégal d’Abdoulaye Baldé.
On y a mis la forme et tout pour prendre de la hauteur, mais, finalement, le voile a été levé et ce que beaucoup avaient soupçonné a fini par arriver. Abdoulaye Baldé et son parti l’Union centriste du Sénégal ont pris, hier, la décision de soutenir la candidature du président de la République Macky Sall. En conclave à Dakar, le temps d’une réunion du Conseil national de leur formation, le parti à l’effigie du dromadaire a mis fin au suspense.
À la fin de la rencontre qu’il a lui-même présidée, pendant presque cinq tours d’horloge, le maire de Ziguinchor a quitté la salle. Un comportement de l’ancien ministre que dictaient les circonstances. Il a ainsi laissé à son porte-parole national la lourde mission de s’adresser aux journalistes. Un face-à-face devenu très vite très houleux. «Absolument rien n’a changé. Nous ne sommes pas gens qui critiquent en avant pour essayer après de revenir en arrière. Le Président (Abdoulaye Baldé) l’a dit tout à l’heure, il n’est pas totalement satisfait du bilan du Président Macky Sall. Ça veut dire que la nation a besoin de ses filles et de ses fils. Il y a des moments de la vie, il faut s’oublier pour être aux côtés du peuple. Abdoulaye Baldé, c’est quelqu’un qui a pratiqué l’État au plus haut sommet», a tenté de rassurer Aboubakr Diassi, porte-parole national de l’Ucs.
Rappelant l’appel du pied du Président Macky Sall, depuis 2012, les centristes ont estimé que c’est naturellement que le Conseil national du parti a donné mandat au président Baldé d’aller soutenir le Président Macky Sall. «Tout n’est pas mauvais chez Macky Sall, il a quand même fait des choses. Nous, on n’est pas candidat, on apprécie la situation, on pèse le pour et le contre. Et puis, nonobstant le fait que depuis 2012 il nous fait un appel du pied très ouvert, connu de tous, s’y ajoute le fait qu’aucun autre parti politique n’a fait appel à nous. Maintenant, quand on fait la balance, on analyse profondément la chose, nous pensons véritablement qu’il a fait des choses et que la seule chose qui manque pour atteindre la vitesse de croisière qui sied, c’est que Abdoulaye Baldé soit au cœur du dispositif pour apporter une nouvelle impulsion à l’action gouvernementale», chantent-ils. Mais déjà, ils annoncent y aller pour apporter une impulsion nouvelle à l’action gouvernementale. Il s’agira, à les en croire, de corriger tout ce qui ne marche pas et consolider les acquis.
Concernant les présumées difficultés à propos du parrainage et qui auraient précipité leur décision de soutenir un autre candidat, il répond : «c’est archifaux, nous sommes légèrement en deçà de 70.000 parrains. Rien qu’à Ziguinchor, c’est 25.000. Il y a des individus qui sont malintentionnés, qui veulent ternir l’image du parti. Mais qu’à cela ne tienne… rappelez-vous, lors des dernières législatives, l’Ucs n’est pas arrivée à l’Assemblée nationale par le truchement du ‘’plus fort reste’’. Nous sommes là-bas avec deux députés», explique le porte-parole du parti.
Qui reconnaît tout de même des frustrations. «Oui, dans un parti politique, tout le monde ne peut pas aller dans le même sens. Maintenant, la démocratie veut que dans des rencontres de cette nature, il faille libérer la parole. Abdoulaye Baldé est un grand démocrate. C’est pourquoi on a libéré la parole, on a permis à tout un chacun d’exprimer son opinion, son point de vue et in fine, la démocratie l’a remporté. Je pense que sur les 45 départements du pays, il n’y a que deux qui se sont opposés, notamment Thiès, qui a fustigé le fait d’avoir appris la décision par voie de presse. Mais ils sont toujours dans le parti et ils suivent la discipline de parti», dit-il.
Avant d’indiquer, à propos des démêlés avec la justice de leur leader, que Abdoulaye Baldé est quelqu’un qui a fait montre d’une éthique et d’une morale irréprochables. «La Crei a fait ce qu’elle devait faire, les missions rogatoires ont sillonné le monde, elles sont revenues… il n’y a rien de cachotier dans ce dossier-là. Il a toujours dit qu’il est blanc comme neige, il n’a rien à se reprocher et jusqu’à la fin de l’univers, personne ne pourra entacher sa crédibilité ou bien son honorabilité», a-t-il ajouté.
Sidy Djimby NDAO