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L’AMBASSADEUR BRUNO DIATTA N'EST PLUS: Le Sénégal perd une icône, la présidence de la République son âme



L’AMBASSADEUR BRUNO DIATTA N'EST PLUS: Le Sénégal perd une icône, la présidence de la République son âme
 
 
Après 40 ans au service des chefs d’Etat sénégalais, Bruno Diatta a tiré sa révérence. La présidence de la République perd une icône, son âme et sa mémoire. Pout toute la nation, c’est une figure emblématique, devenue très familière aux Sénégalais, à force d’être à côté des chefs d’Etat durant des décennies, qui s’en est allée.
 
 
Le Sénégal en deuil, le ministre Bruno Diatta n’est plus ! Le chef du Protocole de la Présidence de la République a été rappelé à Dieu, hier. Une grosse perte pour la République qui perd une icône. A force d’accompagner les chefs d’Etat qui se sont succédé au palais depuis l’indépendance, Bruno Diatta était devenu familier aux Sénégalais, malgré sa discrétion légendaire et son calme olympien. Qui ne reconnaît pas cet homme à la mise impeccable, à la démarche altière, presque effacé, mais efficace derrière Senghor, Wade, Diouf ou encore Macky Sall ?
Né le 22 octobre 1948, Bruno Diatta devait fêter ses 70 le mois prochain. Avec son décès, et pour avoir fait presque toute sa carrière au palais, c’est une véritable «bibliothèque qui brûle», pour paraphraser Amadou Hampaté Bâ.
 
 
Chef du Protocole de la Présidence de 1979 à 2018
 
Entrée au Palais en 1978, comme adjoint au chef de protocole avant de devenir en 1979 chef du Protocole à la faveur du départ du titulaire Cheikh Lèye (nommé ambassadeur en Allemagne), Bruno Diatta, qui avait déjà séduit Senghor, l’accompagnera jusqu’à son départ. Abdou Diouf, qui a succédé au Président-poète, va lui faire confiance durant tous ses mandats (19 ans). Et ses états de service ont été tels qu’en 2000, Abdoulaye Wade n’a senti aucun besoin de se séparer de lui. Et quand intervient l’alternance de 2012, surtout avec son âge avancé, beaucoup le voyaient partir à la retraite. Mais Macky Sall va renouveler la confiance qu’avaient placée en lui ses trois prédécesseurs. Mieux, il va l’élever au rang de ministre. Jeune Président (né après les indépendances), le successeur de Wade savait sans doute qu’il allait avoir besoin de l’expérience de l’homme, pour qui le Palais et ses affaires n’avaient plus de secrets.
Mais, ces dernières années, l’homme était de moins en moins visible. Et on sentait qu’il préparait son départ, avec l’arrivée d’autres jeunes, dont son propre fils.
 
 
Un brillant esprit découvert par le professeur Assane Seck avant d’être révélé par le Président Senghor
 
 
Personne ne parlera de Bruno Diatta en pensant à une «promotion lobbying». Fils de l’ancien ministre et député-maire d’Oussouye, Edouard Diatta, l’homme était brillant et compétent. C’est ce qui a fait qu’il a été très tôt remarqué par le professeur Assane Seck, par qui Senghor fera sa connaissance, avant de le muter au Palais. «Je l’ai nommé conseiller technique à mon cabinet, car il était tellement brillant et je ne voulais pas qu’il se fasse détruire sa carrière dans les ambassades», a expliqué l’ancien ministre des Affaires étrangères dans un article publié en mars 2017 par l’Observateur, intitulé «Biographie de Bruno Diatta», et signé par notre confrère Mor Talla Gaye. Mais son histoire avec Bruno Diatta remonte à plusieurs années auparavant, quand ce dernier, jeune bachelier, était allé à son bureau, alors qu’il était ministre de l’Education nationale, pour la bourse d’études qu’il devait recevoir. Bruno Diatta a demandé une bourse pour «Sciences politiques». Mais le gouvernement ne donnant pas de bourses pour les sciences politiques, il avait demandé au jeune bachelier littéraire (mention Bien), d’aller réfléchir et de revenir lui faire son choix définitif. Mais, 15 jours après, l’ex-élève du lycée Van Vo est revenu avec le même choix et la même conviction. Le ministre ne pouvait que suivre sa volonté. «A l’époque, j’étais coincé, parce que parmi tous les élèves que j’avais reçus, c’était le seul qui voulait faire Sciences-Po. Finalement, comme il était brillant, je lui ai donné une bourse pour Sciences-Po Toulouse», raconte le professeur Seck.
 
 
Bac avec mention «Bien», Sciences Po et major de sa promotion à l’Ena
 
Après son Bac littéraire avec la mention «Bien» et un brillant passage à Sciences Po Toulouse, Bruno est revenu au pays en 1976, pour faire l’Ecole nationale d’administration (Ena). Et au bout de 2 ans, il sort major de sa promotion. Pas étonnant que le Pr Seck qui l’avait repéré plus tôt le fasse venir à ses côtés au ministère des Affaires étrangères. Et c’est là-bas que Senghor, qui avait comme habitude de faire souvent des tours dans les ministères, l’a vu et tombé aussitôt sous le charme de son intelligence et de sa personnalité.
 
Mbaye THIANDOUM
 


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