C’est désormais officiel : la licence du groupe Walfadjri a été retirée. Hier, le ministre Moussa Bocar Thiam a notifié à la Direction du Groupe fondé par Sidy Lamine Niass «l’ordonnance portant retrait de la licence de diffusion des programmes du groupe Walfadjri». Dans son document, le ministre reproche au groupe de presse sa «couverture de la situation de tensions politiques notées à Dakar le dimanche 4 février 2024».
Dimanche 4 février 2024, alors que le Sénégal devait officiellement entrer en période de campagne électorale pour la présidentielle de 2024, ce sont des manifestations marquées de heurts et de violence qui ont été notées à Dakar et dans l’intérieur du pays. La cause de ce bouleversement : le report sine die de l’élection présidentielle décidé unilatéralement par le président de la République. Comme à chaque fois que des manifestations se tiennent à Dakar et à l’instar de bien des médias, le groupe Walfadjri jugé proche de l’opposition interrompt ses programmes pour montrer aux Sénégalais ce qui se passe dans leur pays et au monde entier ce qui se passe au Sénégal.
Lors de la diffusion de ces événements, en pleine édition spéciale, le signal de Walfadjri a été coupé sur décision du ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, Moussa Bocar Thiam. Seulement, malgré cette coupure de son signal, la diffusion des programmes se poursuit sur la chaîne YouTube du groupe où beaucoup d'autorités appellent pour exprimer leur solidarité, mais aussi fustiger l’attitude du ministre de tutelle pour un groupe qui fait du service public. C’est le moment qu’a choisi Moussa Bocar Thiam pour porter l’estocade au groupe fondé en 1984 par feu Sidy Lamine Niasse, en décidant du «retrait définitif de la licence du groupe Walfadjri».
Le ministre de la Communication, des Télécommunications et du Numérique assure dans sa décision qu’il s’est appuyé sur l’article 142 de la loi numéro 2017-27 du 13 juillet 2017. «Les propos haineux et subversifs sont d’autant plus préoccupants qu’ils sont portés par des Journalistes et certains se disant chroniqueurs sans aucune retenue ni pondération encore moins un équilibre. Pendant trois heures des appels incessants au soulèvement violent de la population ont été relayés à l’édition spéciale animée par des journalistes et même par le Président-directeur général du groupe Cheikh Niasse qui appelle le peuple à combattre dans la rue tout en traitant le Président Macky Sall de ‘´monstre’´», a justifié Me Moussa Bocar Thiam.
Sidy Djimby NDAO
Walfadjri appelle à la mobilisation
Décidant de ne pas baisser les bras face à cette décision du gouvernement du Sénégal, Walfadjri a appelé à «la mobilisation de tous les démocrates». « Alerte : le Monstre vient de nous délivrer le certificat de décès de Walf. Levée du corps ce vendredi à 15h devant les locaux du Groupe pour en finir définitivement avec ces tyrans. Vivement la révolution», a réagi à ce sujet le groupe Walfadjri sur son compte X (ex Twitter). Le groupe de presse a adressé une lettre au préfet de Dakar pour l’organisation d’un sit-in à partir de vendredi pour un sit-in devant les locaux du Groupe Walfadjri, le vendredi 9, samedi 10 et dimanche 11, février 2024 de 15h à 19h.
Reporters sans frontières (Rsf), dans un communiqué publié hier demande aux autorités de garantir le droit à l’information et la sécurité des journalistes. «Au Sénégal, les journalistes sont fréquemment victimes d’arrestations – une douzaine ont été arrêtés dans l’exercice de leur fonction entre juillet 2022 et août 2023 – et d’attaques, venant tant des forces de sécurité que des acteurs politiques ou de leurs soutiens. Les abus de pouvoir se sont également multipliés, avec notamment une première suspension du signal de Walf Tv en juin 2023 et des restrictions de l'accès à Internet et aux réseaux sociaux», note Rsf dans son communiqué.
Sidy Djimby NDAO










