Deux ans après son départ du Sénégal pour se marier en Autriche, la ‘’femme d’affaires’’ est de retour! Armée de sa guitare légendaire, Marema, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, est revenue avec beaucoup de surprises. Entre un clip qui doit sortir d’ici la fin de l’année et un album avec beaucoup d’invités de marque, celle qui ne cesse de défendre la cause des femmes compte reprendre son bâton de pèlerin pour éveiller et regrouper la gent féminine de la musique sénégalaise.
Ménage et musique
«Cela fait deux ans que je n'étais pas allé au Sénégal. J'étais en Autriche pour les besoins de mon mariage et par la suite je suis tombée enceinte coïncidant avec la pandémie. Vu qu’il y avait plus d’activités en Europe et un peu partout dans le monde, c’était un peu dur, mais cela m’a arrangée, vu que je me suis concentrée sur mon ménage et à ma belle-famille. En fait, les gens ont peur des artistes, donc ce n’est pas facile d’épouser une chanteuse. Beaucoup de personnes pensent que nous sommes mystiques. Et c’est vrai qu’il y aura toujours des gens qui seront pour et d’autres contre, comme dans tous les mariages. C’est notre métier qui nous rend célèbre parce que notre vie est exposée, tout le monde essaye de savoir tes moindres faits et gestes ; mais Dieu merci toute la famille de mon mari m’a bien accueillie. Mon mari m’aime beaucoup et me soutient.C’est vrai que durant deux ans, je me suis consacrée à ma belle-famille, mais j’allais souvent dans un studio pour ne pas perdre ma voix. J’ai entamé aussi des collaborations avec d’autres artistes. J’ai aussi beaucoup écrit pour préparer mon retour au Sénégal.»
Evolution de la musique sénégalaise et son actualité
«J’ai remarqué un peu de changement dans la musique sénégalaise et il y a beaucoup de jeunes qui sont en train de faire de belles choses, mais il faut que les jeunes redoublent d’effort. En effet, la pandémie a beaucoup changé le monde musical et vu qu’il n’y a pas de concert, il faut s’adapter et aller de l’avant. Il faut que les jeunes travaillent davantage avec l’internet pour valoriser leurs œuvres. Ce qui est vraiment dommage au Sénégal, c'est que les chanteurs oublient l’essentiel et se mettent à chanter des personnes durant tout un concert, surtout si ceux qu’ils chantent ont la gâchette facile. Ils peuvent chanter des personnalités pendant 4 heures alors que dans le public, il y a des mélomanes qui sont venus apprécier ta musique, mais à la fin, on n’y comprend rien du tout et ça devient de la cacophonie. Pourtant, avant de quitter le Sénégal, j’ai sorti un clip vidéo, mais je n’ai pas eu le temps de faire la promotion du clip «Patriote» car j’avais déjà entamé une tournée. Mais là, je veux continuer la promotion du clip et je suis en train de terminer un album et aussi un nouveau clip. J’ai invité un Guinéen mais aussi une grande figure sénégalaise dont je tairais le nom pour le moment. Je songe aussi à inviter une Malienne ou une Sénégalaise…Je veux sortir le clip avant la fin de l’année.»
Thème du nouvel album
«Comme toujours, il y aura des thèmes diversifiés et l’étiquette qui me colle depuis que j’ai commencé dans la musique, c’est que les gens disent que je suis une féministe parce que je défends les femmes. Il y a des thèmes comme la jalousie entre femmes, la place des femmes dans la société…»
Chanteuses qui peinent à drainer du monde
«Ce n’est pas le fait que les hommes chantent mieux que nous, car les femmes ont beaucoup de talent, mais c’est Dieu qui décide aussi. Par contre, des femmes comme Coumba Gawlo ou Viviane drainent du monde. Mais c’est une triste réalité, car les femmes ont du mal à se regrouper pour faire un clip ensemble ou un album, ou une compilation. Cela se fait dans d’autres pays, mais pas au Sénégal. En tant que femme d’affaires, je vais entamer des démarches pour que l’on soit soudé et faire davantage notre promotion.»
Manque de scène au Sénégal
«C’est un constat désolant et honteux pour notre pays. Si vous allez à Abidjan, vous allez vous rendre compte que c'est un carrefour musical, il y a tellement d'événements pour permettre aux artistes de s’exprimer, mais ici, on a tout le temps des problèmes. Quand j’ai vu Dakar music Expo, je me suis dit que c’est une très bonne initiative, vu que cela va se faire chaque année. Il y a un réel problème de continuité au Sénégal parce que tu peux jouer dans un festival cette année et l’année suivante, on te dit qu’il n’y a pas de festival. En général, ce sont des problèmes de subventions et ce sont des choses qui sont en train de tuer la culture sénégalaise. Le Sénégal manque de scènes pour organiser de grands concerts, car cela va permettre aux chanteurs qui font de l’acoustique et de la variété de se produire. Mais c’est grave ce qui se passe au Sénégal. C’est hyper compliqué et c’est dommage pour la musique sénégalaise, parce que les gens font de belles choses.»
Les morts durant le mois de mars
«Ce qui m’a choquée durant les deux ans au Sénégal quand j'étais en Autriche, c’est les morts durant le mois mars. Le fait de prendre un problème pour en faire un problème national, c’était vraiment désolant. Sans compter les saccages qui en ont découlé. C’est un problème qui m’a marquée et choquée. C’est un problème qui aurait dû être géré de la manière la plus discrète. Ce qui est dommage, c’est qu’il n'y ait plus de vie privée dans ce pays.
Samba THIAM