Les commerçants et autres sociétés sénégalaises évoluant dans le secteur du commerce avaient raison de tirer la sonnette d’alarme après l’installation massive de multinationales françaises de la distribution sur presque tout le territoire du Sénégal. En effet, les Gilets Jaunes, qui perturbent le gouvernement d’Emmanuel Macron depuis le mois d’octobre, ont révélé la façon dont les intérêts et richesses sénégalais sont «négociés» d’une manière opaque entre l’État et les multinationales françaises. Pire, ils mouillent des fonctionnaires bien payés pour participer à ce système de vol organisé.
En pleine campagne électorale, le Président Macky Sall aurait sans doute voulu que les Gilets jaunes se limitent à la France et que ce mouvement contestataire qui secoue le pays de Marianne ne se mêle jamais des relations entre son gouvernement et les multinationales étrangères. Dans une vidéo intitulée «L’Immigration : parlons-en», les Gilets jaunes de l’Ile de Saint-Denis dans le 93 font des révélations, quant à la mainmise des sociétés françaises sur le marché et l’implantation des grandes surfaces dans le pays en indexant la société La frontière de Marseille. «Au Sénégal, les sociétés françaises comme La frontière de Marseille, dont les principaux actionnaires sont des grandes chaines de supermarchés françaises, se font attribuer des dizaines de milliers d’hectares de terres pour des durées illimitées, avec une exemption d’impôts de 99 ans», fait savoir l’une des Gilets jaunes du célèbre quartier communément appelé le «neuf-trois» (93). Ces sociétés, renseignent les Gilets jaunes, «produisent des fruits et des légumes dont 98% sont exportés vers l’Europe». Alors que «les communautés paysannes possèdent un droit d’usufruit illimité des terres qu’elles occupent», les multinationales font de manœuvres souterraines pour entrer en possession de ces terres. D’ailleurs, révèle la section des Gilets jaunes de Saint-Denis, «c’est par d’obscures négociations qui se déroulent à Dakar, entre l’Etat du Sénégal et les multinationales françaises et étrangères, que les paysans se retrouvent dépossédés de leurs terres». Pis, ces négociations, qui aboutissent à des accords sombres, se passent loin des oreilles indiscrètes, mais avec «la complicité de fonctionnaires sénégalais grassement récompensés».
Samba THIAM