Le grand oral de Cheikh Tidiane Gadio s’est déroulé, hier, dans une école de la place. Durant 77 minutes, l’ancien diplomate sénégalais a tenté de convaincre la presse sénégalaise sur «le malentendu» qui l’a obligé à rester au pays de l’oncle Sam durant un an. In fine, il a réfuté une fois de plus les accusations, nié sa double nationalité et apporté des éclaircissements sur une prétendue intervention de Macky Sall.
Faux et faux ! Cheikh Tidiane Gadio a balayé d’un revers de main toutes les accusations dont il avait fait l’objet dans l’affaire de pots de vin qui lui avait valu d’être assigné à résidence pendant plus d’un an. «Je n’ai pas été inculpé par la justice américaine», a-t-il fait savoir. «Il n’y a aucun deal concernant ma libération. J’ai été totalement blanchi», dit-il. D’ailleurs, il précise que, contrairement à ce qui a été annoncé, le contentieux établi par la justice américaine ne reposait que sur 2 millions de dollars au lieu des 400 millions de dollars annoncés». Mais, poursuit-il, il n’y a aucune transaction pétrolière au Tchad entre la compagnie chinoise, le gouvernement tchadien et mon cabinet de consultance. Le deal n’avait pas abouti. Et c’est parce qu’il n’avait pas abouti qu’aucun contrat n’a été signé pour que je puisse toucher ma commission. Ce qui ne serait ni honteux, ni illégal, si tous nos efforts avaient été couronnés de succès», a expliqué le président du Mouvement panafricain et citoyen - Luy Jot Jotna. Et de poursuivre : «notre cabinet a perçu des ‘’consultancy fees’’ ou des honoraires de consultance, soit 400.000 dollars, ainsi répartis par la compagnie chinoise elle-même : 100.000 dollars pour soutenir mes activités liées au panafricanisme et à l’unité de l’Afrique, 100.000 dollars pour rembourser six mois de préfinancement des prestations de notre cabinet au Tchad et en Chine (entre septembre 2014 et mars 2015) et 200.000 dollars pour nos honoraires». En plus, il renseigne que son cas «ne s’est limité qu’à l’étape d’une plainte. Je n’ai jamais été emmené devant un juge. Il n’y a jamais eu de procès et j’ai fait 10 jours de détention préventive sur les 387 jours que j’ai passés aux États-Unis».
Il a toutefois remercié le Président Macky Sall pour son soutien. Mais, il tient à préciser qu’une intervention dans ce dossier judiciaire lui aurait été fatal. «Soutien de Macky Sall ? Cette question m’a amusé. Le Président Macky Sall connaît assez bien les Usa. Son intervention auprès du Président américain Donald Trump aurait ruiné mes chances», a fait savoir Gadio. Ce dernier de révéler que le juge qui a condamné l’avocat de Donald Trump, c’est celui-là qui avait ses dossiers. «Donc, j’ai compris que je ne suis pas un petit à côté de Trump», a-t-il rigolé, tout en niant lier son soutien à la candidature de Macky Sall à la présidentielle du 24 février à cette supposée intervention.
Tout de même, l’ancien ministre des Affaires étrangères a fait savoir qu’il a parlé avec le Président Sall pendant plus d’une heure. «’’Cheikh dis moi tout’’ ! voilà ce que m’a dit le président de la République. Et cette conversation avec le Président, qui n’a pas tenu compte de nos divergences politiques, m’a été d’un réconfort incommensurable. Il a instruit son ambassadeur et consul de m’assurer une assistance», a dit Gadio.
«Je suis uniquement Sénégalais…»
Cheikh Tidiane Gadio a aussi démenti l’information selon laquelle il a la la double nationalité. «Je ne suis pas, je n’ai jamais été Américain. Je n’ai jamais cherché la nationalité d’un autre pays. Je suis uniquement Sénégalais depuis ma première tétée, le 16 septembre 1956», affirme-t-il. En guise de preuve, il exhibe une carte. «J’ai une Green card américaine depuis 1999. Elle a été renouvelée en 2010 jusqu’en 2022. Ce qui est d’ailleurs exceptionnel, parce que la Green card est renouvelée pour 10 ans».
«Khalifa Sall n’a qu’à s’occuper de sa candidature, moi je m’occupe…»
Sur un autre sujet, Cheikh Tidiane Gadio s’est prononcé sur l’affaire Khalifa Sall. Il a soutenu qu’il a envoyé un message de soutien à l’ancien maire de Dakar. Quand les journalistes lui ont posé la question de savoir si la candidature de Khalifa Sall sera validée ou pas, l’ancien diplomate s’est voulu on ne peut plus clair. «Que Khalifa Sall s’occupe de sa candidature, moi je m’occupe de mon candidat et c‘est Macky Sall», conclut-il.
Samba THIAM