Faire face au peuple sénégalais, à travers la magie de la télévision, pour expliquer son programme et essayer de convaincre le maximum d’entre eux, c’est ce que des compatriotes exigent. Ils ont en effet lancé une pétition en ligne, pour exiger un débat télévisé entre les candidats à la présidentielle de 2019.
Les Sénégalais qui aspirent à briguer la magistrature suprême ont intérêt à parfaire et blinder leurs programmes. Et pour cause, il se pourrait bien que notre pays inaugure en 2019 son premier débat télévisé pour une élection présidentielle. En effet, ce fait nouveau de la démocratie moderne, qui n’est plus un secret dans les grandes démocraties, commence à faire du chemin en Afrique. Mais notre pays, qui, pourtant, est cité parmi les poids lourds en matière de démocratie sur le continent, n’a jamais connu de débat télévisé entre des candidats à une élection. Cette situation jugée «anormale» par certains de nos concitoyens va peut-être changer pour très bientôt.
En effet, des compatriotes ont initié une pétition dans le but d’exiger des futurs candidats à la présidentielle de débattre publiquement. La pétition qui s’intitule «Elections présidentielles 2019 : exigez le débat public télévisé entre les candidats» vise, à travers une participation des citoyens connectés, à changer les choses, selon les initiateurs. «Cette cause nous tient vraiment à cœur et nous pensons qu’ensemble on peut changer les choses. Il ne s’agit pas seulement de signer et penser que cela va suffire. En effet, votre signature est un acte fort pour exiger la rupture et manifester votre volonté de changement du scenario politico-électoral de notre pays. Bientôt, le Sénégal aura 60 ans d’indépendance en (2020) et on a toujours assisté à des campagnes électorales onéreuses et folkloriques, nourries par des attaques personnelles», ont expliqué les initiateurs dans le texte accompagnant la pétition déjà en ligne depuis le 23 avril dernier.
Les thèmes éventuels à aborder
Toujours dans leurs explications, dans le souci de faire adhérer les Sénégalais à ce e-projet, les initiateurs clament : «nous citoyens et électeurs ne voulons plus voter aveuglement sans savoir quel programme propose tel ou tel candidat». Ainsi, «c’est pour ces raisons que nous exigeons le débat afin d’être élucidés sur certains sujets qui nous intéressent», préconisent-ils.
En guise d’exemple de sujets qui intéressent les Sénégalais, ils citent, entre autres, la Bonne Gouvernance et la Séparation des Pouvoirs, les Energies et Ressources naturelles, l’Economie et les Secteurs privés, la Dette extérieure du Sénégal pour ou contre la sortie du Franc Cfa et pourquoi, l’Education et Formation professionnelle, la Santé et Couverture médicale universelle, l’Emploi et Jeunesse. Les initiateurs ont aussi préconisé comme sujets : la Casamance avec des propositions de solution pour la paix définitive, l’Agriculture et l’Industrialisation, l’Assainissement des Finances publiques, le Monde rural avec ses multiples défis notamment l’Eau ou encore l’Electrification, la Diplomatie et les Relations internationales mais aussi la Diaspora.
Objectif : 1 million de signatures
Visant un objectif d’un million de signataires, les initiateurs estiment que cela servira de moyen de pression pour obtenir le changement que nous voulons. «Cette campagne a démarré le 23 avril 2018 mais va seulement prendre de l’ampleur lorsque des gens comme vous s’impliquent : prenez un instant pour participer au changement tant voulu et rêvé en signant et en faisant passer le mot», galvanisent-ils, criant haut et fort leur patriotisme à travers la devise du Sénégal «Un Peuple, Un But, Une Foi» et invitant leurs concitoyens à oser le débat.
La Sierra Leone et le Bénin le font déjà…
Si la volonté de ce collectif venait à être concrétisée, le Sénégal fera un nouveau pas vers les grandes démocraties du monde. En Afrique, plusieurs pays ont déjà connu un débat télévisé en marge d’une élection. Au mois de février dernier, les différents candidats à la présidentielle sierra-léonaise ont débattu à la télévision. Avant, en février 2016, les challengers pour la présidence béninoise avaient déjà fait de même. Au Sénégal, au regard de la distance qui existe entre le pouvoir et l’opposition à cause d’un manque de confiance qui s’est installé, beaucoup d’équations devront être solutionnées pour arriver à un débat.
Sidy Djimby NDAO
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