Le Collectif des organisations de la société civile revoit ses plans. Ce, à la faveur de médiations souterraines qui sont entreprises en ce moment par des tiers (qu’ils n’ont pas voulu citer). Toutefois, ils disent être prêts à déterrer la hache de guerre. Fadel Barro en a profité pour décliner les financements obtenus par Y en a marre et les activités réalisées en révélant que même la mairie de Aly Ngouille Ndiaye a eu à en bénéficier.
Le retrait de l’agrément de Enda Lead Afrique avait créé émoi et stupéfaction dans le monde des Ong et de la société civile. Alors qu’il était décidé à se battre, le collectif des organisations de la société civile, qui a fait face à la presse hier, a décidé de faire pédale douce. Mais selon Fadel Barro, l’Etat ne perd rien pour attendre. «Pour l’instant, nous laissons le temps à la médiation, mais cela ne veut pas dire que nous baissons la garde. Ça ne veut pas dire non plus que notre combat ne sera pas mené. Parce qu’en réalité, ce retrait de l’agrément de Enda Lead ne sera pas le dernier, dans cette poussée que nous constatons de plus en plus et qui vise à museler toute opinion discordante», a déclaré Fadel Barro.
Avant de tonner: «viser des Ong parce qu’on suppose qu’elles financent Y en a marre, ça ne nous ébranle pas. Notre légitimité ne dépend pas de la volonté de qui que ce soit. Ça dépend de la volonté du peuple sénégalais, de sa liberté d’association et dans sa liberté d’organisation», martèle-t-il.
Financement de Y en a marre
Interpellé sur les financements, sur l’argent et si les statuts de l’organisation permettent que Y en a marre touche cet argent, Fadel Barro déplore qu’on veuille entretenir le flou, comme quoi Y en a marre serait irrégulier et ne serait pas en droit de recevoir des subventions pour mener ses activités. Ce qu’il y a de plus faux, dit-il. La loi sénégalaise qui régit les associations, dit-il, autorise toutes les associations à avoir des subventions et à mener des activités. «Y en a marre n’est pas la première organisation et ne sera certainement pas la dernière. La Raddho est une association comme Y en a marre et elle existe depuis presque 25 ans. Le Forum civil a fait le choix d’être une association et non une Ong… Nous sommes une association. L’Etat subventionne des associations par le biais de ses ministères. Ce n’est donc pas quelque chose de spécifique à Y en a marre. Mais ils ont fait une attaque spécifique à Y en a marre», s’est défendu Fadel Barro.
Aly Ngouille Ndiaye a bénéficié des financements de Y en marre, selon Fadel Barro
Au sujet des arguments avancés par l’Etat pour fermer le robinet à Lead, sous prétexte que cette dernière finance Y en a marre, Fadel Barro rit sous cape et dit : «l’utilité publique, c’est quand on fait le choix d’être une Ong. Nous avons fait le choix de ne pas être une Ong et c’est notre droit. Ils ont cherché aussi à entretenir le flou, en disant que Y en a marre aurait reçu 350 millions. Ce n’est pas vrai ! Les 350 millions qui auraient été financés par Oxfam et Osiwa, c’est une vue de l’esprit. Nous ne savons même pas de quoi il s’agit. Nous avons effectivement reçu des financements, dans le cadre de l’Université populaire de l’engagement citoyen. Nous avons reçu d’autres comme le projet «Dox ak sa gox, wax ak sa maire». Dox ak sa gox, qui a été lancé à Linguère, avec le maire Aly Ngouille Ndiaye lui-même, a bénéficié de ce financement de Y en a marre. L’actuel ministre de l’Intérieur a bénéficié de ce projet financé par Osiwa et Oxfam, sous l’accompagnement technique de Lead Afrique francophone», a-t-il laissé entendre.
Bibliothèque de l’Assemblée nationale réhabilitée avec l’argent de Y en a marre
Il ajoute aussi que Y en a marre, avec ses partenaires comme l’Ong 3D, a participé à réhabiliter la bibliothèque de l’Assemblée nationale. A côté du projet «Wax ak sa député», ils ont réhabilité la bibliothèque de l’Assemblée nationale, par le financement de l’Usaid.
Plan de riposte suspendu, le temps de laisser place à la médiation
Sadikh Niasse, le coordonnateur de la Raddho, de déclarer qu’ils se félicitent par ailleurs de la médiation entamée par des tiers. «Nous avons été mis au courant d’une médiation entreprise par de bonnes volontés, qui veulent emmener les autorités à retirer le décret d’annulation de l’agrément de Lead. Ce que nous accueillons avec satisfaction et que nous encourageons. Et pour cela, nous avons décidé de surseoir à notre plan d’action que nous allons reprendre dans les prochains jours», dit-il.
Madou MBODJ