La polémique enfle à la Médina. Le bras de fer engagé sur certaines délibérations relatives à la pose de gazon synthétique dans certaines écoles, qui oppose le Conseil municipal de la Médina au sous-préfet de Dakar-Plateau est en train de connaître une autre tournure. Le Conseil municipal avec à sa tête Bamba Fall, les délégués de quartiers et autres associations sportives ont organisé une grande manifestation avant-hier pour descendre le sous-préfet Djiby Diallo, présenté par certains comme un cousin de Macky Sall qui fait de la politique pour le compte de l’Apr dans la commune.
Entre le sous-préfet de Dakar Plateau Djiby Diallo et le Conseil municipal de la Médina, c’est la guerre totale depuis que l’équipe de Bamba Fall a décidé de poser un gazon synthétique dans une école. En sit-in avant-hier devant les locaux de la mairie, sous supervision des forces de l’ordre, les travailleurs de la municipalité n’ont fait aucun cadeau au sous-préfet qu’ils accusent de travailler à bloquer les projets du maire. C’est Malick Samba qui prend la parole en premier, pour déplorer au nom des jeunes l’attitude du sous-préfet qui consiste à revenir sur des délibérations qu’il avait lui-même signées. «C’est une gifle que le sous-préfet nous a administrée, il faut qu’on la lui rende. Et nous allons la lui rendre», a commencé par dire le jeune Malick Samba, qui narre que depuis l’avènement de ce sous-préfet, ce sont des problèmes à la pelle. Il rappelle à cet effet le Auchan, des projets de pavage de certaines ruelles... «Ce projet de pose de gazon synthétique pour le compte de la commune de la Médina ne date pas d’aujourd’hui. Ce sont les Asc, qui avaient du mal à avoir un terrain où s’entraîner, au point de louer Dakar Sacré-Cœur ou la Piscine olympique, qui ont sollicité le maire pour gazonner le terrain. Et maintenant qu’il est allé chercher les fonds, les partenaires, pour réaliser cela, on nous dit que ça ne se fera pas», a dit Malick Samba.
Victorine Mbaye : «S’il veut militer à l’Apr puisqu’il se dit cousin de Macky Sall, qu’il démissionne de son poste»
A son tour, Victorine Mbaye, pour le compte des femmes, a tiré à bout portant sur le sous-préfet Djiby Diallo. «Nous sommes fatigués du sous-préfet. Il faut qu’il comprenne que c’est juste un fonctionnaire de l’Etat, il n’est pas le maire de la commune. S’il veut faire de la politique comme nous, militer à l’Apr puisqu’il se dit cousin de Macky Sall, qu’il démissionne de son poste, crée une coordination ou une section et en ce moment, il nous trouvera sur place. On lui fera face. Mais il ne peut se cacher derrière son boubou de préfet pour servir de bras armé au camp adverse.»
Aïssatou Thiam : «Le sous-préfet n’agit pas en sous-préfet. C’est un homme politique…»
Aïssatou Thiam du Conseil municipal ne dit pas autre chose. Elle soutient que ce n’est pas la première fois que le Conseil municipal a maille à partir avec M. Diallo. «Le sous-préfet n’agit pas en sous-préfet. C’est un homme politique qui se cache derrière son poste pour régler des comptes. Mais qu’il sache aussi que pour ce projet et les autres, nous sommes prêts à tout. Même à y laisser nos vies pour leur réalisation». Cheikh Sadibou Mbengue, le président de la zone 1, d’abonder dans le même sens : «ce combat, c’est celui de la jeunesse médinoise qui n’a pas où s’entraîner ; pas celui du Conseil municipal, encore moins du maire qui n’ont fait que vouloir donner corps à un rêve des jeunesses médinoises».
Paco Jackson Thiam, qui se définit comme un inconditionnel du Président Sall, dit que, pour ce combat, il se range du côté de la Médina. «M. le maire, poursuivez le projet de pose de gazons synthétiques jusqu’à ce que quelqu’un vous touche ou touche un seul de vos cheveux», avertit-il.
Me El Hadji Diouf : «M. le sous-préfet, tu n’es rien»
Vedette de la rencontre, Me El Hadji Diouf, invité ès qualité d’avocat de la mairie, ne fera point de cadeau au sous-préfet, coupable à ses yeux de se donner des droits qu’il n’a pas. «Le sous-préfet doit revenir à la raison et savoir qu’il n’est pas le maire. Il n’a pas été élu par la population. C’est Bamba Fall qui a été élu maire ; c’est le Conseil municipal qui a mandat pour décider de vie et de mort pour les projets de la commune. M. le sous-préfet, tu n’es rien. Tout comme le gouverneur et les ministres… Eux, c’est un décret qui les a mis où ils sont alors que le maire, ce sont les populations qui l’ont choisi. Le sous-préfet, c’est juste un fonctionnaire. Il est affectable à tout moment. J’avertis donc solennellement le sous-préfet du Plateau : qu’il nous laisse en paix. Halte M. le sous-préfet ; je vous avertis solennellement, on ne se laissera pas faire», a prévenu à son tour Me El Hadji Diouf.
Madou MBODJ