Que les détracteurs de la justice se le tiennent pour dit. Plus aucun écart à l’encontre de la justice ne sera toléré. Le Président Macky Sall a décidé d’apporter tout son soutien à la famille judiciaire, qui subit les attaques répétées de l’opposition, qui ne rate jamais l’occasion de manifester son mécontentement par rapport aux décisions de la justice. A l’occasion de la Rentrée des cours et tribunaux, hier, au siège de la Cour suprême, le Premier président de ladite institution est revenu sur leur méthode de travail afin d’aider la population à mieux comprendre certaines de leurs décisions.
Hier, à la Cour suprême, la famille judiciaire a procédé à la Rentrée des cours et tribunaux, sous la présidence du chef de l’Etat. Une occasion pour le Premier président de la Cour suprême de louer la démocratie sénégalaise. «La représentation des trois pouvoirs en cette audience suffit pour symboliser l’Etat de droit dans notre pays. Ces trois pouvoirs, indépendants les uns des autres, mais nécessairement complémentaires, œuvrent en toute responsabilité», a soutenu d’emblée Mamadou Badio Camara.
Mamadou Badio Camara justifie l’empressement avec lequel Khalifa Sall a été jugé
Poursuivant, M. Camara tente d’éclairer la lanterne des Sénégalais sur leur mode d’opération. «Nous restons résolument sur notre objectif de traitement des affaires dans un délai raisonnable. Etant précisé que la durée de ce délai n’est déterminée ni dans les conventions internationales ni dans les lois nationales, nous sommes donc fondés à considérer que les délais raisonnables relèvent en définitive de l’appréciation du juge. Il y a évidement quelques rares exceptions, comme en matière de contentieux administratifs. Dans d’autres hypothèses, la loi prescrit de manière évasive que le juge doit statuer dans les meilleurs délais. En matière pénale, je voudrais signaler que le seul cas ou la loi impose un délai pour être jugé est le contentieux de la détention relatif aux demandes de liberté provisoire. Dans ce cas, un délai de trois mois est prescrit à la Cour suprême sous peine de libération d’office, excepté si la détention est obligatoire», explique le Premier président de la Cour suprême.
A l’en croire, les contentieux concernant des personnes en détention ont toujours fait l’objet de traitement urgente et prioritaire sur les affaires dans lesquelles les plaideurs sont libérés, attendent à la maison ou vaquent à leurs occupations. Ainsi, le fait de juger une affaire pénale impliquant des détenus, dans un délai d’environ quatre mois après le prononcé de la décision, n’est ni précipité, ni accéléré. «Peut-on attendre d’une Cour suprême qu’elle juge des condamnés à l’emprisonnement ferme postérieurement à l’expiration de leur peine ? Ce serait une faute lourde, au regard des règles de discipline et de déontologie. En tout état de cause, il faut saluer le sens de responsabilité de nos juges qui, en première instance, en appel et en cassation, œuvrent sans relâche à ce que les décisions soient rendues en temps utile», dit-il.
«Les magistrats sénégalais sauront résister vigoureusement à toute forme de pression et d’intimidation d’où qu’elles viennent»
Remerciant le président de la République pour le soutien qu’il ne cesse de leur apporter, Mamadou Badio Camara affirme : «nous sommes conscients des menaces à peine voilées et des invectives de toutes sortes visant les institutions judiciaires et, au-delà, toutes les institutions de la République. Mais les magistrats sénégalais sauront résister vigoureusement à toute forme de pression et d’intimidation d’où qu’elles viennent. Pour cela il leur suffit de s’appliquer les traditions d’impartialité, d’intégrité et de sérénité qui sont l’honneur de la magistrature», prévient M. Camara. Avant d’ajouter : «nul n’a le monopole du patriotisme. Personne ne doit oublier que les juges sont aussi des citoyens, soucieux du présent de l’avenir de leur pays et, par conséquent, des patriotes à part entière», assure-t-il.
Macky Sall : «l’Etat prendra toute les mesures qu’impose la situation pour la défense des magistrats»
Le chef de l’Etat promet d’apporter tout son soutien aux magistrats. «Soyez assurés de ma parfaite disponibilité à accompagner la famille judiciaire dans la construction d’une justice indépendante et impartiale. La justice n’est pas un service public comme les autres. Il n’est d’ailleurs pas souhaitable qu’elle le soit. Elle doit garder sa légendaire sérénité. Je réitère mon engagement à garantir le respect de l’Etat de droit», soutient le Président Sall. Selon lui, l’œuvre de justice est hélas une tâche délicate, complexe, mais c’est une tâche fondamentale de l’Etat. «Vous consacrez toute votre énergie à la justice en dépit des accusations fallacieuses, perpétuelles et des menaces presque quotidiennes. A ce propos, je voudrais dire très solennellement que l’Etat prendra toutes les mesures qu’impose la situation, pour la défense des magistrats de tous les ordres. Force restera à la loi». Malgré les critiques injustifiées, vous apportez une crédibilité reconnue à travers le monde. La confiance en la justice est un élément essentiel dans une démocratie. Remettre en cause cette confiance, c’est mettre en doute le fondement de la République», relève-t-il.
Ndèye Khady D. FALL