De l’étranger où il se trouve, l’ancien ministre de la Communication s’invite au débat qui secoue la presse à propos de la dette et l’aide à la presse. Dans un communiqué rendu public, Me Moussa Bocar Thiam invite son successeur, Alioune Sall, à respecter les engagements de l’Etat au lieu de stigmatiser la presse.
«Si la stigmatisation est le Projet, l’Etat doit publier la liste des bénéficiaires du Fonds de solidarité aux artistes, du Fonds dédié à la microfinance, du Fonds de solidarité nationale, du Fonds politique de la présidence de la République etc. Donc arrêtez de stigmatiser la presse sénégalaise !», pousse d’emblée l’ancien ministre de la Communication, qui s’invite au débat sur l’aide à la presse et la dette de la presse due au fisc. Dans un communiqué, Me Moussa Bocar Thiam sabre son successeur, Alioune Sall. «Les sorties malheureuses et dangereuses de mon successeur n’augurent rien de rassurant pour les acteurs du secteur de la communication en raison de la rupture d’une longue tradition de dialogue et de courtoisie entre l’autorité de tutelle et la presse. La volonté de discréditer notre presse et de manipuler tant l’opinion que les employés du secteur, justifient les affirmations mensongères du ministre qui gagnerait à me consulter avant de s’exprimer dans un langage approximatif indigne d’une autorité en charge de la divulgation des politiques publiques du fameux Projet imaginaire», écrit-il.
Me Moussa Bocar Thiam rétablit la vérité sur les dettes fiscales
Selon l’ancien porte-parole du Parti socialiste, les chiffres donnés par son successeur sont tout bonnement faux et ne reflètent pas la réalité. «Les entreprises de presse comme des milliers d’entreprises établies au Sénégal dans tous les secteurs d’activités ont des contentieux fiscaux qui s’épongent de manière dynamique par des échanges et des séances de travail avec les services fiscaux. Donc il n’y a rien d’alarmant qu’une entreprise de presse ait des dettes fiscales. En 2023, la dette fiscale de la presse publique et privée était de 10.337.595.510 F Cfa en droits simples et 2.900.000 F Cfa de pénalités. Les dettes fiscales du secteur public sont ainsi réparties : La Rts (4.554.625.781 F Cfa), l’Agence de presse sénégalaise (256.747.664 F Cfa), le Soleil (215.838.695 F Cfa) sans compter la Tds (600.000.000 F Cfa). Donc 50% de la dette fiscale est du chef des entreprises publiques qui ne subissent aucune pression de l’administration, donc pourquoi s’acharner sur les entreprises de presse privée ?», détaille-t-il dans le communiqué.
L’ancien ministre tient à préciser qu’il faudra distinguer les dettes purement fiscales des dettes liées aux redevances de fréquences dues à l’Artp par les médias. «Cette dette est de 25 milliards et concerne les médias publics et privés. Elle est même indue puisque l’Artp, avec l’avènement de la TNT, a libéré ces fréquences et les a revendues aux opérateurs dans le cadre de la 5G (Orange à 34 milliards, Free à 13,5 milliards et Expresso à 6 milliards). Cette dette est d’autant plus injustement réclamée à la presse privée que par lettre n°00619 PR/MSG/sp du 20 mars 2024, Monsieur le Président de la République Macky Sall a donné instruction au ministre des Finances et du Budget d’effacer les dettes fiscales et les arriérés de paiement des redevances de fréquences des entreprises de presse dus avant le 31 décembre 2023», fait savoir Me Moussa Bocar Thiam.
Me Moussa Bocar Thiam explique la destination des 800 millions
S’adressant au ministre personnellement, il lui rappelle que l’Etat est une continuité et à défaut d’instructions écrites contraires, dit-il, « votre collègue des Finances doit exécuter cette décision présidentielle et arrêtez de tourmenter ces braves chefs d’entreprises de presse qui perçoivent des subventions insignifiantes dans un pays sérieux qui souhaite que la presse soit autonome et prospère».
Me Thiam d’inviter le ministre Sall à consulter l’article 46 du Code de la presse avant d’accuser à un détournement de deniers publics à hauteur de 800 millions. «Dire que sur 1.900.000.000 F Cfa, les 800.000.000 F Cfa ont servi à d’autres structures qui ne sont pas des entreprises de presse relève de la volonté de faire naître une suspicion de détournement de deniers publics. Un ministre, avant de parler, doit lire les textes. L’article 46 du Code de la presse précise que le Fonds d’appui et de développement de la presse (Fadp) a pour mission de soutenir l’entreprise de presse en matière d’investissement, (financement de projets de développement ou de modernisation des entreprises de presse) ; de servir de garantie pour les prêts bancaires ; de soutenir toute initiative en faveur du multimédia ; de verser une subvention directe à l’Agence de presse sénégalaise en contrepartie du service fourni aux autres médias ; de contribuer au bon fonctionnement de l’organe d’autorégulation ; d’aider les entreprises de presse à consolider les emplois ; d’appuyer la formation continue des journalistes et techniciens des médias ; d’aider les radios associatives ou communautaires (à but non lucratif). Donc, il est clair que les fonds peuvent valablement servir au Cesti, à l’organisation des assises des médias, à la Convention des jeunes reporters etc. De la grande entreprise de presse comme Gfm ou D-média à la radio communautaire, cette aumône ne représente que 0,01% de leurs charges alors que le secteur compte plus de 3000 emplois pour des milliards de chiffre d’affaires», regrette l’ancien ministre de la Communication qui s’est chargé de ce fonds en question.
Toutefois, il invite les médias à veiller sur les acquis et ne pas se laisser intimider par l’actuel régime. «A vous les acteurs des médias, il vous appartient de veiller à vos acquis et de refuser que le Projet vous divise, car le boycott de la journée sans presse par le groupe Walfadjri confirme que malheureusement certains journalistes du Projet ont subitement oublié votre solidarité à leur égard», conclut l’ancien ministre de la Communication.
Baye Modou SARR