Dès les premières heures de l’accession au pouvoir par Macky Sall, Amadou Kane Diallo s’est vu emmêlé dans une procédure judiciaire, étant poursuivi pour détournement de deniers publics, entre autres délits. De 2012 à aujourd’hui, l’ancien Directeur général du Conseil sénégalais des chargeurs (Cosec), comme Prométhée, n’est pas délivré de son vautour ; le dossier est encore pendant devant le juge d’instruction. Mais, pour lui, le dossier est aux oubliettes. Il y a deux semaines, Kane Diallo a rencontré le Président Macky Sall. A-t-il des assurances du Président qu’il ne sera plus inquiété ? En tout cas, pour l’homme fort de Ndioum, si le dossier n’était pas derrière lui, il ne rencontrerait pas Macky Sall. Mais, il y a mieux, car, l’ancien patron du Cosec a définitivement rompu les liens avec le Parti démocratique sénégalais pour s’amouracher de l’Alliance pour la République. « J’ai accepté en tant qu’Amadou Kane Diallo d’adhérer à l’Apr», se targue-t-il. Entretien.
Les Echos : Depuis 2012 vous avez un dossier qui est pendant devant le juge d’instruction, où est-ce que vous en êtes actuellement ?
Amadou Kane Diallo : Ce dossier est derrière nous depuis longtemps. Parce que l’ancien Doyen des juges, Mahawa Sémou Diouf, avait commis un expert, le cabinet Aziz Dièye, qui avait conclu que l’Etat n’avait subi aucun préjudice. Mieux, que j’avais fait gagner au Conseil sénégalais des chargeurs (Cosec) 250.000 francs ; ce n’est pas beaucoup, mais cela veut dire qu’il n’y a pas eu de déficit. Après plusieurs péripéties, le Doyen des juges a voulu faire la confrontation, mais à l’époque j’étais déjà aux Etats-Unis pour développer et massifier «Baamtaaré». Parce qu’on ne m’a jamais pris mon passeport ; je n’étais pas sous contrôle judiciaire, je n’ai jamais versé un seul sou, je n’ai pas acheté ma liberté provisoire, car c’est la Chambre d’accusation qui m’a libéré. Quand Mahawa Sémou Diouf a été affecté, son remplaçant nous a convoqués, juste avant les législatives, pour faire la confrontation. A l’issue de cela, il a demandé un règlement définitif. Cela n’a pas empêché d’aller aux législatives sous ma propre bannière. Donc, pour moi, ce dossier, il est derrière.
Mais pourquoi le dossier traîne toujours ?
Il faut aller demander cela à la justice, mais pour moi, c’est un dossier oublié. Si ce n’était pas oublié, je n’allais jamais, jamais, répondre au Président Macky Sall. C’est pour dire que Kane Diallo est blanc comme neige. Ce dossier, il est terminé. Ce n’est plus mon souci depuis longtemps.
On dit que le dossier est une sorte de moyen de pression contre vous…
Mais, ça n’a pas marché. J’ai été le premier emprisonné, j’aurai pu rejoindre depuis, mais je suis resté 6 ans dans l’opposition, en développant des idées de «Baamtaaré». Cela veut dire que cette pression n’a pas marché. Maintenant que je suis libre de tout, maintenant que tous les Sénégalais savent, mes enfants y compris, que Kane Diallo n’a rien fait, j’ai interpellé mon mouvement pour demander qu’est-ce qu’il faut faire pour les présidentielles, parce qu’on voulait me présenter. Les gens ont eu le sens du réalisme et l’amabilité de dire que si on n’a pas pu être député, on ne peut pas prétendre être Président. Et il a été demandé d’aller négocier soit avec Wade soit avec le Président Macky. On m’a donné carte blanche. Il s’est trouvé que depuis que j’ai mis ma liste à part, avec le Pds, il n’y a plus eu de courant entre nous ; jamais, ils ne sont revenus pour dire qu’ils sont intéressés par ce qu’on a pu obtenir. Contrairement à l’Apr, à travers beaucoup de personnalités, 27 au total, à travers le ministre Mansour Elimane Kane, à travers surtout le ministre Abdoulaye Diallo qui nous ont dit que nous sommes au dixième de notre potentialité et qu’ils ont besoin de nous. Mais, la base m’a demandé de ne négocier qu’avec le Président, c’est cela qui s’est passé.
Donc vous avez rencontré le Président Macky Sall ?
Oui je l’ai rencontré il y a deux semaines. Et sur 17 points, nous nous sommes entendus sur tout. Mais, vous permettrez que je ne puisse pas divulguer un entretien avec le Président de la République. Mais, ce que je peux dire, c’est qu’il a été retenu une certaine démarche.
Est-ce qu’on peut dire aujourd’hui qu’Amadou Kane Diallo a rejoint l’Apr ?
C’est le mouvement «Baamtaaré» qui m’avait donné carte blanche pour chercher un candidat. Donc l’accord que j’ai eu avec le président de la République, c’est que le mouvement ne se fonde dans rien du tout, qu’il reste «Baamtaaré», mais va être un mouvement de soutien au candidat Macky Sall. Et deuxièmement : moi Kane Diallo, j’ai accepté d’adhérer à l’Apr ; et ça s’est déjà fait.
C’est donc le divorce entre Amadou Kane Diallo et le Pds ?
Le divorce est déjà consommé, depuis que j’ai mis en place le mouvement «Baamtaaré». On ne me l’a pas signifié, mais, depuis ce moment, je ne suis pas convoqué dans une instance quelconque. Donc le divorce est consommé. Aujourd’hui Amadou Kane Diallo adhère à l’Apr. Il va rejoindre les instances de l’Apr, et va travailler pour un second mandat pour Macky Sall. Ce n’est pas une transhumance, je le précise. Parce que la transhumance, c’est aller chercher de l’herbe dans les prairies. Cela veut dire qu’on ne vient pas pour vouloir goûter à l’herbe de l’Apr quand le mandat est en train de terminer. Notre décision est prise, elle est sans appel. On, ne vient pas partager un gâteau dont on n’a pas pris part à la confection. On est à six ans de mandat. Nous rejoignons l’Apr à un moment où il difficile de le rejoindre. Scientifiquement, nous ne sommes pas des transhumants.
Entretien réalisé par Alassane DRAME
Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable
