Entre Aliou Sow et Idrissa Seck, l’amitié et la fraternité sont aujourd’hui au beau fixe. Les deux anciens «ennemis» se sont retrouvés, surtout après le décès de la mère de Aliou Sow. A l’occasion, malgré leurs relations difficiles à l’époque, l’ancien Premier ministre avait tenu à lui présenter ses condoléances. «Depuis ce jour, je suis devenu son jeune frère, il est devenu mon grand-frère», note Aliou Sow. Qui assume sa bonne relation actuelle avec le patron de Rewmi. «J’ai été dans son gouvernement. On était dans un même parti. On n’a plus de contentieux personnel. On se fréquente ; je l’assume. On se parle ; on échange sur le Sénégal», renchérit-il.
«Rien ne s’oppose à ce que je me retrouve avec lui en politique»
Mieux, en plus que d’être son «jeune frère», Aliou Sow ne trouve aujourd’hui aucun obstacle qui pourrait l’empêcher de se rapprocher politiquement d’Idrissa Seck. «Rien n’est encore exclu, même si rien n’est encore décidé. Avant, je ne parlais pas comme ça. Aujourd’hui, je vous dis : rien dans mon cœur, dans mes convictions et dans les appréciations de mes partisans et mes amis, ne s’oppose à ce que je me retrouve avec lui en politique, même si je n’ai rien décidé. Donc, le moment venu, on appréciera». Mais, toute alliance devra reposer sur des bases très claires. «J’ai un certain nombre d’intentons que j’ai rédigées dans des ouvrages qui sont des logiques et des lignes programmatiques. Je ne vais jamais m’allier avec quelqu’un sans que ça ne soit pris en compte. Mais je précise aussi que je ne m’allierai qu’avec quelqu’qun qui a suffisamment d’audace, de courage, de connaissances pour poser les réformes qu’il faut dans ce pays-là, et remettre l’ordre et la discipline», affirme-t-il.
«Je ne suis pas membre de Bby ; je ne suis pas membre de l’Apr, je reste un homme libre»
Et ne demandez surtout pas à Aliou Sow pourquoi il est prêt à s’allier avec Idy, alors que le chef de l’Etat, dont le leader de Rewmi est un adversaire politique de premier plan, l’a nommé Haut Conseiller. Cette promotion n’est pas une faveur, mais un mérite, si l’on en croit Dr Aliou Sow. «Je suis ancien ministre des Collectivités locales, ancien maire et deux fois député et professeur d’université. Avant même d’être coopté là-bas, j’ai été au niveau international, à Madagascar, en Côte d’Ivoire, au Burkina Faso, en France, au Canada…, consultant dans ces secteurs-là. La consultance peut me faire gagner en dix jours, ce que je gagne en trois mois au Hcct», souligne le Haut Conseiller. Qui poursuit : «Le Président Macky Sall est un grand-frère, avec qui j’ai travaillé dans son gouvernement, avec qui j’ai été dans le même parti, avec qui j’ai travaillé à l’Assemblée nationale. S’il m’appelle pour me demander d’accepter de siéger au Haut Conseil pour mon expertise et mon expérience, il l’a précisé, cela n’a aucun lien avec des considérations politiques». Mieux, le leader du parti Mouvement des patriotes pour le développement (Mpd) souligne qu’il n’est lié par aucune forme d’alliance ou de solidarité politique avec le chef de l’Etat et son régime. «Je ne suis pas membre de Bby. Je ne suis pas membre de l’Apr. J’ai créé mon parti. Si j’étais membre de Benno Bokk Yakaar, je serais assujetti à des comportements politiques. On n’a pas encore, lui et moi, traité de questions politiques. Donc je reste un homme libre». Pour le moment, il s’en tient au «respect que le citoyen (qu’il est) doit avoir pour le président de la République» et «vis-à-vis de (son) pays» pour travailler en toute responsabilité au Haut Conseil.
«Au moment où on constatera que ça ne peut pas aller de pair, il peut prendre son décret et me relever... A défaut, je rends le tablier…»,
Réaffirmant vouloir rester «libre et indépendant» dans ses choix politiques, Aliou Sow note que le chef de l’Etat pourra toujours revenir sur sa décision, ou lui-même prendre l’initiative de son départ du Hcct, si cela s’avère nécessaire. «Au moment où on constatera que ça ne peut pas aller de pair, il (Macky Sall) peut prendre son décret et me relever de mes fonctions. A défaut, je rends le tablier et je prends ma liberté», clame le vice-président du Hcct.
Mbaye THIANDOUM