Un ancien maire de la commune française de Longuyon (Terre Lorraine) a été condamné, hier, à une peine de prison ferme, en attendant son procès en civil, qui doit décider des peines pécuniaires. Il était accusé d’avoir détourné de l’argent de sa commune et de plusieurs entreprises, qu’il a reversé à un mannequin sénégalais et à une propriétaire de salon de beauté, sénégalaise également.
Pierre Mersch, 81 ans, maire de Longuyon pendant 37 ans et président de la communauté de communes Terre Lorraine du Longuyonnais, a été condamné par le tribunal correctionnel de Briey à 24 mois de prison dont 6 mois ferme pour détournement de fonds. L'ancien élu écope aussi d'une peine d'inéligibilité de 10 ans, alors que les sanctions financières contre lui seront prises le 13 décembre, lors de l'audience sur intérêts civils. Si nous parlons de la condamnation de l’ancien maire français, c’est parce que deux Sénégalaises sont au cœur de cette affaire de détournement de deniers publics. Et c’est un autre compatriote, que l’ancien maire avait pris sous son aile, qui a aidé la nouvelle équipe municipale à le faire tomber.
430 millions Cfa versés à «deux jeunes Sénégalaises au physique agréable», un mannequin et une propriétaire de salon d’esthétique
Selon l’accusation, entre 2009 et 2014, Pierre Mersch aurait détourné 495.964€ des caisses de la commune et 163.458€ de celles de la communauté de communes. Ce qui fait un total d’environ 659.000 euros (soit près de 430 millions de francs Cfa) Il aurait également abusé de la confiance de 6 entreprises. Et toute cette manne financière s’est retrouvée dans les comptes bancaires d'un mannequin et d’une propriétaire de salon d'esthétique au Sénégal! Selon une source judiciaire qui s’est confiée à nos confrères de «France Bleu Lorraine», «Pierre Mersch avait l'habitude» de venir au Sénégal «2 à 3 fois par an» pour voir les deux Sénégalaises. D’ailleurs, lors de l’un de ses séjours, en décembre 2012, il a été honoré par le ministre de la Culture.
«Il finançait deux de ses maîtresses», selon le substitut du procureur
Pour le substitut du procureur, «les sommes auraient principalement été destinées à deux jeunes Sénégalaises au physique agréable». Se voulant plus clair, il affirme : «Il finançait deux de ses maîtresses». L’ancien maire, selon l’enquête, a été aperçu à Casablanca au Maroc, en train de faire des achats, «en compagnie de 2 charmantes Sénégalaises». Mais le mis en cause a nié en bloc, affirmant que l’argent servait à des «actions humanitaires» qu’il faisait au Sénégal, en reconnaissance de tout ce que les tirailleurs sénégalais ont fait pour la France. Seulement, les gendarmes français de Tracfin n’ont retrouvé aucune trace d’actions ou projets humanitaires de l’ex-maire au Sénégal. Son avocat a plaidé «l'absence d'éléments intentionnels». Mais pour son collègue qui défend la mairie de Longuyon et de la communauté de communes, c’est «l'indignation». Surtout que, pour lui, «ce qu'on a consacré au Sénégal, on ne l'a pas consacré aux investissements».
S’agissant du modus operandi, l'enquête révèle que la mairie et la communauté de communes Terre Lorraine de Longuyonnais subventionnaient des associations, l'ancien maire demandait ensuite aux associations et à des entreprises de reverser les montants à une autre association gérée par lui-même et dénommé : «opération Sénégal». Seulement, les fonds disparaissaient après…, dans les comptes du mannequin et du salon de beauté.
Mbaye THIANDOUM