«Déployer dans les meilleurs délais l’assistance de l’Etat à nos compatriotes de la diaspora affectés par la pandémie est l’objectif assigné aux services compétents par le président de la République lors du dernier Conseil des ministres. Mais faudrait-il, sous l’effet du contexte urgent de la pandémie, ne pas mal faire. A travers un tour d’horizon, les diasporas sénégalaises des États-Unis, du Canada et d’Europe ont donné leurs avis sur l’aide d’un montant de 12,5 milliards Cfa qui leur a été allouée. Pour Youssouf Baldé, président du Regroupent de sénégalais au Canada, «nous ne sommes pas à l’abri d’une mauvaise distribution de cette aide».
«Pour les 12,5 milliards alloués a la diaspora, je ne pense pas que des calculs aient été faits»
Déjà que la distribution de denrées alimentaires au Sénégal est en train de susciter moult suspicions, surtout concernant les attributions de marchés, la diaspora sénégalaise tire la sonnette d’alarme. «Nous ne sommes pas à l’abri d’une mauvaise distribution de cette aide», alerte Youssouf Baldé, par ailleurs président du Conseil d’administration du Regroupement général des Sénégalais du Canada (Rgsc) que notre rédaction a joint au téléphone. Expliquant d’abord dès l’annonce de cette initiative s’être posé la question «comment vont-ils réussir ça ?». Car, selon ce pharmacien que la pandémie interpelle personnellement, beaucoup de nos compatriotes ne sont pas enregistrés dans les ambassades, certains n’ayant même pas de carte consulaire. Un obstacle, dit-il, pour bien répertorier les gens qui sont vraiment dans le besoin. L’autre aspect de cette aide qui intéresse Youbi, comme l’appellent ses proches, c’est le montant. Selon lui, la somme est insuffisante pour couvrir toute la diaspora. Une diaspora qui réside dans des pays d’accueil dont les devises restent parfois très fortes par rapport au franc Cfa, pour celui qui serait tenté de convertir en euros ou en dollars. C’est parce que du côté de l’Etat, aucune explication n’a été donnée sur l’estimation de ces 12,5 milliards. D’ailleurs, pour cet agent de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) qui nous avons contacté et qui a voulu conservé l’anonymat, «pour les 12,5 milliards alloués à la diaspora, je ne pense pas que des calculs aient été faits». Cela est d’autant plus vrai que l’on peut remarquer que cette somme coïncide tout simplement au montant que la diaspora contribue au Pib du pays. Mais, quel que soit le montant, du côté de l’Etat du Sénégal, l’on parle d’efficience, une option qui voudrait que les fonds soient optimisés au maximum. Une vision que partage M. Baldé, qui dit d’ailleurs qu’«il faut en plus mettre les bonne personnes dans ces comités-là» pour accompagner les ambassadeurs et consuls des différents pays.
«Nous proposons une réorientation de cette somme vers d’autres projets, comme la construction d’hôpitaux ou de fermes agricoles au Sénégal»
Concernant ces 12,5 milliards, le Secrétaire d’Etat chargé des Sénégalais de l’Extérieur, Moïse Sarr, a parlé de «bel hommage» du président de la République à la diaspora. Un hommage que les Sénégalais de la diaspora n’apprécient pas de la même manière. Certains parmi les principaux concernés ont minimisé jusqu’à demander une réinjection de ces fonds au Sénégal. C’est l’avis du coordonnateur Fodé Mané, du collectif « Entre nous diaspora», qui sur seneweb propose «une réorientation de cette somme vers d’autres projets, comme la construction d’hôpitaux ou de fermes agricoles pour le bien du Sénégal». M. Mané s’est aussi indigné du fait que la diaspora n’avait pas été impliquée en amont. Au Canada, la communauté sénégalaise voit sous un autre angle cette initiative de l’Etat du Sénégal. «Les gens n’ont pas très bien saisi ce message», même si une partie de la diaspora bénéficiera d’ailleurs des aides de leurs pays respectifs, il y a des couches de la diaspora comme les étudiants qui en auront besoin. En dehors des étudiants, le président Yaya Barry de l’Association des Sénégalais d’Amérique (ASA) attire l’attention sur le fait que le ciblage doit être élargi à toutes les couches de la diaspora. Prenant l’exemple des USA, il affirme : «les États-Unis, c’est une société de consommation. Pour quelqu’un qui vit ici avec sa femme, ses enfants, qui paie une location, ce n’est pas évident». Avant de clamer qu’Ils sont forcément dans le besoin et il faut que les gens leur viennent en aide. Concernant la restriction du ministère des Affaires étrangères du Sénégal concernant les compatriotes qui bénéficient de l’aide de crise et de l’assistance sociale du pays d’accueil, M. Barry reconnait quand même que «l’avantage aux États-Unis, même quand vous n’avez pas de papiers, on te donne une opportunité de payer les taxes. Il faut tout simplement se manifester et un numéro te sera alloué pour déclarer ton revenu annuel». Ce qui constitue une traçabilité. Par conséquent, «tout immigrant qui vit aux États-Unis et qui déclarait son revenu annuel, a la chance d’avoir beaucoup d’opportunités de bénéficier de ce montant colossal qui sera distribué» par les autorités américaines, conclut-il. Mais aujourd’hui, une bonne partie des Sénégalais des États-Unis risque de louper cette assistance de leur pays d’accueil. En effet, selon le quotidien Daily News dans sa production de ce mercredi 13 avril, «le projet de loi de relance de 2200 milliards de dollars signé le mois dernier contient un langage conçu par le GOP (le parti républicain) qui rend les personnes utilisant un numéro individuel d’identification de payement de taxes (ITIN) inéligible pour recevoir les chèques personnels de 1200 dollars (minimum) que le département du Trésor américain va commencer à émettre pour la plupart des bénéficiaires cette semaine».
Ahmadou Ben Cheikh KANE Envoyé spécial
«Pour les 12,5 milliards alloués a la diaspora, je ne pense pas que des calculs aient été faits»
Déjà que la distribution de denrées alimentaires au Sénégal est en train de susciter moult suspicions, surtout concernant les attributions de marchés, la diaspora sénégalaise tire la sonnette d’alarme. «Nous ne sommes pas à l’abri d’une mauvaise distribution de cette aide», alerte Youssouf Baldé, par ailleurs président du Conseil d’administration du Regroupement général des Sénégalais du Canada (Rgsc) que notre rédaction a joint au téléphone. Expliquant d’abord dès l’annonce de cette initiative s’être posé la question «comment vont-ils réussir ça ?». Car, selon ce pharmacien que la pandémie interpelle personnellement, beaucoup de nos compatriotes ne sont pas enregistrés dans les ambassades, certains n’ayant même pas de carte consulaire. Un obstacle, dit-il, pour bien répertorier les gens qui sont vraiment dans le besoin. L’autre aspect de cette aide qui intéresse Youbi, comme l’appellent ses proches, c’est le montant. Selon lui, la somme est insuffisante pour couvrir toute la diaspora. Une diaspora qui réside dans des pays d’accueil dont les devises restent parfois très fortes par rapport au franc Cfa, pour celui qui serait tenté de convertir en euros ou en dollars. C’est parce que du côté de l’Etat, aucune explication n’a été donnée sur l’estimation de ces 12,5 milliards. D’ailleurs, pour cet agent de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (Ansd) qui nous avons contacté et qui a voulu conservé l’anonymat, «pour les 12,5 milliards alloués à la diaspora, je ne pense pas que des calculs aient été faits». Cela est d’autant plus vrai que l’on peut remarquer que cette somme coïncide tout simplement au montant que la diaspora contribue au Pib du pays. Mais, quel que soit le montant, du côté de l’Etat du Sénégal, l’on parle d’efficience, une option qui voudrait que les fonds soient optimisés au maximum. Une vision que partage M. Baldé, qui dit d’ailleurs qu’«il faut en plus mettre les bonne personnes dans ces comités-là» pour accompagner les ambassadeurs et consuls des différents pays.
«Nous proposons une réorientation de cette somme vers d’autres projets, comme la construction d’hôpitaux ou de fermes agricoles au Sénégal»
Concernant ces 12,5 milliards, le Secrétaire d’Etat chargé des Sénégalais de l’Extérieur, Moïse Sarr, a parlé de «bel hommage» du président de la République à la diaspora. Un hommage que les Sénégalais de la diaspora n’apprécient pas de la même manière. Certains parmi les principaux concernés ont minimisé jusqu’à demander une réinjection de ces fonds au Sénégal. C’est l’avis du coordonnateur Fodé Mané, du collectif « Entre nous diaspora», qui sur seneweb propose «une réorientation de cette somme vers d’autres projets, comme la construction d’hôpitaux ou de fermes agricoles pour le bien du Sénégal». M. Mané s’est aussi indigné du fait que la diaspora n’avait pas été impliquée en amont. Au Canada, la communauté sénégalaise voit sous un autre angle cette initiative de l’Etat du Sénégal. «Les gens n’ont pas très bien saisi ce message», même si une partie de la diaspora bénéficiera d’ailleurs des aides de leurs pays respectifs, il y a des couches de la diaspora comme les étudiants qui en auront besoin. En dehors des étudiants, le président Yaya Barry de l’Association des Sénégalais d’Amérique (ASA) attire l’attention sur le fait que le ciblage doit être élargi à toutes les couches de la diaspora. Prenant l’exemple des USA, il affirme : «les États-Unis, c’est une société de consommation. Pour quelqu’un qui vit ici avec sa femme, ses enfants, qui paie une location, ce n’est pas évident». Avant de clamer qu’Ils sont forcément dans le besoin et il faut que les gens leur viennent en aide. Concernant la restriction du ministère des Affaires étrangères du Sénégal concernant les compatriotes qui bénéficient de l’aide de crise et de l’assistance sociale du pays d’accueil, M. Barry reconnait quand même que «l’avantage aux États-Unis, même quand vous n’avez pas de papiers, on te donne une opportunité de payer les taxes. Il faut tout simplement se manifester et un numéro te sera alloué pour déclarer ton revenu annuel». Ce qui constitue une traçabilité. Par conséquent, «tout immigrant qui vit aux États-Unis et qui déclarait son revenu annuel, a la chance d’avoir beaucoup d’opportunités de bénéficier de ce montant colossal qui sera distribué» par les autorités américaines, conclut-il. Mais aujourd’hui, une bonne partie des Sénégalais des États-Unis risque de louper cette assistance de leur pays d’accueil. En effet, selon le quotidien Daily News dans sa production de ce mercredi 13 avril, «le projet de loi de relance de 2200 milliards de dollars signé le mois dernier contient un langage conçu par le GOP (le parti républicain) qui rend les personnes utilisant un numéro individuel d’identification de payement de taxes (ITIN) inéligible pour recevoir les chèques personnels de 1200 dollars (minimum) que le département du Trésor américain va commencer à émettre pour la plupart des bénéficiaires cette semaine».
Ahmadou Ben Cheikh KANE Envoyé spécial