La réclusion criminelle à perpétuité, c'est ce que risque la belle-fille de la famille Sackre, Coumba Diouf. Cette dernière est accusée d'avoir cambriolé sa belle-mère puis emporté ses bijoux en or et diamants d'une valeur de 50 millions F Cfa. Elle est poursuivie pour vol avec violences et usage de fausses clés tandis que les frères Lam,bijoutiers, sont incriminés pour recel.
Après 12 ans de mariage, la vie deCoumba Dioufrisque d'être à jamais détruite si elle est condamnée à la prison à vie comme l’a requis le procureur. Même si Coumba Diouf était la préférée de l'octogénaire Moukha Al Wazi dont elle est la belle-fille, elle a atterri hier mardi devant la chambre criminelle de Dakar pour lui avoir volé des bijoux en or et diamants d'une valeur de 50 millions F Cfa. Selon l'accusation, elle aurait courant 2019 tiré sa belle-mère de son sommeil vers les coups de 6h du matin, puis l’a traînée par terre avant de la menacer avec un couteau pour ensuite s'emparer de l'or et des diamants qu'elle est allée vendre à des bijoutiersayant pignon sur rue aux marchés Tilène et Sandaga.
Coumba Diouf blanchie par son époux
Mais, son époux l'a lavée à grande eau devant le juge. Hamid Sackre dira d'un ton rassurant à propos de son épouse. «C'est moi qui ai porté plainte et qui représente ma mère, partie civile dans cette affaire. Ma mère m'a confié que la personne qui l'a agressée était plus grande et plus claire que Coumba. D'après elle toujours, elle était grosse et avait les cheveux frisés. Elle m'a aussi confié que pour se tirer des griffes de son bourreau, elle l'avait mordu de toutes ses forces pour qu'elle lâche le couteau avec lequel il la menaçait. Alors que mon épouse n'avait aucune morsure. Et pour terminer, ma mère m'a aussi révélé que si Coumba s'est avérée être sa voleuse, elle lui pardonnait. Elle m'a ainsi envoyé vous dire cela. Coumba est l'amie de ma mère. Elles étaient complices. Ma mère ne demande pas de réparation. Elle réclame sa libération pour le bien de ses petits-enfants, son bien et surtout pour mon bien», a-t-il déclaré.
Pour le préjudice subi, la veille dame a dit avoir perdu dans ce cambriolage une somme de plus d'un million Cfa, 4000 dollars et ses bijoux qu'elle a estimé à 50 millions F Cfa. Interpellée un mois après les faits et suite au visionnage de la vidéosurveillance de la maison de sa belle-mère, dans laquelle on la voyait, Coumba Diouf a catégoriquement réfuté les faits de vol et de violences ayant entraîné une incapacité temporaire de travail de 25 jours.
Coumba Diouf : «c’est ma belle mère qui m’a donné les bijoux volontairement»
Partant du même postulat que son mari, à savoir qu'elle était l'amie et la préférée de sa belle-mère, cette accusée soutient : «sur la vie de mes enfants, je n'ai pas volé ma belle-mère. Je la considère comme une mère». Et de poursuivre: «c'est à la police que le commandant m'a accusée d'avoir volé les bijoux de ma belle-mère, mais je lui ai dit que c'est elle qui me les a donnés volontairement. Il s'agit d'un collier de diamant, un bracelet pour mes enfants et de l'argent. J'ai vendu les bijoux à 3 millions F Cfa en payant avec cet argent les arriérés de mensualités de mes deux enfants, soldé mes dettes et acheté de la marchandise pour mon commerce».
Les frères Lam, poursuivis pour recel, se lavent à grande eau
Poursuivis pour les délits de recel les frères Lam, bijoutiers de leur état, Ousmane, Mamadou et Abdou, ont tout réfuté. D'après leurs déclarations, l'accusée était venue à maintes reprises pour acheter de l'or dans leur bijouterie. Ils ont confié à la chambre que quand Coumba Diouf est arrivée pour la 4e fois dans leur bijouterie, elle s'est présentée à eux avec une pièce en or qu'elle leur proposait. Elle leur avait révélé avoir acquis en héritage ledit bijou en or de sa défunte mère. Et qu'elle le vendait pour aider ses frères et sœurs qui sont dans le besoin.
Le proc requiert la réclusion criminelle à perpétuité
Le procureur, qui a dans ses observations, relevé que les déclarations de l'accusée sont un tissu de mensonges, a requis la réclusion criminelle à perpétuité contre elle. Pour ce qui est des bijoutiers, il a sollicité leur acquittement pur et simple. Selon son point de vue, ils ont acheté ces bijoux en ignorant leur origine frauduleuse. Révélant par ailleurs que sa cliente peut bénéficier d'une immunité familiale dans le cas d'espèce, Me Moussa Cissé de préciser: «au principal, l'action publique est éteinte, vous ne pouvez pas la poursuivre sur la base du fondement de l'article 365 du code de procédure pénale puisqu'elle a bénéficié d'un pardon familial doublé du désistement de la victime», a renseigné ce conseil. Son confrère Me Assane Dioma Ndiaye a quant à lui demandé une disqualification des faits en vol avec violences ayant entraîné une Itt de 25 jours. «La question de la compétence de la chambre criminelle à juger cette affaire se pose. Il faut accepter cette exception d'immunité à titre principal et à défaut l'acquitter au bénéfice du doute. Et à titre subsidiaire de considérer qu'il s'agit de faits correctionnels et qu'il n'y a pas de circonstances criminelles au regard du dossier», a indiqué le conseil.
A son tour, l’avocat des présumés receleurs a plaidé leur acquittement pur. Délibéré au 19 avril prochain.
Fatou D. DIONE
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