C’est à croire que Pastef d’Ousmane Sonko donne le tournis aux tenants du pouvoir. Et ce n’est pas le ministre de l’Intérieur qui dira le contraire. Lui qui, un samedi et en pleine nuit, s’est senti obligé de sortir un communiqué pour mettre en garde le parti des patriotes, à propos de sa campagne d’appels à contributions pour le financement de ses activités. Et c’est d’autant plus gros que la pratique, même révolutionnée par Sonko et Cie à la faveur des nouvelles technologies, est largement répandue dans la scène politique. L’Apr elle-même y a fait recours dans l’opposition. C’est dire que le communiqué d’Antoine Diome vise certes Pastef, mais il est un véritable tir ami pris en pleine figure par le parti au pouvoir et son chef.
Juste après l’annonce de la collecte de 125 millions de F Cfa auprès de ses militants et sympathisants du pays et de la diaspora, Pastef s’est fait rappeler à l’ordre en pleine nuit par le ministre de l’Intérieur, qui n’a même pas hésité à brandir l’arme de la dissolution. «Tout parti politique qui reçoit des subsides de l’étranger, ou d’étrangers établis au Sénégal, s’expose à la dissolution, conformément à l’article 4 de la loi de 1981…», soutient-il. C’est bien de rappeler les dispositions légales, mais c’est curieux que ce soit fait en ce moment et contre Pastef. D’ailleurs, par son action, le ministre de l’Intérieur a tiré une balle dans le pied de l’Apr du Président Sall. En effet, le parti d’Ousmane Sonko n’est pas le premier à user de ce procédé pour financer ses activités.
Macky Sall a lui-même reconnu avoir reçu des soutiens financiers de l’étranger quand il était dans l’opposition
L’Apr aujourd’hui au pouvoir en est la parfaite illustration. «(…). Ils ne sont pas militants, mais ils soutiennent notre cause. Avant de venir, quelqu’un m’a remis 1000 litres de carburant. Un autre, c’est 2 ou 3 millions, me disant : ‘’parce que nous savons que c’est difficile, l’opposition’’. C’est des choses qui arrivent. Il y en a d’autres qui sont là et qui financent les activités sur place. Et nos militants, depuis la diaspora, jusqu’ici, c’est eux qui prennent en charge…», déclarait le Président Macky Sall, dans une interview avec la Tfm en 2012.
Une campagne de souscription lancée pour la construction du siège de l’Apr
Mieux, plus récemment, le parti au pouvoir a fait un appel de fonds à ses militants et sympathisants pour la construction de son siège, qui a coûté plus de 20 fois les 125 millions récoltés par Pastef. En ce sens, le 8 août 2018, la Cojer sous Thérèse Faye avait dans un communiqué déclaré, entre autres : «la Cojer nationale invite solennellement toutes les jeunesses républicaines, de l’ensemble du pays et de la diaspora à participer massivement à la campagne nationale de souscription volontaire afin que ce nouveau siège puisse voir le jour dans les meilleurs délais». Cette campagne de souscription, lors des tous premiers jours et rien qu’avec de gros bonnets du parti et d’hommes d’affaires proches du pouvoir, avait donné 366 millions de F Cfa, selon L’Observateur du 6 janvier 2018, qui avait même dressé la liste des contributeurs et des montants versés par chacun. Et à cette campagne, les militants et sympathisants de l’Apr au pays et dans la diaspora s’étaient tous mobilisés. Alors pourquoi ce qui n’avait posé de problème à personne à l’époque, y compris au ministère de l’Intérieur, en pose aujourd’hui ?
Ce que dit le même article 3 dit et qu’aucun parti politique ne respecte…
Et pendant qu’on y est, le ministre de l’Intérieur devrait aller jusqu’au bout de sa logique. L’article 3 de la loi du 6 mai 1981 qu’il convoque dit exactement dans son paragraphe 3 : «chaque parti politique doit déposer chaque année, au plus tard le 31 janvier, le compte financier de l’exercice écoulé, ce compte doit faire apparaitre que le parti politique ne bénéficie d’autres ressources que celles provenant des cotisations, dons et legs de ses membres et sympathisants nationaux et des bénéfices réalisés à l’occasion de manifestations». Cette obligation de déposer son compte annuel n’est respectée par aucun parti politique et pourtant le ministre de l’Intérieur n’en a jamais pipé mot. Or ce contrôle est plus juste, plus inclusif, car concernant tous les partis et non seulement un parti. Et se focaliser sur un seul parti est d’autant plus injuste que tous les partis procèdent d’une manière ou d’une autre à des appels à contribution de leurs membres et sympathisants. Et avec l’absence de transparence totale, personne ne peut prouver que des lobbys ou groupes de pression ou d’intérêt n’ont pas mis la main à la poche pour soutenir un parti et ensuite en tirer bénéfice une fois que ce parti est au pouvoir.
Pastef n’a pas inventé cette pratique, il l’a juste modernisée et révolutionnée, avec l’utilisation d’outils modernes de communication et de collecte, mais aussi et surtout avec un accent particulier sur la transparence et la traçabilité des contributions. Et pire pour le pouvoir, la sortie du ministre de l’Intérieur a eu le mérite de booster la campagne de collecte de fonds de Sonko et Cie. Dans les réseaux sociaux, beaucoup de compatriotes d’ici et de la diaspora protestent et promettent de souscrire à la campagne.
Mbaye THIANDOUM
Juste après l’annonce de la collecte de 125 millions de F Cfa auprès de ses militants et sympathisants du pays et de la diaspora, Pastef s’est fait rappeler à l’ordre en pleine nuit par le ministre de l’Intérieur, qui n’a même pas hésité à brandir l’arme de la dissolution. «Tout parti politique qui reçoit des subsides de l’étranger, ou d’étrangers établis au Sénégal, s’expose à la dissolution, conformément à l’article 4 de la loi de 1981…», soutient-il. C’est bien de rappeler les dispositions légales, mais c’est curieux que ce soit fait en ce moment et contre Pastef. D’ailleurs, par son action, le ministre de l’Intérieur a tiré une balle dans le pied de l’Apr du Président Sall. En effet, le parti d’Ousmane Sonko n’est pas le premier à user de ce procédé pour financer ses activités.
Macky Sall a lui-même reconnu avoir reçu des soutiens financiers de l’étranger quand il était dans l’opposition
L’Apr aujourd’hui au pouvoir en est la parfaite illustration. «(…). Ils ne sont pas militants, mais ils soutiennent notre cause. Avant de venir, quelqu’un m’a remis 1000 litres de carburant. Un autre, c’est 2 ou 3 millions, me disant : ‘’parce que nous savons que c’est difficile, l’opposition’’. C’est des choses qui arrivent. Il y en a d’autres qui sont là et qui financent les activités sur place. Et nos militants, depuis la diaspora, jusqu’ici, c’est eux qui prennent en charge…», déclarait le Président Macky Sall, dans une interview avec la Tfm en 2012.
Une campagne de souscription lancée pour la construction du siège de l’Apr
Mieux, plus récemment, le parti au pouvoir a fait un appel de fonds à ses militants et sympathisants pour la construction de son siège, qui a coûté plus de 20 fois les 125 millions récoltés par Pastef. En ce sens, le 8 août 2018, la Cojer sous Thérèse Faye avait dans un communiqué déclaré, entre autres : «la Cojer nationale invite solennellement toutes les jeunesses républicaines, de l’ensemble du pays et de la diaspora à participer massivement à la campagne nationale de souscription volontaire afin que ce nouveau siège puisse voir le jour dans les meilleurs délais». Cette campagne de souscription, lors des tous premiers jours et rien qu’avec de gros bonnets du parti et d’hommes d’affaires proches du pouvoir, avait donné 366 millions de F Cfa, selon L’Observateur du 6 janvier 2018, qui avait même dressé la liste des contributeurs et des montants versés par chacun. Et à cette campagne, les militants et sympathisants de l’Apr au pays et dans la diaspora s’étaient tous mobilisés. Alors pourquoi ce qui n’avait posé de problème à personne à l’époque, y compris au ministère de l’Intérieur, en pose aujourd’hui ?
Ce que dit le même article 3 dit et qu’aucun parti politique ne respecte…
Et pendant qu’on y est, le ministre de l’Intérieur devrait aller jusqu’au bout de sa logique. L’article 3 de la loi du 6 mai 1981 qu’il convoque dit exactement dans son paragraphe 3 : «chaque parti politique doit déposer chaque année, au plus tard le 31 janvier, le compte financier de l’exercice écoulé, ce compte doit faire apparaitre que le parti politique ne bénéficie d’autres ressources que celles provenant des cotisations, dons et legs de ses membres et sympathisants nationaux et des bénéfices réalisés à l’occasion de manifestations». Cette obligation de déposer son compte annuel n’est respectée par aucun parti politique et pourtant le ministre de l’Intérieur n’en a jamais pipé mot. Or ce contrôle est plus juste, plus inclusif, car concernant tous les partis et non seulement un parti. Et se focaliser sur un seul parti est d’autant plus injuste que tous les partis procèdent d’une manière ou d’une autre à des appels à contribution de leurs membres et sympathisants. Et avec l’absence de transparence totale, personne ne peut prouver que des lobbys ou groupes de pression ou d’intérêt n’ont pas mis la main à la poche pour soutenir un parti et ensuite en tirer bénéfice une fois que ce parti est au pouvoir.
Pastef n’a pas inventé cette pratique, il l’a juste modernisée et révolutionnée, avec l’utilisation d’outils modernes de communication et de collecte, mais aussi et surtout avec un accent particulier sur la transparence et la traçabilité des contributions. Et pire pour le pouvoir, la sortie du ministre de l’Intérieur a eu le mérite de booster la campagne de collecte de fonds de Sonko et Cie. Dans les réseaux sociaux, beaucoup de compatriotes d’ici et de la diaspora protestent et promettent de souscrire à la campagne.
Mbaye THIANDOUM