À la suite du présumé vol de ses 17 containers de fer à béton estimés à 190.000.000 de F Cfa, la SOCIETE SMG Consulting réclame 1 milliard de dédommagement à l'entreprise MSC à qui elle impute cette dissipation. Ce montant est justifié parce que selon son avocat, entre autres difficultés, SMG risque d'être expulsée pour non-paiement de loyer. Le dossier a été débattu mercredi 28 mai 2025, devant le tribunal correctionnel de Dakar, qui a fixé la date du délibéré pour le 23 juillet prochain.
L'affaire de vol présumé portant sur 17 containers de fer à béton d'une valeur de 190.000.000 de F Cfa appartenant à la société SMG Consulting a été plaidée mercredi 28 mai 2025, devant le tribunal correctionnel de Dakar. C'est ladite entreprise qui a servi une citation directe à Bineta Sy, la Directrice générale de la société MSC Sénégal. Mais, cette dernière n'a pas comparu à l'audience pour les faits de faux et usage de faux, de vol avec usage de véhicule. Me Diatta, qui a plaidé pour le compte de MSC en tant que civilement responsable, a fait comparaître plusieurs témoins qui, finalement, n’ont été entendus qu’à titre de renseignement par le tribunal. Ces témoins ont déclaré avoir suivi le processus normal pour l’enlèvement des 17 containers à la requête de la société de transit Touba Diapandale, avec l’original du connaissement et la procuration.
Quant à la filiale SMG, elle a été représentée par son directeur, M. Guèye. Ce dernier a expliqué au tribunal que c'est lorsqu'il a voulu se renseigner sur le coût des frais de magasinage des 17 containers que MSC lui a fait savoir que ceux-ci ont été enlevés. Surpris, le sieur Guèye a dit avoir pris contact avec le service juridique de la boîte MSC. Cette dernière a porté plainte devant les enquêteurs de Bel Air. Après la convocation de Guèye et son audition, MSC n’a plus suivi sa plainte.
Mais, il est ressorti des débats à la barre que le correspondant de M. Guèye à Dubaï lui avait envoyé le connaissement des 17 containers via un certain M. Thiam. Lequel, une fois à Dakar, n’a pas remis ledit connaissement à M. Guèye, ni conclu avec sa société un contrat pour l’achat des containers sous douane, mais a entrepris de les sortir avec une présumée fausse procuration au nom de la société SMG de M. Guèye, à l’insu de celui-ci. Guèye, pour sa part, a déclaré n’avoir jamais donné procuration à qui que ce soit pour les 17 containers.
Produite lors des débats, il s’est trouvé que la procuration en question est sans signature, ni entête, ni pied de page.
L'avocat de la partie civile SMG Consulting a révélé qu'il y a une complicité de Bineta Sy, représentant légal de MSC, pour vol et usage de faux. Elle a par ailleurs plaidé l’abus de confiance, car le transporteur MSC a livré les containers estimés à une valeur de 219.000.000 F Cfa à une personne qui n’était pas détentrice d’une procuration signée, donc non désignée pour recevoir ladite marchandise. La robe noire a aussi plaidé la faute civile du fait de la légèreté avec laquelle MSC a livré les containers. Le conseil a, par la suite, réclamé le montant de 1 milliard de dédommagement à Binta Sy. D'après lui, ce montant est justifié, car SMG risque d’être expulsée pour défaut de paiement de loyer à hauteur de 12.000.000 F Cfa et la ligne de crédit de 3 millions de dollars qu’elle a obtenue auprès d’Eximbank Dubaï est bloquée. "Elle n’a pu mener à terme le premier lot de 5 containers. Le 2ème lot de 17 containers lui a été volé et elle ne peut plus honorer l’échéancier de sa dette bancaire et se retrouve avec des intérêts de retard de 30% qui font plus de 400.000.000 F Cfa. De ce fait, elle ne peut même pas débloquer le troisième lot de 11 containers qui sont en magasinage auprès de MSC", a détaillé le conseil de la partie civile.
Contre-attaque de la défense
La défense, pour sa part, a fait part de son étonnement, estimant que la partie civile n’a démontré ni le vol, ni le faux, ni l’usage de faux par la société MSC. À l'en croire, la société SMG avait porté plainte à la Division des investigations criminelles, mais du fait que sa plainte n’a pas abouti à retrouver les auteurs de l’enlèvement de ses containers, elle s’est retournée contre MSC par voie de citation directe, car celle-ci est solvable. Selon toujours la défense, les 17 containers ont été libérés sur présentation de l’original du titre de propriété, à savoir le connaissement que la responsable juridique de MSC a brandi lors des débats et que M. Guèye a reconnu être bien l’original. Me Diatta de la défense a demandé au tribunal de débouter la partie civile de ses demandes avant de préciser : "si l’original s’est retrouvé entre les mains de MSC, c’est parce que la personne qui a enlevé les 17 containers le lui a présenté avec une procuration valable, parce qu’accompagnée dudit connaissement. Il importe peu que la procuration soit signée, dès lors qu’elle comporte le cachet de la société SMG".
À la suite du procureur qui a demandé l'application de la loi pénale, le tribunal a fixé le délibéré pour le 23 juillet prochain.
L’affaire
Dans cette affaire, MSG Consulting SARL avait importé au Sénégal 17 containers de fer à béton de diamètre 8 par l'entremise de la compagnie maritime MSC Sénégal chargée du transport et qui les a stockés en attente de les vendre sous douane aux opérateurs économiques intéressés. Mais, après 3 mois, pour éviter de payer des frais de magasinage très élevés, MSG Consulting Sarl a demandé à MSC Sénégal de lui envoyer une facture pour dédouaner les matériaux. Mais, selon elle, MSC Sénégal l'a informé du fait que les containers ont été frauduleusement enlevés sans vouloir donner le nom de la personne ou de l'entité qui a pris possession, alors que le connaissement est au nom de SMG Consulting qui ne l'a ni endossé ni n'a donné procuration à un tiers pour permettre le dédouanement. Ainsi, la société SMG Consulting estime que c'est la société MSC Sénégal qui est tenue responsable de toute condamnation pécuniaire dans cette affaire. Pour le préjudice subi, elle a réclamé dans la citation directe servie à la société MSC Sénégal la somme de 1 milliard de F Cfa en guise de réparation. À part ce fait, elle demande que la dame Bineta Sy es-qualité soit reconnue coupable de faux et usage de faux et de vol.
Fatou D. DIONE