
Toutes vêtues de noir, les militantes féministes se sont donné rendez-vous samedi dernier au terrain de Hlm Grand-Yoff pour manifester leur désarroi face aux meurtres perpétrés sur les femmes ces derniers mois. Pancartes brandies, les manifestantes ont scandé les noms des sept victimes qui sont tombés de janvier à maintenant, sous le coups des hommes.
Pour mettre un terme aux violences que subissent les femmes, les associations féministes et féminines du Sénégal ont organisé, samedi 31 mai 2025, un sit-in contre les féminicides. Ces defenseuses des droits des femmes ont convergé vers le terrain de Hlm Grand-Yoff, pour dénoncer la barbarie dont les femmes sont victimes au Sénégal. Vêtues de noir, les militantes des organisations féminines disent réclamer une réforme en profondeur du système, au nom de celles qu’on a perdues. Elles déplorent en même temps que le Sénégal, «autrefois perçu comme un havre de paix et de Teranga, soit aujourd’hui le théâtre d’une série de violences insoutenables faites aux femmes, marquant une crise profonde et silencieuse dans notre société».
A les en croire, depuis le début de l’année 2025, les féminicides se multiplient à un rythme effrayant, transformant les foyers en zones de danger mortel pour les femmes et les filles.
Pour illustrer cette tragédie, elles citent des cas spécifiques de vies fauchées «dans le silence et l’indignation» ; notamment Diary Sow, 12 ans (assassinée à son domicile par un voisin); Yamou Ndiaye (tuée par son beau-frère à Touba) ; Sadel Sow (tuée par son époux à Yang-Yang) ; Kindy Bah (abattue à Keur Ndiaye Lo par son époux) ; Diène Dia (assassinée par son beau-frère) ; Fatou Guèye (assassinée par son époux à Mbour); Marie Louise Ndour (tuée par balle par son époux à Fatick-.
Toujours dans leur mémorandum, elles soulignent avec gravité : «ces crimes, souvent perpétrés dans l’espace intime et familial, révèlent une faille systémique dans la protection des femmes. L’espace censé être sécurisant devient le premier lieu de violence».
C’est pourquoi les organisations signataires exigent «une réaction immédiate, ferme et structurelle des pouvoirs publics».
Elles exigent, à cet effet,
«la condamnation sans équivoque de tous les féminicides par les plus hautes l’autorités de l’État ; la publication rapide et transparente des mesures concrètes prises par l’État pour punir et sanctionner ces crimes ; la protection effective des femmes et des filles dans tous les espaces, en particulier au sein de la famille ; la modification urgente du Code de la famille et l’abrogation de toutes les dispositions légales discriminatoires envers les femmes». Poursuivant, elles demandent «la mise en place de structures d’accueil, de protection et de soutien psychologique pour les femmes victimes ou à risque ; l’intégration systématique de la lutte contre les violences basées sur le genre dans les politiques publiques et les programmes éducatifs ; l’adoption et l’application stricte de lois spécifiques contre les féminicides, avec des peines exemplaires pour les auteurs».
Les féministes appellent également «les citoyen-ne-s à briser la loi du silence, à dénoncer les violences et à se solidariser avec les victimes», disent-elles.
Anta Babacar Ngom : «7 femmes tuées en 6 mois, c’est beaucoup trop»
Venue assister à la manifestation, la president de Arc estime que ce qui se passe au Sénégal est intolérable. «On continue de tuer des femmes. Sept femmes tuées en six mois, c’est beaucoup trop. Et on ne parle pas encore assez de celles qui, chaque jour, subissent des violences ou sont victimes de viols, notamment parmi les jeunes filles. Il est temps d’éveiller davantage les consciences et surtout de dire stop», a-t-elle déclaré.
La députée déplore l’inaction des autorités face à ce fléau et appelle à des décisions concrètes. «Aujourd’hui, on attendait beaucoup plus d’engagement et d’empathie de la part de nos autorités», a fait savoir Anta Babacar Ngom, qui invite l’Assemblée nationale à se mobiliser.
Nd. Kh. D. F