La prière de la Tabaski a offert à l'imam Tafsir Babacar Ndiour l'opportunité de prononcer un sermon riche en enseignements. Fidèle à sa démarche pédagogique, l’imam Ndiour a souligné l'importance cruciale du secteur privé national. Il a appelé à la probité et a fermement condamné le détournement des deniers publics, affirmant qu'il est tout à fait légitime qu'«une société dotée de milliardaires soit une société prospère, d'autant plus que l’Islam est une religion qui valorise la richesse». Il a déploré qu'au Sénégal, l'idée selon laquelle «être riche est un délit» puisse prévaloir, qualifiant cette perception de dangereuse. Dans le même ordre d'idées, il a dénoncé la prolifération des discours haineux et des insultes sur les réseaux sociaux, en particulier à l'encontre des autorités religieuses et étatiques.
Dans son sermon percutant, l'imam Tafsir Babacar Ndiour de Thiès a appelé à la nécessité de prôner la probité et la lutte contre la corruption, insistant sur l'importance d'une application équitable de la loi pour garantir l'harmonie sociale. «Nous devons prôner la probité et la droiture mais surtout nous devons combattre la corruption de quelque bord que ce soit. Il faut combattre la corruption partout, dans tous les secteurs et compartiments de la société. Mais il faut que ceux chargés de faire respecter la loi ne soient pas les premiers à la violer. La loi doit être la même pour tout le monde. Ce n’est que comme ça que chacun saura qu’il a sa place dans la société. Si le bon Dieu nous recommande la probité et la droiture, c’est qu’une société ne saurait vivre en harmonie dans l’injustice et la corruption», a expliqué l’Imam.
Poursuivant, il a également mis en lumière la valeur du secteur privé national, plaidant pour un environnement propice à la création de richesses, tout en dénonçant les entraves qui freinent le développement économique du Sénégal. «On veut tous le développement, mais le développement ne saurait exister sans le capital et le travail. C’est pour cela qu’un pays normal doit être content de compter des milliardaires. Mais on dirait qu’ici on veut tirer tout le monde vers la pauvreté. La question que l’on devrait se poser c’est : quel est le destin d’un pays composé de pauvres. Soyons sérieux et travaillons à tirer notre pays vers le haut. Dans tous les pays du monde il y a des riches, des milliardaires quel que soit le secteur d’activité. Dans d’autres pays, les milliardaires qui sont en réalité les tenants du secteur privé national sont épaulés par l’État, qui leur donne des marchés et leur permet de développer leurs entreprises et recruter des jeunes pour travailler. Mais il ne doit pas être question de mettre des bâtons dans les roues de ces créateurs de richesses. Leur mettre des bâtons dans les roues, c’est jouer contre les intérêts du Sénégal parce que nous n’accéderons pas au développement sans un privé national fort», a-t-il encore déclaré.
«Dans ce pays à un niveau où être riche est un délit»
Enfin, il a souligné le rôle crucial de l'État dans la création d'emplois et l'amélioration des conditions de vie des citoyens, affirmant que le véritable progrès ne peut être atteint sans un soutien actif aux entrepreneurs et aux milliardaires nationaux. «Mais un privé national asphyxié par des impôts à n’en plus finir ne pourra rien faire et derrière c’est le pays qui va en pâtir. Tous les pays qui se sont développés dans ce monde sont des pays qui encouragent la création d’emplois et donc qui soutiennent leurs milliardaires. Cela est même décourageant pour les jeunes du pays que de savoir qu’ils n’ont aucune chance de devenir milliardaire un jour peu importe leurs parcours, leur intelligence, leur créativité. Cela est même contraire à l’Islam. Cette opposition qu’on veut faire entre l’islam et la richesse est tout sauf juste. Pourquoi un bon musulman ne devrait pas être milliardaire ?», questionne l’Imam Ndiour, déplorant qu’on en soit «arrivé dans ce pays à un niveau où être riche est un délit.»
Évoquant la situation économique difficile dans le pays, l’Imam laissera entendre que ce n’est que les conséquences d’une politique de tâtonnement. «Tout le monde déplore les difficultés économiques dans le pays. Mais qu’est-ce que vous voulez ? Que voulez-vous qu’il se passe dans un pays où l’État limoge en masse, ne fait rien dans la création d’emplois et envoie en prison ceux qui créent, qui sont prédisposés à ça. Dans un tel environnement notre pays n’ira nulle part. C’est le rôle de l’État de travailler à mettre les citoyens dans de bonnes conditions de vie», assure-t-il.
Sidy Djimby NDAO