Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) condamne vigoureusement la coupure du signal de la télévision Walfadjri. Selon le président Mamadou Ibra Kane, une telle décision met en péril l’emploi de plusieurs responsables de famille. Le Cdeps appelle donc le ministre de la Communication à revoir sa décision et l’invite également à respecter les principes de la liberté de la presse et de l'État de droit.
Les patrons de presse sont dans tous leurs états. La raison de leur courroux : la suspension du signal de Walf. «Le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) dénonce avec une vive indignation la suspension, pour 30 jours, de la diffusion des programmes du groupe de presse Walfadjri par le ministre de la Communication, des Télécommunications et de l'Économie numérique (Mcten). Cette mesure arbitraire et illégale constitue une atteinte grave à la liberté de la presse et à l'exercice pluriel de l'information dans notre pays», lit-on dans le communiqué.
Pour Mamadou Ibra Kane, cette décision du ministre n’est pas sans conséquence. D’autant que le vendredi 9 juin 2023, une note d’information de la Direction générale de Walfadjri a aussitôt annoncé «la mise en chômage technique de son personnel et la possibilité de licenciements collectifs pour motifs économiques, ce qui va ainsi plonger de nombreuses familles dans une grande précarité».
Pour le Cdeps, le Ministère a violé l’article 192 du Code de la presse. En effet, selon Mamadou Ibra Kane, il s’agit d’un abus de pouvoir. «Le Cdeps est attaché aux principes constitutionnels de la liberté d'informer, notamment la liberté de la presse, ainsi qu'au principe de la légalité de tout acte administratif, que le Mcten a allègrement violé. Dans aucun texte normatif au Sénégal, le Mcten n’a le droit de couper le signal d’une télévision. L’article 192 du Code de la presse énonce que l’autorité administrative compétente est gouverneur, préfet ou sous-préfet. En aucun cas, le Mcten ne peut s’arroger une compétence en dehors de la loi. C’est manifestement un abus de pouvoir. L’article 94 ne s’applique pas», écrit le président du Cdeps.
Qui poursuit : « l’illégalité est d’autant plus flagrante, que la décision du Mcten, prise et exécutée dès le jeudi 1er juin 2023, n’a été notifiée au Groupe Walf que le vendredi 9 juin 2023, en violation encore une fois de l’article 192 du Code la presse. Cela n’a pas empêché la société Télédiffusion du Sénégal (Tds-SA) de couper le signal de Walf Tv sans aucune décision légale dès le 1er juin et sans consultation de l’organe de régulation. Tous les diffuseurs (Tds-SA, Canal+ et Start Times) voient leur responsabilité totalement engagée dans l’application de cette décision inique et illégale. Tous ces actes illégaux vont à l'encontre des principes fondamentaux de l'État de droit et compromettent sérieusement la stabilité politique et sociale de notre pays ».
Cette mesure arbitraire, poursuit Mamadou Ibra Kane, intervient dans un contexte de précarité croissante des entreprises de presse, aggravée par la crise du Covid-19 et la guerre en Ukraine. Il appelle ainsi le ministre à revenir sur la décision. «Les médias sénégalais ont déjà été durement touchés par cette crise sanitaire et cette suspension de la diffusion des programmes de Walfadjri ne fait qu'ajouter à leurs difficultés, mettant en péril des investissements de plusieurs milliards, des emplois et la pérennité de tout un secteur vital pour la démocratie et l'information du Sénégal. Le Cdeps exhorte le Mcten à reconsidérer immédiatement sa décision de suspension et à respecter les principes de la liberté de la presse et de l'État de droit».
Khadidjatou D. GAYE












