Ayant écho que les villages avoisinant l'aéroport international Blaise Diagne de Diass allaient être déguerpis pour la construction d'infrastructures, les populations de Soune Sérère, Khessoukhat… se sont levées pour alerter. Elles demandent que les autorités aéroportuaires se limitent aux 4500 hectares qui leur ont été attribués et leur laissent leurs terres. A l'issue d'une conférence de presse qu’ils ont organisée samedi dernier, les villageois ont dit haut et fort que l'assiette foncière qu'ils occupent au sein de Diass leur appartient.
Le gouverneur de Thiès Amadou Moustapha Ndao et le Directeur général de l’Aibd Doudou Ka auraient annoncé que les populations des villages situés aux alentours de l’aéroport international Blaise Diagne (Aibd), dans les communes de Keur Moussa (Thiès) et de Diass (Mbour) allaient être déguerpies, puis indemnisées et recasées. Ce, pour des projets d’infrastructures hôtelières, de centre de maintenance des avions et d’école de formation dans le domaine de l’aviation. Mais les choses ne vont pas se passer comme ils le prévoient. En effet, les populations concernées sont prêtes à se battre pour sauver leurs terres. A cet effet, les populations de Soune Sérère et des villages environnants de Khessoukhat, Kathialite, Mbadate, Soune, Landou, Léene, Thiambokh etc. ont organisé le samedi dernier, 6 février, une conférence de presse pour dénoncer la spoliation de leurs terres par les autorités de l'aéroport International Blaise Diagne. L'un des porte-parole du jour, Moussa Ciss, a laissé entendre : «nous tenons à informer l’opinion d’une situation grave qui pourrait déboucher sur des conséquences incalculables, si nos droits fondamentaux devaient être violés. En effet, des informations en notre possession et des rumeurs persistantes font état de velléités d’expropriation des seules terres qui constituent aujourd’hui notre patrimoine unique, à nous générations adultes et à nos enfants et autres générations futures». M. Ciss d’indiquer qu'ils ont constaté amèrement que depuis un certain temps toutes leurs tentatives de jouir de leurs terres se heurtent à des oppositions de la part soit des autorités de l’Aibd, soit de certains services de l’Etat sans qu’aucune explication sérieuse ne leur soit servie. Toujours est-il que, selon lui, ils détiennent sur ces terres non seulement des droits coutumiers traditionnels, consolidés par la loi sur le Domaine national, mais également des actes administratifs qui consacrent l’affectation d’une superficie de 72 ha, 21a et de 51ca aux populations de Soune Sérère et d’une approbation du projet de lotissement pour la restructuration de leur village, comme il en est pour les autres villages.
Les populations de Soune Sérère, pour montrer leur légitimité sur ce foncier, ont assuré que leur propriété et leur souveraineté sur lesdites terres ne font l’ombre d’aucun doute. C’est ils alertent sur les risques de confrontations inévitables si des tentatives de spoliation et de confiscation de leurs terres arrivaient à se matérialiser. Ils disent être prêts à se battre jusqu’au dernier de leur souffle pour la préservation de leurs terres qui conditionnent leur survie. Aussi, ils tiennent à rappeler qu’ils ont déjà consenti d’énormes sacrifices en renonçant par civisme et esprit patriotique à d’importantes superficies qu’elles cultivaient jadis et pour lesquelles elles courent derrière une bonne partie des indemnisations qui leurs restent dues à ce jour.
L'un des représentants de l'un des villages, en l'occurrence Saliou Diouf, d’ajouter : «il faut nous laisser disposer des terres qui nous restent et qui nous appartiennent. Parce que l'assiette foncière dont l'aéroport avait besoin, nous la lui avons donnée. Personne n'a ni contesté ou encore moins déploré cela. Qu’ils nous laissent avec ce qui nous reste de nos terres». Le sieur Diouf, pour qui l'implantation de cet aéroport dans leur localité ne leur a rien apporté.
L'imam de Soune Sérère, Abdou Karim Pouye d’abonder dans le même sens «Sur les 4500 hectares qu'ils ont pris, ils n'ont pas encore pour le moment même construit sur 500 hectares. De ce fait, il leur reste une vaste étendue de terres de 4.000 hectares qui n’est pas encore exploitée. Tous les projets qu'ils ont l'intention de construire peuvent être contenus dans cet espace qui leur reste. On leur a donné toutes nos terres agricoles; nous leur demandons de nous laisser le peu qui nous reste», a soutenu l'imam du village. Qui poursuit : «lors d’une réunion, le gouverneur de Thiès et le Directeur de l'aéroport nous ont confié que le déguerpissement de Soune, entre autres villages de la localité, n'est que suppositions et rumeurs. Il nous a encore réitéré qu'ils n'ont besoin que de leurs 4500 hectares et rien de plus». L'imam de préciser que pour ces terres, c'est la délimitation qui pose problème, parce que jusqu'à présent, ils ne leur ont pas encore montré la borne des 4500 hectares qui leur ont été attribués. Le religieux a aussi affirmé que le Directeur de l'Aibd leur a confié que les 4500 hectares qui leur ont été octroyés se limitent vers le bassin qui se situe à côté l'aéroport. C'est, selon lui, ce qu'ils ont eu comme écho, mais on ne leur a encore rien dit. De ce, fait dit-il, ils ont l'intime conviction que l'espace qu'ils occupent n'en fait pas partie. En définitive, il a affirmé qu'ils n'ont encore reçu aucun acte administratif leur signifiant un quelconque déguerpissement. Ce sont juste des rumeurs qu'ils ont entendues.
Fatou D. DIONE
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