En confinement à New-York, juste après un séjour de trois mois au Sénégal, Souleymane Bachir Diagne a décrypté l’actualité de la pandémie du coronavirus en Afrique, en Europe et aux États-Unis, avec le Journal «Le Point». Se félicitant de la manière dont le chef de l’Etat sénégalais a pris les choses en main, il trouve que ce dernier a fait preuve de leadership. Ainsi, il pense que la manière de s’adresser aux citoyens à travers les guides religieux et le fait de voir la Kaaba fermée ont été déterminants dans la prise de conscience et l’acceptation des mesures.
Le Professeur donne un 20/20 à Macky Sall face à la crise sanitaire du Covid-19. «Au Sénégal, j'ai apprécié la réaction très rapide de Macky Sall : la fermeture des aéroports, la mise en place d'un couvre-feu etc.», soutient-il. Mieux, «la classe politique dans son ensemble a adhéré à ces mesures, parce que le Président sénégalais a reçu les grands leaders mais aussi les représentants des sociétés civiles pour les leur expliquer». Suffisant pour qu’il affirme que «c'est une belle leçon de leadership» qu’a donnée le président de la République.
«On se demandait si les confréries allaient faire le forcing»
Le philosophe a aussi magnifié la manière dont les chefs religieux et la masse des talibés ont été amenés à se conformer aux mesures. Rappelant que «la période était aux grands rassemblements dans le calendrier des confréries des Mourides et Tidianes (Kazu Rajab, Ziarra annuel…) et l'on se demandait si ces confréries, dont le poids social et politique compte beaucoup, allaient faire le forcing», l’enseignant à l’Université de Columbia note que «l'État a su donner des explications en s'adressant non pas à tel ou tel chef de confrérie, mais aux citoyens en eux». C’est ainsi, se réjouit-il, qu’on a pu faire comprendre aux populations qu’elles peuvent se reconnaître dans un guide religieux, mais celui-ci n'a pas à gérer une urgence sanitaire. En outre, il note un fait déterminant dans la prise de conscience et l’acceptation facile des mesures, notamment la fermeture des mosquées et la non célébration des évènements religieux. «Il faut dire aussi que les musulmans ont vu que La Mecque elle-même avait suspendu les circumambulations autour de la Kaaba, cet espace depuis toujours rempli de croyants. La Kaaba vide, cela marque les esprits», dit-il.
«Sur le plan économique, les conséquences seront très inquiétantes»
A propos des conséquences de la crise, Souleymane Bachir Diagne souligne que même si, pour le moment, le Sénégal et l’Afrique de manière générale semblent ne pas recevoir le plus dur de la crise, il «voit se profiler la famine». Déjà, il souligne que de son appartement new-yorkais, il observe «des spectacles incroyables : de très longues queues formées lors des distributions de repas pour les New-Yorkais, qui n'ont rien ou plus rien». Des dons possibles, précise-t-il, grâce à la philanthropie. Mais, prévient-il, cela n’augure rien de bon chez nous. «Cela signifie que ces spectacles, qui avaient disparu, d'enfants qui n'ont que la peau sur les os, on risque de les voir de nouveau. Sur le plan économique, la pandémie aura des conséquences très inquiétantes», conclut-il.
Mbaye THIANDOUM
Le Professeur donne un 20/20 à Macky Sall face à la crise sanitaire du Covid-19. «Au Sénégal, j'ai apprécié la réaction très rapide de Macky Sall : la fermeture des aéroports, la mise en place d'un couvre-feu etc.», soutient-il. Mieux, «la classe politique dans son ensemble a adhéré à ces mesures, parce que le Président sénégalais a reçu les grands leaders mais aussi les représentants des sociétés civiles pour les leur expliquer». Suffisant pour qu’il affirme que «c'est une belle leçon de leadership» qu’a donnée le président de la République.
«On se demandait si les confréries allaient faire le forcing»
Le philosophe a aussi magnifié la manière dont les chefs religieux et la masse des talibés ont été amenés à se conformer aux mesures. Rappelant que «la période était aux grands rassemblements dans le calendrier des confréries des Mourides et Tidianes (Kazu Rajab, Ziarra annuel…) et l'on se demandait si ces confréries, dont le poids social et politique compte beaucoup, allaient faire le forcing», l’enseignant à l’Université de Columbia note que «l'État a su donner des explications en s'adressant non pas à tel ou tel chef de confrérie, mais aux citoyens en eux». C’est ainsi, se réjouit-il, qu’on a pu faire comprendre aux populations qu’elles peuvent se reconnaître dans un guide religieux, mais celui-ci n'a pas à gérer une urgence sanitaire. En outre, il note un fait déterminant dans la prise de conscience et l’acceptation facile des mesures, notamment la fermeture des mosquées et la non célébration des évènements religieux. «Il faut dire aussi que les musulmans ont vu que La Mecque elle-même avait suspendu les circumambulations autour de la Kaaba, cet espace depuis toujours rempli de croyants. La Kaaba vide, cela marque les esprits», dit-il.
«Sur le plan économique, les conséquences seront très inquiétantes»
A propos des conséquences de la crise, Souleymane Bachir Diagne souligne que même si, pour le moment, le Sénégal et l’Afrique de manière générale semblent ne pas recevoir le plus dur de la crise, il «voit se profiler la famine». Déjà, il souligne que de son appartement new-yorkais, il observe «des spectacles incroyables : de très longues queues formées lors des distributions de repas pour les New-Yorkais, qui n'ont rien ou plus rien». Des dons possibles, précise-t-il, grâce à la philanthropie. Mais, prévient-il, cela n’augure rien de bon chez nous. «Cela signifie que ces spectacles, qui avaient disparu, d'enfants qui n'ont que la peau sur les os, on risque de les voir de nouveau. Sur le plan économique, la pandémie aura des conséquences très inquiétantes», conclut-il.
Mbaye THIANDOUM