
S'étant rendu au tribunal de Dakar pour trouver un avocat qui pourrait plaider la cause de l'un de ses élèves, détenu lors des manifestations du 16 mars dernier, le professeur de physique-chimie Oumar Diédhiou a fini par avoir une altercation avec un gendarme. Et finalement, il a été condamné hier à 3 mois de prison assortis du sursis pour outrage à agent et rébellion.
Après l'interpellation de l'un de ses élèves à l'issue des manifestations du 16 mars 2023 (jour du procès pour diffamation entre Mame Mbaye Niang et Ousmane Sonko), c'est au tour du professeur de physique-chimie, Oumar Diédhiou. Ce dernier, soucieux du sort de son élève, s'est rendu au tribunal de Dakar pour constituer conseil pour la défense de ses intérêts. Hélas, il a eu une altercation avec un gendarme, alors qu'il était accompagné d'un autre élève de sa classe. Ils ont ainsi fini par rejoindre l'écolier détenu, puisque les gendarmes les ont arrêtés avant qu'ils ne soient inculpés puis placés sous mandat de dépôt le 24 mars pour outrage à agent et rébellion.
À la barre des flagrants délits de Dakar où il a comparu hier, le professeur de l'école Lpa 14 des Parcelles Assainies a nié les faits. «Ce jour-là, j'étais venu au tribunal pour constituer un avocat pour le compte d'un de mes élèves, arrêté depuis les échauffourées du 16 mars dernier. J'étais à la cave, accompagné de quelques-uns de ses camarades, quand le gendarme est venu nous expulser tous. On était plusieurs à négocier devant la porte principale. J'étais en train de lui expliquer les motifs de ma présence quand il a fait appel à son supérieur. Ce dernier est venu et m'a directement empoigné. Je n'ai posé aucun acte de résistance. Des gens sont intervenus et il m'a amené dans leur bureau disant qu'il va me faire payer mon entêtement», dit-il.
Quand le procureur lui a confié que le gendarme a, sur procès-verbal soutenu qu'il l'a pris au collet, ce qui faisait que tous ses habits étaient chiffonnés, l’enseignant l’a formellement démenti, réitérant n'avoir fait aucune preuve de résistance.
Son élève, Ibrahima Sorry, poursuivi pour les mêmes faits, a lui aussi contesté. «Je suis venu avec mon professeur pour prêter main-forte à mon camarade maintenu dans les liens de la détention. Mais on nous a retenus à la porte. J'étais debout près de mon professeur et c'est pourquoi ce chef m'a conduit avec lui», a-t-il relaté.
Mais le gendarme Ousmane Pène est resté campé sur sa position. L'homme de tenue a indiqué qu'il y a eu une altercation entre son collègue et le professeur Diédhiou. C'est sur ces entrefaites que ce dernier l'a empoigné. «Ce jour-là, on m'a donné une consigne pour que personne n'accède à la cave. J'ai dit à Diédhiou qu'il ne pouvait pas y accéder, mais il ne m'écoutait pas. Il tentait ainsi d'entrer avec ses élèves. J'ai rendu compte au chef avant qu'ils n'aient cette altercation», a-t-il expliqué en confiant au procureur que le prévenu ne les a pas insultés.
Au final l'élève Ibrahima Sorry a été purement et simplement relaxé, contrairement à son professeur Oumar Diédhiou qui a écopé de 3 mois de prison assortis du sursis.
Fatou D. DIONE