L’ambassadeur de France est très remonté contre le sentiment antifrançais véhiculé par le mouvement Frapp/France dégage. «Ce mouvement m’attriste», indique Philippe Lalliot. A l’en croire, une telle appellation en France tomberait sous le coup de la loi. Il s’est également lancé dans la traque avec la police sénégalaise à ceux qui raflent la totalité des créneaux pour les revendre avec des pratiques frauduleuses.
Lors de cette conférence de presse de la Délégation de l’Union européenne, l’ambassadeur de France a été interpellé sur la délivrance des visas, notamment le temps assez long du traitement des dossiers de visas. «Nous sommes tous confrontés à cette difficulté de l’allongement de la durée pour le dépôt et l’instruction de demande de visas. La cause de cet engorgement des services de délivrance des visas est simplement liée à l’augmentation exponentielle des demandes de visas déposées dans nos services», explique l’ambassadeur. Qui poursuit : «avec la rentrée universitaire, il y a cette demande supplémentaire qui vient s’ajouter aux autres demandes. Cette année, cette demande particulière est de 11.000 demandes de visas contre 9 et 10.000 l’année dernière. Et ces 11.000 demandes doivent être traitées en un mois et demi», ajoute Philippe Lalliot Ce qui n’est pas, dit-il, une mauvaise nouvelle.
Fraude dans les créneaux de demandes de visas
Poursuivant, l’ambassadeur n’a pas manqué de déplorer des phénomènes anormaux voir frauduleux dans les créneaux de demande de visas. «Lorsque nous mettons en ligne des créneaux pour le dépôt de demandes de visas, ce n’est pas pour qu’ils soient vendus pour alimenter le fonds de commerce d’entreprises qui raflent ces créneaux et rendent impossible aux citoyens sénégalais l’accès au service consulaire en l’occurrence français», dénonce l’ambassadeur. Pour mettre un terme à ces pratiques, l’ambassade de France, dit-il, travaille avec les autorités sénégalaises pour trouver un moyen de desserrer cet étau et de surmonter cette difficulté qu’il y a à accéder au service consulaire. Pire, il révèle que cette pratique qui consiste à rafler la totalité des créneaux pour les revendre s’accompagne de pratiques frauduleuses dans la constitution des demandes de visas où l’on voit proliférer, dit-il, les faux tickets d’avion, les fausses réservations d’hôtel, les faux comptes bancaires, etc. «Sur ce point, il y a une très étroite collaboration avec les autorités notamment la police sénégalaise parce que c’est la condition pour que chacun puisse accéder à ces services et puisse déposer sa demande de visa», tranche l’ambassadeur.
Philippe Lalliot : «un mouvement comme Frapp/France dégage, ça m’attriste»
En outre, l’ambassadeur de France a donné son avis sur le sentiment antifrançais incarné par le mouvement Frapp/France dégage. «Si vous mettez un mouvement comme Frapp/France dégage, la première réflexion qui me vient à l’esprit, c’est que ça m’attriste ; parce que ce n’est pas ainsi que je conçois les relations entre deux grands pays qui se connaissent si bien et s’apprécient tant que sont le Sénégal et la France. C’est très éloigné de la manière dont nous concevons nos relations. Nous ne la concevons par sur le mode «du dégage», travaillons ensemble sur les défis auxquels nous sommes collectivement confrontés et qui sont graves et qui rendent nécessaires la coopération internationale. Je ne conçois pas les années qui viennent autrement que sur ce mode très fraternel, très amical, très chaleureux et c’est très éloigné du projet politique que porte un mouvement comme Frapp/France dégage», fait remarquer l’ambassadeur de France au Sénégal. Il ajoute qu’il n’imagine pas un mouvement qui s’appellerait Frapp/Sénégal dégage en France. «Cela tomberait sous le coup de la loi et ce serait tellement étranger aux relations que nous entretenons avec la communauté sénégalaise en France qui est très bien intégrée», martèle Philippe Lalliot.
Politique intérieure
S’agissant de la politique intérieure à l’approche des élections, le chef de la Délégation de l’Union Européenne n’a pas voulu s’épancher outre mesure. « La politique interne relève de la souveraineté nationale, mais nous sommes à l’écoute des acteurs et de la société civile. Le Sénégal est un pays ou l’exemplarité politique n’est plus à démontrer. C’est la plus ancienne démocratie d’Afrique avec l’introduction d’une démocratie multipartite dès 1981. Depuis lors, le Sénégal a pris des réformes régulières, inclusives, innovantes en matière de cadre juridique relatif aux élections ; un cadre juridique qui est solide et moderne », souligne Jean Marc Pisani.
M. CISS













