Surexploitation, persécution et discrimination,entre autres,sont les griefs de certains employés du Parc zoologique et forestier de Hann contre leur directeur. Craignant des représailles de la direction, certains d'entre eux nous ont approchéspour nous conter leur tumultueux quotidien dans le parc. De la cause du décès d’Abdoulaye Wade, mordu par un lion, aux nombreuses difficultés qu’ils rencontrent, ces derniersimputent tout au capitaine Sèye. Mis au courant, le directeur du parc réfute les accusations et regrette que des membres de son équipe usent des contrevérités contre lui.
Le capitaine MomarSèye dirige le Parc zoologique et forestier de Hann depuis bientôt deux ans. Mais, selon certains employés, le parc n’a jamais connu autant de difficultés. Selon ces derniers, il est vrai que le personnela toujours été confronté à beaucoup de problèmes, mais ce directeur actuelest le pire de tous. Évoquant le cas de leur collègue qui a été mordu par le lion, ils affirment qu’il est mort de chagrin à cause de l’attitude de la direction après l’accident.«Quand il a été mordu par le lion, la direction a voulu le renvoyer, mais,puisque l’affaire a été fortement médiatisée, il a été affecté à Louga avec sa blessure. Il a mis beaucoup de temps à guérir correctement. Il est mort de douleur et de chagrin», nous ont rapporté nos interlocuteurs.
Des salaires minables, dernièrement une antilope s’est échappée et…
Sur la question des salaires minables, nos sources soutiennent que les employés vivent une situation inhumaine, avec des salaires qui ne couvrent même pas le 1/3 de leur besoins. «Abdoulaye Wade devait normalement aller à la retraite ce mois-ci. Et pourtant,il avait toujours un salaire de 87.000 francs au moment de son décès. Qu’est-ce qu’on peut bien régler avec cette somme ici au Sénégal quand on a une famille à sa charge ? Et ceux qui osent protester se verront coller des sanctions de toutes sortes», fulminent-ils.
Ce qui les met véritablement en rogne, c’est de voircertains d’entre eux, produisant moins d’efforts, bénéficier de privilèges alors que leur situation empire de jour en jour. «La direction ne se cache même pas pour opérer sa discrimination. Des privilègessont octroyés à ceux qui acceptent de jouer aux larbinset ils sont propulsés au sommet et nous autres nous héritons des sanctions et ponctions sur nos misérables salaires», clament nos interlocuteurs.
A les en croire, la situation est certes difficile, mais ils essaient de la subir avec dignité et que leur combat n’a rien de personnel, ils veulent juste être traités comme des humains.«Le budget de la prise en charge médicale est à hauteur de 10 millions et pourtant ils ne dépensent même pas les 80.000. Nous estimons qu'au lieu de 50%, avec cet argent,nous pourrions être totalement couverts, d’autant plus que nous nous retrouvons régulièrement avec des blessures dans le cadre de notre travail», expliquent ces derniers.
Un autre point dont ils ont fait état, c’est l’insécurité, avec des animaux qui s’échappent des fois et qui se blessent ou mettent la vie des employés en danger. «Même les animaux n’échappent pas à l’insécurité qui sévit dans le parc. Récemment,une antilope a perdu l’une de ses cornes. L’animal s’est échappé et s’est mis à cogner toutce qui se trouvait sur son passage. Même les animaux sont stressés au parc Hann», disent-ils.
Capitaine MomarSèye : «ces diffamations viennent des personnes allergiques à la nouvelle organisation du parc»
Joint par téléphone, le directeur du Parc zoologique et forestier de Hann nie toutes les accusations et se désole que des membres de son équipe préfèrent colporter des contrevérités au lieu d’aller lui parler directement.«J’aurai bientôt deux ans au parc, mais je suis fier de tout ce qui a été accompli par notre équipe jusqu’ici. Vous n’avez qu’à venir faire un tour au parc, choisissez n’importe quel membre du personnelau hasard et demandez luisi je suis réellement cette personne dépeinte», a-t-il laissé entendre.
Pour le cas d’Abdoulaye Wade, l’employé mordu par le lion, le capitaine Sèye est catégorique. «Il est vraique j’avais demandé son départ ;donc il n’était plus agent du parc depuis juillet 2020. Mes raisons étaient valables aussi. Un agent qui agit de la sorte peut récidiver à n’importe quel moment et là ma responsabilité personnelle serait engagée», clarifie-t-il avant de préciser que tout ce qui a suivi après son affectation n’était pas de son ressort, puisqu’il n’a que les employés du parc sous sa responsabilité.
Par rapport aux salaires, le directeur du parc Hann jure que beaucoup d’entre eux ont vu leurs salaires connaître une hausse de 20%. «Tous les employés qui ont des salaires non conformes àleurs responsabilités ont eu 20% de plus sur leur salaire. Pour le reste, je leur ai demandé de me laisser un peu de temps pour améliorer leur situation par un rehaussement gradué de leur salaire», explique M. Sèye.
Sur le cas de l’antilope blessée, il reconnaît la blessure, mais précise : «l’animal ne s’est pas blessé en cognant dehors. En fait, c’est durant la nuit qu’il s’est blessé dans sa cage. Au réveil, nous avions constaté qu’il avait perdu l’une de ses cornes et le vétérinaire lui a administré une dose d'anesthésiemais malheureusement ce n’était pas suffisant. Il était alors un peu excité».
Ces diffamations viennent, selon lui, des personnes allergiques à la nouvelle organisation du parc. «Je ne peux pas m’abstenir à faire des choix,de peur qu’il y ait desmécontents. C’est ma responsabilité de faire régner l’ordre dans le parc. J’ai trouvé un laxisme extraordinaire à mon arrivée et j’y ai mis fin. J’estime simplement que les gens doivent faire ce pourquoi ils sont payés», conclut le capitaine Sèye.
NdèyeKhady DIOUF
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